Réunis au sein d’un cadre de concertations, les trois principales sections syndicales de la justice entendent barrer la route à toute dérive. Mieux, les syndicalistes brandissent les revendications légitimes. Du coup, ils ont étalé sur la place publique les agissements du ministre de la justice.
A la faveur d’une conférence de presse, le syndicat libre de la magistrature, le syndicat autonome de la magistrature et le syndicat des greffiers, se sont prononcés sur des questions liées à plusieurs motifs de revendications des différents corps et le bras de fer engagé par le ministre de la justice garde des Sceaux.
C’est le président du Sam, Issa Traoré, qui a planté le décor en de termes très clairs: ‘‘Dans ce pays, on parle pour plaire, dire des contrevérités. Nous voulons parler avec honnêteté pour dire la vérité sur ce dont souffrent les magistrats et les acteurs de la justice. Nous sommes ici pour parler de la situation actuelle, s’insurger contre le traitement dégradant et humiliant réservés aux acteurs de la justice. Nous regrettons l’immixtion des gardes des sceaux dans les affaires de la justice. De ce fait, il s’agit, pour nous, de dénoncer l’attitude belliqueuse du ministre. Désormais, nous nous dressons contre tous ceux qui s’attaquent à notre corporation. Désormais, c’est coup sur coup. Nous avons la nette impression que le ministre de la justice est en train d’exécuter un programme et un plan pour massacrer la magistrature’’, a-t-il déclaré.
De son côté, le Secrétaire Général du Synag, Me Hadyia Djouma, dira qu’il s’agit, à travers cette sortie, de s’entretenir avec les journalistes au sortir des assises des différents syndicats. Mieux, il y a les revendications à mettre sur la table du gouvernement. Parmi les points, contenus dans le cahier de doléances, figurent la relecture du Statut du corps de greffiers, la matérialisation de la passerelle, l’allocation d’une indemnité de judicature, entre autres. Selon Djouma, il est question d’actualiser les revendications et que, dans les prochains jours, des négociations puissent être organisées avec le gouvernement. ‘’Il est de bon ton pour nous de redresser la barre. Nous étions les premiers à approcher le ministre de la justice pour entretenir des rapports féconds’’, dira-t-il.
Plus prolixe, le Président du Sylima, AdamaYoro Sidibé, expliquera la nouvelle donne dans le milieu judicaire: ‘’En syndicat responsable, nous avons décidé de sursoir à nos revendications au regard de la crise qu’a connu le pays. Maintenant qu’il y a pouvoir légal, ces revendications sont mises au gout du jour’’.
Au nombre de doléances, il y a le plan de carrière des magistrats, la composition du costume d’audiences, les modalités d’installation des chefs de juridiction et de parquet, les modalités de mise en œuvre du régime de la sécurité sociale des magistrats,…
Revendiquer, c’est que la loi donne
Selon Sidibé, c’est le moment de prendre les décrets d’application en relation avec la magistrature. Mieux, souligne-t-il, il faut intégrer au sein de la justice les évolutions du temps.
‘’Nous constatons que les textes sont contournés par le pouvoir, leur relecture ne doit pas se faire en catimini ou dans le brouhaha. Il faut éviter les pièges des débats désarticulés menés avec passion. S’il y a une relecture, que tous les acteurs de la justice soient associés. Les syndicats de la justice appellent à un véritable débat de fonds sur la relecture des textes’’, précise le Président du Sylima. Plus, il conclura: ‘’Le monde judicaire connait depuis l’arrivée de l’actuel ministre aux affaires du Garde des Sceaux une brusque montée de fièvre. On ne cesse de clamer qu’il s’agit là de la mise en œuvre d’une politique hardie de lutte contre l’impunité, la corruption et la mal gouvernance’’.
Avant de refaire remarquer amèrement cette avalanche des mots durs du ministre dans la presse contre les magistrats: ‘’Nous ne sommes pas d’accords avec les mandats décernés. Aucune des conditions n’est remplie pour décerner les mandats. D’ailleurs, la situation nous inquiète. Nous disons que le Garde des Sceaux ne respecte pas la présomption d’innocence’’.
Sur un autre registre, le Président du Sylima dit ne pas comprendre la non tenue à la date prévue de la cours d’assisses. Selon lui, le report des assises n’est que regrettable. ‘’Nous déplorons le discours à la va-t- en guerre du Garde des sceaux. Nous disons oui pour l’assainissement de la justice; mais, halte à la surveillance des magistrats demandée par le ministre de la justice’’, a conclu Adama Yoro Sidibé.
Au regard des enjeux et vu la pertinence des questions d’actualité, les trois syndicats ont créé un cadre de concertations, afin de défendre, au mieux, les acteurs de la justice.
Alpha M Cisse