Décidément l’assurance maladie obligatoire (AMO) a du plomb dans l’aile. En effet, cinq mois après sa mise en œuvre, elle fait face à un grand rejet de la part de certains syndicats qui dénoncent son caractère “obligatoire”. C’est ce qui explique la marche de protestation organisée hier par un collectif de syndicats qui est partie du siège de la CSTM à la Primature.
‘assurance maladie obligatoire est une réforme de la politique nationale de protection sociale dont la finalité est d’assurer une couverture sanitaire à l’ensemble des personnes résidant au Mali. Elle améliorera significativement l’accès aux soins de santé des fonctionnaires de l’Etat et des Collectivités, des militaires, des parlementaires, des travailleurs régis par le Code du travail, en activité et à la retraite, ainsi que leurs ayant-droits.
Selon les responsables syndicaux, outre son caractère obligatoire qu’ils trouvent désobligeant, le plateau technique offert est nul sans compter qu’entre le début du prélèvement et la prise en charge, il se passe six longs mois.
La marche de protestation d’hier est une suite logique à cette préoccupation. Partis du siège de la CSTM, les marcheurs sont venus à la Primature.
Là, les responsables de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (COSES), le Syndicat des greffiers et secrétaires de greffe et parquet (SGSP), le Syndicat libre des travailleurs des Affaires étrangères (SYLTAE) et la Section syndicale de la police nationale (SPN) ont été reçus par Makan Fily Dabo, Directeur de Cabinet de Mme le Premier ministre. Voici l’intégralité de la déclaration qu’ils ont lue : “Par cette marche pacifique, nous protestons et disons non à l’obligation de l’assurance maladie. Nous sommes dans un pays de droit et, au regard de ce droit, nos salaires et nos pensions nous appartiennent, ils ont un caractère sacré inviolable. L’obligation dans ce cas d’espèce est un abus, une agression qui relève d’un autre temps. Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres dans un pays dit démocratique, nous entendons librement choisir notre assurance maladie. Nous exigeons l’arrêt immédiat des prélèvements sur nos salaires et nos pensions d’une part et le remboursement des retenues opérées d’autre part. Excellence Mme le Premier ministre, cette marche pacifique de protestation est la première de tous les actes légitimes qui suivront pour recouvrer nos droits.Veuillez recevoir, Excellence Mme le Premier ministre l’expression de nos sentiments respectueux“.
Dans tous les cas, l’assurance maladie obligatoire risque d’être une patate chaude entre les mains de Mme le Premier ministre qui, moins de 24 heures après sa prise de fonction, fait face à une crise sociale.
De la gestion qu’elle en fera, nous nous ferons une religion de sa capacité à contenir les frondes sociales.
Diakaridia YOSSI