A la loupe : Coup d’essai, coup de maître

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Katile-untm
Katilé, SG de l’Untm

Effective les 21 et 22 aout derniers, la grève générale de la plus grande centrale syndicale du Mali a été une réussite presque totale dans le district de Bamako et les sept régions administratives (Kidal, quoiqu’on dise, n’étant toujours pas revenue dans le giron malien). Pourtant, ce débrayage aurait pu être évité si le gouvernement s’était donné la peine d’écouter Yacouba Katilé, secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali, et ses camarades lorsque ceux-ci, longtemps à l’avance, l’avaient invité au débat. De même, plusieurs jours auparavant, le préavis de grève avait été déposé sur la table des autorités, donnant le temps à celles-ci de l’analyser afin d’y apporter des réponses concrètes. Au lieu de cela, l’invitation au débat et le mémorandum de l’Untm ont été superbement ignorés, comme si le président IBK et le Premier ministre Moussa Mara avaient cru que Katilé et ses camarades n’iront jamais au bout de leur décision.

 

Il est vrai que par le passé, des mots d’ordre de grève ont été levés soit sous la pression soit contre espèces sonnantes et dangereusement trébuchantes. Mais cette fois-ci, les autorités sont passées à côté.

 

 

Une erreur d’appréciation aggravée par le fait que les représentants du gouvernement aux négociations ne s’étaient pas donnés la peine de chercher véritablement une solution aux problèmes posés par les syndicalistes. Selon ceux-ci, des points de revendication  portant essentiellement sur l’amélioration des conditions financières et matérielles des travailleurs n’ont même pas fait l’objet de discussion, parce que le gouvernement ne voulait rien entendre ni savoir sur ces questions. Il s’agit du relèvement du point d’indice des salaires, de l’amélioration du Smig, de la baisse de l’impôt sur les traitements et salaires, de la revalorisation des allocations familiales, de la diminution des prix de l’eau et de l’électricité. A rappeler que sur ce dernier point, le gouvernement s’était engagé dans un protocole d’accord signé en 2011 entre lui et l’Untm à réduire les coûts de l’eau et de l’électricité. Il s’est ensuite dédit et, pire, a fait plus tard le contraire de ce qu’il avait promis.

 

 

Compte tenu de l’importance de ces revendications non prises sérieusement en compte par les autorités, la grève de la centrale syndicale ne pouvait donc que réussir. Il faut maintenant faire le bilan de ces quarante-huit heures de paralysie de l’administration et de l’économie.

 

 

Un bémol, cependant

Si le secteur informel n’a pas suspendu ses activités, l’économie nationale a bien senti la bourrasque. En l’absence de toute véritable évaluation, il faut relever qu’à part une seule banque, qui serait affiliée à la Cstm, l’autre centrale syndicale, tous les autres établissements bancaires sont restés fermés pendant ces deux jours de grève, de même que les services de l’assiette financière.  Les douaniers, principaux pourvoyeurs du trésor public en recettes, ont suivi le mot d’ordre de grève à 100% le deuxième jour.

 

Les importations, donc l’approvisionnement du pays, ont connu un coup d’arrêt, des centaines de camions étant restés bloqués aux portes de Bamako et des grandes villes du pays. Au ministère de l’économie et des finances, dont les principaux responsables devaient assurer le service minimum afin d’évaluer les dégâts et chercher les moyens de les réparer, les bureaux sont restés vides. Même la ministre, aux dires d’un travailleur de ce département, n’aurait pas jugé nécessaire de faire le déplacement. A l’Ortm, organe d’Etat fortement soumis à l’influence du gouvernement, c’était le service minimum et rien de plus.

