Le douzième congrès ordinaire de l’UNTM a tenu toutes ses promesses d’incertitudes, de magouilles, de coups bas et de fuite en avant. Une véritable scène digne d’un film hollywoodien. En prélude au douzième congrès ordinaire de l’Union nationale des travailleurs du Mali et pour contrer la montée en puissance du bureau légal et légitime du Syntade (Syndicat national des travailleurs des administrations d’Etat), le bureau sortant de la centrale syndicale, dirigé par Siaka Diakité, a tenté le tout pour le tout : fabriquer de toutes pièces et en violation de tous les textes statutaires et réglementaires de sa structure un bureau parallèle et illégal du Syntade.
En réunissant à la hâte un collectif des quelques rares fidèles qui sont restés avec lui, Siaka Diakité a pu concocter, au cours du week-end dernier, un bureau qui s’est présenté à la réunion du Conseil central de l’Untm, ce samedi 15 mars, un bureau qui est dirigé par Mme Sidibé Dédéou Ousmane Traoré. Le but de la manœuvre étant d’amener le Syntade en rangs dispersés au congrès des 16 et 17 mars.
13 syndicats/9 ; 13 sections syndicales
Les membres du bureau parallèle ont tenté de composer avec le bureau légal une délégation consensuelle aux travaux, en raison de 4 délégués pour eux contre 3 pour le vrai syntade, le camp Katilé, élu légalement et légitimement en juin 2013 secrétaire général du syntade. Cette élection a occasionné un véritable feuilleton judiciaire. En effet, le camp Siaka Diakité ne voulant pas lâcher prise et céder les logos et bureau du syndicat, des actions judiciaires ont été intentées contre lui. Ainsi, d’actions en appels, six décisions de justice ont été rendues : toutes en faveur du nouveau bureau dirigé par Yacouba Katilé. Siaka Diakité a même été condamné à payer une astreinte pour avoir continué à usurper des titres et qualité qu’il n’avait plus, ayant été battu à la régulière par Yacouba Katilé au poste de secrétaire général du Syntade.
Samedi, selon plusieurs sources concordantes, l’ancien secrétaire général de l’Untm aurait accepté de s’engager à s’effacer de la scène à condition de ne pas être poursuivi pour des actes qu’on lui reproche dans sa gestion de la centrale syndicale. Mais une fois l’engagement établi, il aurait refusé de le signer. Selon une source, c’est parce qu’il avait déjà élaboré un autre plan. Etant parvenu à créer un bureau fantoche du Syntade, il aurait décidé d’opposer les deux bureaux de ce syndicat, de créer un litige aboutissant à l’exclusion du Syntade. En effet, si les travaux du Conseil ne se sont arrêtés qu’aux environs de minuit, devant reprendre le lendemain à la première heure, il n’en a rien été : président de séance, Siaka Diakité a pris les travaux en otage. Hier, vers 11H, les travaux n’ayant toujours pas repris, certains délégués étaient si excédés qu’ils ont demandé purement et simplement l’exclusion du Syntade et la poursuite des travaux. En fait, ce scénario était le plan B du secrétaire général sortant. Puisque même relégué au poste de secrétaire administratif de son bureau parallèle il ne peut se présenter, il faut mettre en avant un de ses pions. Ce dernier, Maouloud Ben Kattra, depuis quelques jours se prépare. Membre du bureau national du Snec (Syndicat national de l’enseignement et de la culture), originaire de la région de Tombouctou, veut jouer les premiers rôles. A cet effet, il aurait entrepris plusieurs délégués : « il n’y a plus de Syntade, soutenez-moi » Des délégués des régions du nord lui auraient conseillé de repasser une prochaine fois. Selon eux, d’abord l’homme aurait dû se déclarer depuis longtemps, après les avoir consultés, et ne pas attendre au dernier moment pour essayer de profiter d’une situation de cafouillage créée, en réalité, par celui pour lequel il roule depuis quelques mois. Au delà de toutes ces manœuvres, certains malveillants sont dans l’ombre et ne prônent que l’exclusion totale des deux bureaux du Syntade afin de se présenter.
A noter que si le conseil central décide d’exclure les deux bureaux du Syntade, l’épineuse question est de savoir quel bureau va sortir de ce congrès. Un congrès dans lequel il y aura un bureau national, un bureau de coordination de tous les secteurs et de tous les affiliés de l’union national des travailleurs du Mali au sein du quel 15 ou 18 sections nationales ne seront pas représentés ?
Par ailleurs, après l’ouverture officielle dudit congrès, par le Ministre du travail et des affaires sociales et humanitaires, Hamadoune Konaté, aux environs de 16 heures, les participants ont continué les discutions pour enfin prendre une décision relative au sort du Syntade.
Ibrahim M.GUEYE