La section syndicale de la douane, tendance Katilé avait déposé le 14 juin dernier un préavis de grève de 48 heures qui devrait débuter le 29 juin. Le secrétaire général de l’autre syndicat affilié au SYNTADE s’était désolidarisé de ce mouvement de grève qu’il a considéré comme un désordre. Ladite grève a été empêchée dans la mesure où les autorités de tutelle n’en voulaient pas. Alors, il fallait négocier avec les gabelous qui n’entendaient reculer qu’après avoir obtenu satisfaction de leurs revendications.
Ces revendications, selon les responsables du syndicat de la douane affilié au SYNTADE, ne sont pas nouvelles; elles seraient une reprise de celles déjà déposées sur la table des autorités de tutelle il y a plusieurs mois. Par la suite, nous apprenons que le syndicat qui se préparait à aller à la grève a eu la satisfaction du plus grand nombre de ses revendications, soit 90 pour cent. Est-ce vrai?
LA COMMISSION DE BONS OFFICES ET LES REVENDICATIONS
En tout cas, en vue de parvenir à une telle conclusion, il a été mis en place une commission de bons offices composée des représentants au titre de la commission de bons offices, de l’Administration et de la section syndicale de la douane. Elle était présidée par M. Mamadou Lamine Diarra et avait pour rapporteur M. Hamèye Founé Mahalmadane. C’est par décision N°06-0635/MFPRERI-SG du 03 juillet 2006; rectifiée sous le N°06_0643/MFPRERI-SG du 04 juillet 2006 pour la prise en charge de la plate forme de revendications de la section syndicale de la douane, que la commission de bons offices a siégé les 3, 5, 6, 7 et 14 juillet 2006 dans la salle de conférences du ministère de la Fonction publique de la Réforme de l’Etat et des Relations avec les Institutions.
Au cours de ces travaux, la commission a examiné les différents points du cahier de charge au nombre de 16. Du côté de la section syndicale de la douane dirigée par M. Katilé et dont les revendications viennent d’être prises en compte, en tout cas par la commission de bons offices, on crie déjà victoire, estimant que la tendance Katilé, en un laps de temps, a réussi ce que l’autre syndicat n’a pu pendant plusieurs années. Au sujet de ces acquis, il y a beaucoup de questionnements.
DE LA POUDRE AUX YEUX?
En effet, la section syndicale affiliée au SYNTADE, selon certains de ses responsables, n’en est pas offusquée. Au contraire, ses animateurs pensent que ce que la tendance Katilé vient d’obtenir, c’est de la poudre aux yeux. Dans cette mouvance, il y a plusieurs explications et arguments. Déjà, il y a lieu de s’arrêter sur les différents points de revendication, de les analyser afin de savoir si elles sont différentes de celles déjà élaborées par le premier syndicat de la douane depuis septembre 2005. A ce sujet, il n’y a pas d’ambigüité, les revendications dont il est question avaient été majoritairement formulées par le syndicat de la douane. En outre, certains aspects attirent l’attention.
LES ASPECTS QUI SUSCITENT DES QUESTIONNEMENTS
En effet, parlant de la création d’une école de formation, on estime que la question ne se pose pas dans la mesure où il y a déjà un centre de formation et qu’il a été demandé de transformer ce centre en une école de formation. Il ressort que le centre de formation existait depuis plusieurs années (les années 60) et il a d’ailleurs servi à former les 300 jeunes recrutés à la douane il y a quelques années et qui revendiquent aujourd’hui la création d’une école de formation des douaniers. Au-delà de cet aspect spécifique, au niveau du statut particulier des douaniers, il se pose des problèmes structurels, selon les informations que nous avons recueillies. Il avait été question de l’intégration des préposés de douane, des chauffeurs et plantons. Mais il se trouve que cela pose problème dans la mesure où ceux-ci sont considérés comme des cadres de la catégorie D ; toute chose qui n’est pas prise en compte dans le cadre du statut général des fonctionnaires.
En plus, il reste à savoir si le corps de la douane fait partie des services qui, selon les lois en vigueur au Mali, peuvent bénéficier de statut particulier. Par rapport à l’alignement des douaniers qui servent au niveau des ports, cette question a déjà été réglée au moment où Dioncounda Traoré était ministre des Affaires Etrangères et Mahamane Touré Directeur de la douane. La dotation en uniforme, estime-t-on, est un acquis depuis au moins quatre ans. Aussi, l’aspect relatif à l’équipement du service est également considéré comme un acquis; à ce titre, on cite les efforts déployés dans le cadre de la construction de bâtiments et de la dotation en véhicules.
Par rapport à la mutuelle de la douane, la commission de bons offices a précisé que cette revendication ne peut s’adresser à l’administration. On apprend par ailleurs que c’est la section syndicale de la douane affiliée au SYNTADE qui a transformé le fonds social en mutuelle. Pour ce qui est de l’attribution des armes à chacun des douaniers, elle est jugée inopportune, dans la mesure où il y a déjà une dotation d’armes pour le service dont une partie a été utilisée un moment par l’armée. Pour certains douaniers, nul n’est besoin d’attribuer à chacun une arme. Les armes doivent être utilisées à l’occasion des missions commandées, ont-ils expliqué.
Somme toute, il est difficile d’affirmer que le syndicat dirigé par M. Yacouba Katilé a véritablement vu le bout du tunnel, tant les termes utilisés par la commission de bons offices n’augurent pas de l’assurance que tout marchera comme sur les roulettes par rapport à leur effectivité.
En effet, par rapport à l’essentiel des revendications, la commission de bons offices utilise les termes comme: recommande, prend acte, a noté, enregistré, a convenu que les textes soient formalisés. Quant à la commission de négociation, elle décide. Aussi, par rapport à la gestion des grèves, on a recours habituellement à la loi N° 87-47 du10 Août 1987. Tel n’a pas été le cas cette fois-ci; ne peut-on pas en déduire que cette loi a été violée? C’est elle qui indique la mise en place d’une commission de négociation dont les travaux sont sanctionnés par un PV de conciliation ou par un protocole d’accord. C’est là qu’on pense qu’il y a un faux-fuyant des pouvoirs publics qui ont dû mettre de la poudre aux yeux des syndicalistes.
Attendons simplement de voir l’évolution de la situation pour en avoir le coeur net.
Moussa SOW“