L’opposition politique sursoit à sa marche pour raison de maladie du président de la République. La confédération syndicale marche pour manifester son exaspération. Depuis, les supputations vont bon train. Pour autant, ce sont là deux actes salutaires dont l’analyse doit permettre aux gouvernants de se tirer d’affaires pour la suite des événements.
L’élection du président IBK a suscité beaucoup d’espoirs pour le malien moyen pour diverses raisons non encore élucidées. Presque tous sont aujourd’hui déçus sans une raison plus valable. La faute incombe aux gouvernants.
Du Premier ministre Oumar Tatam Ly au vieux Modibo Kéïta, la communication demeure le goulot d’étranglement du pouvoir d’IBK. A la cellule de communication de la présidence, Racine Thiam y apporte une véritable révolution. Désormais, les journalistes se rendent à l’évidence de plus en plus qu’IBK mouille le maillot. Que font les ministres ?
Il faut tout de suite signaler que tous les budgets ont été réduits à la portion congrue. Un handicap qui doit permettre aux acteurs de montrer tout leur savoir-faire en faisant des prouesses. Rien ne se fait. Puisque seulement, une dizaine est à la hauteur, pour qui, peut-on tirer chapeau. Cette situation mi-figue mi-raisin, malgré des efforts inlassables du président IBK lui est préjudiciable. Parce que le peuple, au début n’a pas connu les réalités du pays. Il est resté dans un flou artistique qui ne dit pas son nom. Pourtant de sa prise de pouvoir à nos jours, IBK a toujours instruit aux ministres de communiquer. Ils restent statiques, fermés. Alors, les rumeurs, les critiques souvent plus qu’acerbes prennent le pas sur la vérité du terrain.
En effet, en sortant avec ses membres affiliés, la CSTM a été clair en disant ceci : “antorola”, nous souffrons. Le mot est lâché avec toute une kyrielle de griefs contre le pouvoir. Normal, puisque tout le monde souffre sans savoir les raisons de la souffrance. Est-ce que le pays bouge ? Que font-ils IBK, son PM et ses Ministres ?
Voici la réponse de la CSTM : “Nous, Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) et organisations alliées, organisons cette marche pacifique pour protester contre : le mépris du gouvernement dans le traitement du cahier de doléances de la CSTM ; les mauvaises conditions de vie et de travail des masses laborieuses ; le non respect des engagements pris par l’Etat, les multiples violations des lois, des conventions internationales ratifiées par le Mali, des droits humains et des libertés individuelles et collectives ; l’état de dégradation de la situation scolaire et de la santé, l’accaparement des terres et l’expropriation des paysans de leurs champs et même parfois de leurs villages ; les licenciements massifs et abusifs des travailleurs notamment dans le secteur des mines ; l’accroissement du taux de chômage des jeunes ; la cherté de la vie et la paupérisation galopante de la population pendant que les dirigeants vivant dans un lux insolent ; la gabegie, la corruption, le népotisme, le clientélisme, la discrimination qui ont atteint un niveau inquiétant et qui constituent aujourd’hui les piliers de la mauvaise gouvernance ; l’insécurité grandissante qui s’est étendue à l’ensemble du territoire ; la perte progressive d’une partie de la souveraineté du Mali, pour preuve la tenue du forum de Kidal sans l’Etat et la récente célébration de l’anniversaire de l’AZAWAD par la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad).”
DETRUIRE, PLUS FACILE QUE CONSTRUIRE
En héritant un Etat en totale déliquescence, IBK croyait aux hommes choisis. Peu à peu, ils vont être les bourreaux de son régime. Longtemps attentiste, il s’est vu obliger d’agir. Alors, il nettoie son cabinet, procède à un nettoyage du gouvernement. Malgré tout, il reste encore des brebis galeuses qui ne pensent qu’à la famille. Donc, le peuple souffre, va souffrir, et ne sait plus à quel saint se vouer. Même si la croissance est indiquée positive par les Institutions de Breton Woods. Ce qui signifie qu’il y a un bond en avant, que nous pouvons nous attendre à des lendemains meilleurs. Maintenant, la stratégie à adopter pour faire croire au peuple cette vérité. D’où le SG de la CSTM de dénoncer le silence coupable des autorités. Parce que rien n’est su, rien n’est entendu si ce n’est le bruit de la construction de nouvelles villas, l’achat de nouvelles voitures, la corruption, le népotisme, la gabegie, etc. Où allons-nous donc ?
Monsieur le président, la CSTM est un allié virtuel, qui mérite d’être écouté pour ensuite analyser ses propos. Seul gage pour se tirer de la gueule du loup. En reportant sa marche, l’opposition a joué le jeu politique. Cependant, elle ne saurait mieux dire que la CSTM même si les contextes diffèrent. Surtout que la presse ne rate aucune occasion pour monter au créneau avec les mêmes arguments (surfacturation, achat d’avion ou d’hélicoptère, rénovation de domicile, etc.)
Alors, avec cette sortie majestueuse, IBK doit pouvoir tirer des leçons. La première, qu’il sache que son Premier ministre est à bout de souffle, même si son départ est si proche (juin). Pourquoi ne pas anticiper ?
Deuxième leçon, se choisir des hommes de conviction capables de réaliser des prouesses avec le minimum. Troisièmement, rajeunir son écurie (gouvernement) en restant ferme. Quatrièmement, demander aux ministres de communiquer, communiquer et surtout autrement sans distinction de presse. Enfin que les ministres deviennent des hommes de terrain et non des bureaucrates.
Ayant presqu’accompli la moitié du chemin à parcourir avec la signature de l’accord et sa mise en œuvre, IBK peut bel et bien relever le défi. Il peut réussir son pari d’un Mali d’abord avec le bonheur des Maliens.
Boubacar DABO