Rencontre gouvernement / UNTM : Jusqu’où veut aller l’UNTM ?

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La liberté syndicale est un droit constitutionnel mais en faire un objet de chantage ça devient problématique. Le tout nouveau Premier ministre, M. Choguel Kokalla Maïga a tenu à aller à la rencontre de la société civile, des syndicats, des partis politiques et cela dans l’espoir de trouver un minimum de consensus autour des problèmes brûlants en vue de la réussite de la mission à lui confiée par le peuple malien à savoir la refondation de notre pays et l’organisation d’élections libres, inclusives, crédibles et acceptées de tous.

Si la rencontre avec les autres corporations lui a donné une lueur d’espoir, celle avec l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a laissé stupéfait plus d’un Malien. Les Maliens n’ont pas compris que celle qui aurait dû être une opportunité pour discuter de tous les problèmes du syndicat en vue de s’entendre sur l’essentiel pour éviter à notre pays qui vit un des moments les plus délicats de son histoire, une autre grève durant ce peu de temps qui reste de la transition, soit devenue une occasion de menace, voire du chantage de la part de celle qui est considérée comme la plus grande centrale syndicale. “Nous avons dit au Premier ministre, lors de la rencontre, qu’hier on nous avait sollicité pour faire partir un gouvernement qu’il sache qu’on peut nous solliciter aujourd’hui également pour le faire partir’’, dixit un responsable du syndicat sur une antenne de la place.

Ce que nous trouvons inquiétant et qui nous pousse à l’interrogation suivante: l’UNTM serait-elle devenue une arme de destruction massive des gouvernements plutôt qu’un syndicat défendant les intérêts matériels et moraux de ses militants ?

Une autre déclaration de son secrétaire aux revendications sur VOA bambara, ”Nous avions décidé une trêve de deux mois mais après avoir pris connaissance de la liste du gouvernement qui comporte des gens qui nous avaient combattu. Nous avons décidé de ne lui accorder que dix (10) pour trouver rapidement la solution à savoir l’harmonisation et les problèmes des travailleurs compressés, passé ces dix (10), nous allons prendre toutes nos responsabilités“.

Ce qui veut dire qu’une autre grève de la centrale est difficilement évitable car les syndicalistes eux-mêmes sont conscients que leur exigence ne peut être satisfaite dans ce délai. Alors l’on a droit de s’interroger jusqu’où compte-t-elle aller l’UNTM ?

Est- ce que c’est réfléchi de compromettre toute possibilité de compromis parce que vous avez des gens dans le gouvernement qui ne partagent pas votre point de vue?  L’UNTM roulerait-elle pour quelqu’un ou tout simplement parce qu’elle n’est du tout contente de la chute de l’ancien régime et qu’elle le veut faire payer à ses tombeurs en abusant de sa capacité de nuisance ?

En tout cas, ces différents agissements ne nous empêcheraient pas de penser ainsi. Car, de mémoire de Malien, jamais l’UNTM ne s’est montrée un va-t-en-guerre contre un régime fraîchement installé. Nous assistons à quelque chose qui n’a rien de pareil avec les évènements de 1991 qui a vu le renversement du régime de feu général Moussa Traoré.

Aujourd’hui, quand un syndicat s’interpose entre le gouvernement et un  autre syndicat, empêchant le premier à appliquer une loi de la République parce que celle-ci est en faveur du second et pire, s’il s’avise à sanctionner un gouvernement qui lui a désobéi “Nous avions demandé à Ibrahim Boubacar Kéita de ne pas appliquer l’article 39 et quand les militaires sont venus au pouvoir, nous leur avions fait la même mise en garde malgré tout s’ils se sont précipités à l’appliquer c’est qu’ils ont les moyens donc nous leur exigeons la même chose, au nom de justice sociale“, laissait entendre un haut responsable du syndicat.

Les Maliens ne peuvent s’empêcher de se demander si cela fait partie également du travail d’un syndicat. Le syndicat ne se noie-t-il pas dans ses propres contradictions ? Sinon comment comprendre que d’un côté, on cherche à empêcher un gouvernement à appliquer une loi de la République et de l’autre côté, on exige de ce dernier l’application d’un protocole d’accord ? Le protocole d’accord serait-il au-dessus de la loi?

En tout état de cause, il important voire nécessaire que la plus grande centrale syndicale comme on le dit, se ressaisisse pour ne peut pas que les émotions l’emportent sur la raison. On ne saurait gérer le devenir d’une nation entière par des émotions ou de ressentiment. Il faut qu’elle fasse preuve de raison que de cœur. Elle doit prendre conscience que derrière elle ce sont des millions de vie qui sont en jeu. Elle doit faire enfin preuve de beaucoup plus de responsabilité afin que cette grande capacité de mobilisation dont il fait montre ne se transforme en une véritable force de nuisance.

Daouda DOUMBIA

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