 

 

Pour tenter de circonscrire le mal et sauver quelque peu la face, les autorités ont trouvé une parade. Aux travailleurs de l’EDM (Energie du Mali), des esprits malsains ont fait croire que si le point de revendication portant sur la réduction des prix de l’électricité était satisfait par l’Etat, beaucoup d’entre eux se retrouveraient au chômage, victimes de licenciement économique, faute de revenus pour payer leurs salaires. Aux agents de la Somagep (Société malienne de gestion de l’eau potable), d’autres esprits malsains ont fait croire que si jamais ils suivaient le mot d’ordre de grève, ils ne bénéficieront plus de la réduction sur leurs factures. Conséquence de ces manœuvres : les travailleurs de l’EDM et de la Somagep n’ont pas suivi le mouvement général. Mais la conséquence c’est aussi le constat que les nouvelles autorités ne reculent devant rien et sont capables de tout : mensonge, chantage, déni du droit de grève constitutionnellement reconnu.

 

 

De plus, dans le cercle présidentiel, on excelle dans le dénigrement, le dilatoire, la diffamation et la désinformation. Dans l’insulte et la grossièreté également notamment quand les amis du président traitent d’aigri ou de « hasiri » le citoyen consciencieux qui s’inquiète légitimement de la mauvaise tournure que prennent les événements.

 

Les autorités elles-mêmes pourraient être rapidement dépassées par ces événements parce que l’Untm a déjà le soutien de la Cstm et de certains syndicats autonomes et libres.

 

Cheick TANDINA

 

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Merci aux travailleurs et à l’UNTM

    Après un an de scandaleuse gabegie financière, d’indécentes promotions familiales sur les ressources de l’État et d’immobilisme paralysant face aux préoccupations quotidiennes des maliens, merci à l’UNTM et aux travailleurs du Mali de sonner la fin de la recréation chez nous.

    La crise que nous traversons au Mali n’est pas un rocher de Sisyphe, elle peut bien être jugulée par le peuple malien.

    Mais ce qui bloque notre nation, c’est une gouvernance médiocre du régime IBK-Mara qui a tourné le dos aux préoccupations de millions de maliens pour s’adonner à un fantasme égoïste et insatiable de spoliation des biens de notre État.

    Avion par ci, motos par la, milliards par ci, milliards par la.

    Comme si le bien public tombait du ciel alors qu’il est la résultante de l’effort et du sacrifice de valeureux travailleurs qui ne résignent jamais d’aller au labeur au service de ce pays.

    Ceux qui ont pris les armes contre notre nation et qui surenchérissent par dessus bord les capitales étrangères pour tenter de saucissonner notre territoire, profitent de cette irresponsabilité manifeste de gouvernance pour nous maintenir dans la tourmente.

    Ouaga par ci, Alger par la!

    Parce que la mauvaise gouvernance a préféré un vieux Boeing 737 et des motos d’apparat pour un président voyageur inutile à des avions de chasse pour une armée combattante pour une cause noble.

    Parce que la garde rapprochée de cette mauvaise gouvernance n’y va pas avec le dos de la cuillère pour traiter notre nation, meurtrie dans son âme d”‘aigri”, d”‘hypocrite”, de “jaloux” et de “méchant” pour le simple fait qu’elle a une aversion totale de leur nullité crasse.

    Un tweet par ci et un article nauséabond de presse par la!

    Parce que la petite main “primaturienne” de cette mauvaise gouvernance est passée maître dans l’art de mentir, sans vergogne, à notre peuple.

    Que personne ne nous fait plus confiance, même pas le FMI, pourtant porte-étendard d’une communauté internationale qui nous a promis, la main sur le cœur, 3,2 charmants milliards d’euros, il y a juste un an.

    Dans le pénombre de ce brouhaha de “Je mens donc je suis” du régime IBK, ceux qui se lèvent tôt le matin et rentrent tard le soir, souvent sous la pluie diluvienne ou sous les tempêtes de sable mais toujours au service de cette nation, sont encore réduits à compter les sous pour nourrir ou soigner leurs familles si jamais ils y parviennent.

    Au même moment nos adeptes du luxe clinquant et insolent dansent le “Youri Yari” dans les palais et palaces à travers le monde entier, aux frais de ces mêmes travailleurs et contribuables maliens.

