Un accord de principe vient d”être donné par le gouvernement du Mali à l”Union Nationale des Travailleurs du Mali sur vingt points de revendication contenus dans un cahier de charges. En attendant de voir clair dans l”application effective de ces revendications, une question taraude l”esprit de beaucoup d”acteurs du monde syndical :le secteur privé malien profite-t-il de tout cet acquis ?rn
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L”Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) vient d”arracher un accord portant sur vingt points de revendications contenus dans un cahier de charges, cela après l”observance d”une grève de 48 heures suivie les 26 et 27 juin derniers, suivi un mois après d”une menace de préavis de grève de 72 heures. Les points de revendications ayant fait fait l”objet d”un accord entre les deux parties sont entre autres : l”avancement des fonctionnaires qui, à la veille de leur départ à la retraite, ont bénéficié au moins de la notation " Bon " ; le payement des arriérés de salaires, les indemnités de licenciement, les fonds de réinsertion et les droits des travailleurs des sociétés et entreprises d”Etat ainsi que le contenu de l”accord entre le gouvernement et l”Association des travailleurs partants volontaires à la retraite ; la baisse des tarifs de l”eau, d”électricité, de téléphone, des produits pharmaceutiques et des hydrocarbures ; la baisse des prix des produits de première nécessité à un seuil compatible avec les revenus des consommateurs ; la relecture du décret instituant le service minimum en cas de grève ; la diligence de la relecture des conventions collectives ; la publication du bilan de la privatisation ; du renforcement des mandats des responsables syndicaux en les protégeant contre certains abus : Transrail, Somapil, Graphic-Industrie, Betram-SA, Métal Soudan ; la révision de la contractualisation des emplois dans la fonction publique d”Etat et le réexamen de l”équilibre des corporations par catégorie (douanes, éducation, santé) ; l”octroi d”une subvention conséquente à l”UNTM ; la diminution de l”impôt sur les traitements et salaires (IST) ; l” augmentation du taux des allocations familiales ; l”octroi d”une indemnité de départ à la retraite à tous les travailleurs du secteur public, parapublic et privé ; la diligence des processus de privatisation de la Sotelma et l”application du plan stratégique de relance de l”ONP adopté par le gouvernement le 04 janvier 2006 ; la diligence de la réinstauration du fonds minier ; le renforcement et l”extension de la protection sociale à l”ensemble des travailleurs, la révision des politiques d”ajustement structurel en vue de leur adaptation réelle aux besoins du pays ; la révision des conditions de privatisation de la CMDT ; une augmentation générale de salaires aux travailleurs du secteur privé, parapublic et public ; et enfin l”élaboration au niveau tripartite d”un chronogramme de mise en œuvre de l”Agenda du travail décent.En voyant cette grande littérature, on a l”impression qu”avec la satisfaction de ce lot de revendications, le Mali pourrait être un eldorado pour les travailleurs. Aussi, quand on voit la grande campagne qui est organisée par le secrétaire général de l”UNTM, Siaka Diakité et ses compères pour embobiner tous les travailleurs dans les aventures de grèves, l”on croirait peut-être que ce sont tous les Maliens qui sont bénéficiaires des retombées.
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Mais ces points sont loin d”être profitables aux travailleurs évoluant dans le secteur privé. En effet, dans le secteur privé, il est connu de tous que les conventions interprofessionnelles sont loin d”être respectées partout au Mali. Le cas le plus frappant se trouve au niveau de l”Ecobank-Mali, où les droits fondamentaux tels que la liberté syndicale, le congé, ne sont pas respectés comme il se doit. Les meneurs de l”UNTM savent aussi que dans le privé, les accords d”établissements qui imposent des obligations à l”employeur vis-à-vis des employés, sont loin d”être respectés par les employeurs. Corvéables et taillables à merci, ils sont nombreux, les travailleurs qui ne bénéficient pas de jours de repos dans les normes ; ni de congés annuels ; encore moins sont affiliés à l”INPS.
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Pourtant, chaque fois qu”il y a négociation, on fait venir le Conseil National du Patronat du Mali, (CNPM) pour signer des accords qui ne seront jamais mis en œuvre au niveau de son secteur. Pour preuve, la convention portant régime de presse au Mali n”a jamais été et ne sera jamais appliquée, devant cette centrale impuissante.
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Tout comme chez les journalistes, beaucoup de conventions interprofessionnelles ou accords d”établissements ne trouvent d”autres destinations que les fond des tiroirs des employeurs.
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Dans certaines structures privées, même le SMIG, qui constitue le minimum, n”est pas garanti pour les travailleurs, lesquels n”ont que leurs yeux pour pleurer. Puisque la lutte ne profite qu”aux seuls travailleurs, pourquoi alors embobiner tout le monde dans ce cirque ?
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Abdoulaye Diakité
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