Nul ne pariait un copeck sur la réussite de la grève de l’UNTM. Affichant son mépris, vis-à-vis de l’équipe Katilé, le gouvernement a poussé le bouchon plus loin, en finançant des syndicats fantoches, pour faire échec à la grève de 48 heures, décrétée jeudi dernier par l’UNTM. Erreur.
Soutenue par tous les syndicats, ou presque, ce coup d’essai de l’équipe Katilé aura été un vrai coup de maître. Observée sur toute l’étendue du territoire national, cette grève aura été une réussite totale. C’est pourquoi, le Premier ministre, Moussa Mara s’est empressé de recevoir la délégation de l’UNTM dès jeudi. Objectif : briser la glace entre le gouvernement et la centrale syndicale. Qui s’apprêterait à remettre le couvert, si les négociations venaient, une fois de plus, à échouer.
Mais le pouvoir en place en a-t-il tiré les leçons, toutes les leçons ? On peut en douter. La réussite de cette grève traduit, d’abord, le raz-le bol général de nos concitoyens, face à la mal-gouvernance constatée dans tous les domaines. L’administration publique reste gangrénée par la corruption, le népotisme et le détournement impuni du dénier public. Partout, le même refrain : mange et tais-toi ; et s’il en reste, le pays pourrait en bénéficier.
Avant, c’étaient les civils qui faisaient les frais de l’insécurité dans notre pays ; mais quand ce sont des gendarmes et des policiers qui sont massacrés, par des bandits, en pleine rue et, pire, sous le regard impuissant des populations, il y a péril en la demeure.
Un an après l’investiture en grande pompe d’IBK, le bout du tunnel est loin. Très loin. Trop loin. Si, dans les régions de Tombouctou et de Gao on assiste à un retour relatif de la sécurité, le problème de Kidal reste entier. S’y ajoute la situation économique difficile dans laquelle se trouve notre pays, suite à la suspension, par les partenaires techniques et financiers, au lendemain de l’achat, jugé inopportun, du Boeing présidentiel. Conséquences : les caisses de l’Etat sont vides. Désespérément, vides.
Ensuite, la réussite de cette grève de 48 heures est la preuve que, ni les populations, ni les syndicats qui les représentent, ne font plus confiance à nos gouvernants.
Enfin, elle traduit la volonté, désormais affichée de nos concitoyens, de se mobiliser pour changer les choses. Et la grogne des opérateurs économiques, qui menacent à leur tour, d’observer une grève sur toute l’étendue du territoire national, n’est pas pour arranger les affaires du gouvernement.
Trop de frustrations, de colère se sont cristallisées dans les cœurs et dans les esprits. Au fil des semaines, des mois. Trop d’espoirs déçus, trop de désespoir accumulé.
Il est temps, grand temps, de désamorcer cette bombe. Auquel cas, le réveil risque d’être brutal. Si brutal, qu’il provoquera le vertige. Prévenir vaut, toujours, mieux que guerroyer……, pardon guérir.
Oumar Babi