    Et pour quel résultat mes chers compatriotes?

    Les voyous armés du Mnla dansent la samba à quelques encablures de Gao et Tombouctou, après avoir bouffé Kidal à gorge déployée en une journée du 21 mai 2014.

    La gouvernance responsable est une gouvernance de vérité et une gouvernance de résultat.

    Du moment où IBK et son gouvernement échouent à sécuriser nos villes et à soulager les souffrances de nos compatriotes, ils n’ont aucun droit à dilapider nos sous, sous aucun prétexte.

    Eh oui monsieur le ministre du travail, quand il y a crise, il doit y avoir crise pour tout le monde et non pas seulement pour les pauvres mais braves travailleurs du Mali.

    Merci encore à l’UNTM et grand merci aux braves travailleurs du Mali de sonner la fin de cette ignoble recréation gouvernementale.

    J’espère très sincèrement que votre cri de cœur et de détresse (au prix malheureusement d’un effet collatéral énorme pour la nation) ne tombera pas dans une sourde oreille et que le Mali se guérira de sa gouvernance chaotique et d’échec (qui abat une chape de plomb sur l’avenir de 15 millions de maliens) avant qu’il ne soit trop tard.

    Wa salam!

  2. Le traumatisme

    Si un peuple sent, dans sa chair, les conséquences néfastes de la mal gouvernance en Afrique c’est certainement le peuple malien.

    Éprouvé par deux longues années de crises sécuritaires et institutionnelles qui ont mis en lumière les tares de son mode de gouvernance des 48 dernières années, le peuple malien n’est pas encore sorti de l’ornière, loin s’en faut.

    Le retour à l’ordre constitutionnel normal qui marqua en fin août 2013, le grand retour du pays dans le chemin de l’apprentissage de la démocratie pluraliste, a suscité de large espoir dans le pays comme à l’étranger.

    Mais le régime IBK qui nait de cet espoir s’est avéré être plus médiocre que ses prédécesseurs dans la recherche des solutions aux problèmes du pays.

    Pire, il s’est adonné à des pratiques dignes de Bokassa ou de Mobutu au sommet d’un l’État malade et a laissé dans l’agonie un pays qui manque de tout.

    Si tu sais que tu es faible tu te protèges et tu agit en circonstance.

    Mais si tu ne sais pas que tu es faible, tu t’exposes et tu t’affaiblis davantage.

    C’est le désormais triste sort de notre pays, malheureusement!

    Le gaspillage à ciel ouvert de l’argent public depuis un an, a tarit les caisses de l’État, sapé la confiance des partenaires (financiers et sociaux) et fragilisé davantage nos institutions (l’armée en occurrence qui n’a reçu aucun moyen aérien alors que tout le monde sait qu’elle en avait besoin au nord).

    C’est un État affaibli au maximum qu’Oumar Tatam Ly a laissé car obligé de ne plus cautionner des pratiques indignes au sommet de l’État malien.

    C’est cet État affaibli que Mara a repris, mais au lieu d’être sincère avec les maliens, il a cru bon de leur mentir et de leur faire croire qu’il est fort et puissant et qu’il peut en faire qu’à sa tête.

    1. “De véritables bandits ont endetté ce pays”;

    2. “Avec les armes qu’on a, nous pouvons faire de Kidal, ce que nous voulons”.

    3. “N’tè, ntita yôrôssi”

    Voilà trois de ses sorties malencontreuses et malavisées qui ont enflammé le pays en mai 2014, sur fond de mensonges d’État, de suffisance de dirigeants imbus de leurs personnes.

    “Tiôo Bélé Bélé”!

    Et quand l’échec survint plus que prévu pour nos champions de “Talk and Talk”, c’est à l’armée qu’ils jettent l’opprobre pour s’en laver les mains et les pieds d’une bérézina dont ils sont les seuls à enfanter en république du Mali.

