Les deux plus grandes centrales syndicales des travailleurs du Mali, l’UNTM et la CSTM, étaient inaudibles depuis la grande grève de 48 heures, en 2014. Elles s’étaient tues comme des carpes face aux multiples grèves des syndicats de la Santé et ceux de l’Education, renvoyant ainsi un mauvais signal, celui de l’indifférence vis-à-vis de leurs camarades en détresse. Elles s’étaient enfermées dans une tour d’ivoire, alors qu’une grande partie des travailleurs, qu’ils sont censés défendre, subit la foudre des autorités. Ce n’est qu’après la formation du nouveau gouvernement, que Katilé et Guindo se seraient rendus compte de la mauvaise volonté des autorités face aux travailleurs en grève illimitée depuis plus d’un mois pour certains. Ni l’entrée au Gouvernement de l’adjoint de Katilé, Maouloud Ben Kattra, ni la présence du jeune frère de Hamadoun Amion Guindo, à savoir Housseini Amion Guindo, n’ont empêché les premiers responsables des deux syndicats, a monté au créneau. En effet, ils ont donné un ultimatum d’une semaine au gouvernement pour satisfaire les travailleurs en grève. Seront-ils entendus ? Qu’adviendra-t-il à l’expiration de l’ultimatum ?
Les grévistes n’avaient jamais compris le silence et l’indifférence des premiers responsables de deux grandes Centrales syndicales des travailleurs du Mali. C’est certainement après avoir eu écho de la colère noire des travailleurs grévistes, qu’ils ont décidé de monter sur leurs chevaux de bataille pour sommer le nouveau gouvernement de trouver très rapidement une issue favorable à la grave crise qui secoue l’Education et la Santé. La conférence de presse conjointe de l’UNTM et de la CSTM semble être le signe annonciateur d’un grand mouvement social que nul ne peut prédire l’issue. Il revient au nouveau gouvernement de mettre le paquet pour minimiser l’ampleur d’un éventuel mouvement populaire, en résolvant les plus pressantes revendications. Le réveil même tardif des premiers responsables de l’UNTM et de la CSTM, considérés à tort ou à raison par certains comme des collaborateurs du régime, est symptomatique d’un malaise social généralisé. Le nouveau gouvernement a désormais beaucoup de dossiers astreignants à diligenter pour sauver le régime IBK en proie aujourd’hui à toutes sortes de réclamations sociales. Yacouba Katilé, Secrétaire général de l’UNTM et Hamadoun Amion Guindo, celui de la CSTM, doivent écrire une nouvelle page de l’histoire du syndicalisme au Mali. Ils doivent suivre les traces de leurs prédécesseurs dont l’emblématique Bakary Karembé qui remit la lettre au Général Moussa Traoré lui demandant de démissionner de la Présidence de la République après tant de morts lors de la marche du 22 mars 1991. Comme pour dire que l’UNTM est restée longtemps une centrale avant-gardiste du combat pour l’avènement de la Démocratie et pour l’amélioration des conditions des travailleurs du Mali. En prenant fait et cause pour les syndicats en grève, les deux centrales semblent envoyer une alarme aux autorités pour qu’elles prennent à bras le corps les revendications des travailleurs de l’éducation et de la santé. Leur ultimatum qui expire aujourd’hui sera-t-il suivi d’actions ? Wait and See…
Youssouf Sissoko