    “Onron ya guèlèyara Mandé”!

    Alors la communication approximative d’une présidence voyageur et dormeuse s’en mêle les pinceaux, j’allais dire les tweets, jusqu’à qualifier nos compatriotes “d’aigris”!

    “Eh Alla den”!

    “Ki i ka wôri ta, ko o do pan kourou kôrôla, katila kafô ki ye Aigri yé”

    “Ne dabali bè ban na”

    Et voilà que le pays est complément désarmé face aux voyous armés qui dansent le “Youri Yari” partout au nord de notre pays.

    “Da wili là, Son Kalan mayé”!

    Que faire?

    Les adeptes du luxe clinquant et insolent au sommet de notre État, ne savent plus.

    “Mandé tiqui Lou ko, Môgôtè sé, Alla ye Sé”!

    Donc ils ont entamé des concertations avec la classe politique (jusque la méprisée par le régime IBK) et la société civile (jusqu’à la ignorée également par le même régime dans tous les dossiers brûlants du pays).

    “Kabako djidani”!

    Et ils se sont lancés, à corps perdu et pieds et mains liés, dans une hypothétique négociation inter maliens à Alger.

    “Eh Alla den”!

    De quoi s’agit-il?

    Il ne s’agit ni plus ni moins qu’une capitulation face à ceux-la mêmes qui ont pris les armes pour attaquer notre pays gratuitement, dans son septentrion, sachant très bien que nos dirigeants ont négligé notre armée.

    “Kèlè sera so kôfè Ka dan”!

    Qu’est-ce qu’ils veulent alors?

    Ils veulent une indépendance des trois régions nord de notre pays c’est à dire Tombouctou, Gao et Kidal, qu’ils enveloppent sous le vocable AUTONOMIE pour faire diversion et ne pas éveiller les soupçons de la communauté internationale qui pour l’instant est attachée inconditionnellement à l’intégrité territoriale du Mali.

    “Eh Massa Alla”!

    Que fait le gouvernement IBK?

    Il s’appuie sur une décentralisation poussée des régions du nord qui n’est autre chose que l’autonomie de gestion dans un État un et indivisible et espère ainsi faire plier les groupes armés indépendantistes à renoncer à leur projet sécessionniste du nord de notre pays.

    “Patissakana”!

    Quels sont les moyens du régime IBK?

    Ce n’est pas grand chose.

    Ces moyens humains sont limités et à force de gaspiller nos sous et de s’embrouiller avec tous ses partenaires, il est réduit à augmenter les taxes douanières et à endetter le pays sur les marchés financiers plus chèrement que d’habitude.

    “I kana ni fô nyé ko”
    “Alla kana an malo”

    Cela va t-il suffire?

    Non malheureusement, il nous faut revigorer et très vite notre diplomatie, pour tuer dans l’œuf toute chance de velléités sécessionnistes et de mettre sur place des forces de combat alternatives à l’armée malienne au nord si jamais on ne peut pas l’équiper et l’entraîner convenablement à très très court terme.

    “Koutoubouyé”!

    Et le régime IBK est-il conscient de cela?

    Malheureusement non, il est aussi perdu dans sa mauvaise gouvernance que le citoyen lamba au Mali entre résignations et courbure d’échine face aux voyous armés du nord.

    C’est le traumatisme total dans le pays, le Black-out!

    Ils ne savent plus où ils en sont car ils n’ont ni vision, ni méthode et leurs moyens sont extrêmement limités et leurs capacités de les employer à bon escient sont infiniment petites.

    “Nma gnogon ko yé”!

    Et qu’est-ce qui peut leurs aider?

    Il leur faut des personnes ressources de large envergure dans le pays comme hors du pays pour activer tous les canaux diplomatiques possibles dans le but de discréditer et de décapiter (à l’extrême) par tous les moyens toutes les capacités de nuisances des groupes armés qui écument le nord de notre pays.

    Le plus tôt est le mieux!

    Wa salam!

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