Journée internationale du travail : L’Untm annonce le dépôt d’un nouveau cahier de doléances

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Le Sg Yacouba Katilé lors du défilé du 1er mai

À l’instar des autres pays de la communauté internationale, le Mali a célébré dimanche dernier, 1er mai 2016, la fête du travail. Elle a été marquée par un grand défilé sur le Boulevard de l’indépendance. Placé sous l’égide du ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raki Talla, cet événement a enregistré la présence des ministres de la Justice et des Droits de l’Homme, Mme Sanogo Aminata Mallé ; de l’Enseignement supérieur, Me Mountaga Tall ; du Secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), Yacouba Katilé.

 

Ce défilé, soulignons-le, a été à la hauteur des attentes de l’Untm. Sur les banderoles, panneaux et autres supports, les messages qu’on pouvait lire portaient, entre autres, sur l’emploi des jeunes filles mineures, la limitation des heures de travail pour les travailleurs domestiques, la protection des enfants et des femmes à travers la planification familiale, l’accès à l’eau et à l’énergie, l’intégration des enseignants communautaires et des medersas dans la Fonction publique, le respect des droits syndicaux, la nécessité d’un plan de carrière pour les travailleurs.

 

Dans son discours, le Secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé, a abordé tous les aspects ayant trait à son organisation et à la situation socio-politique et économique qui prévaut actuellement dans notre pays. Selon lui,  la classe politique, à travers des confrontations stériles, peine à trouver des solutions au chômage des jeunes, à la situation de l’école malienne, à la santé déclinante pour la majorité des Maliens due au manque d’énergie et d’eau potable.

 

«L’Untm n’entend pas s’arc-bouter derrière les acquis découlant des dernières négociations, car le bureau exécutif constate une extrême lenteur injustifiée, imprimée à l’extinction définitive des revendications du préavis de grève de 2011 et de 2014. De la compression des travailleurs de certaines sociétés, en passant par les partants volontaires qui attendent toujours et les conventions de nombreuses corporations. La révision des contrats miniers dont le caractère ‘’antipatriotique’’ étouffe nos compatriotes et ‘’les atermoiements, insuffisances et humiliations qui accompagnent’’ la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, ne font qu’aggraver ces constats», a déploré le patron de l’Untm. Saluant le dynamisme du monde syndical dans la défense des intérêts des travailleurs qui sont généralement assujettis à la pauvreté et à la pénibilité du travail, le patron de l’Untm a révélé qu’un nouveau cahier de doléances sera déposé sur la table du gouvernement.

Rappelons que des négociations ont été ouvertes depuis fin juillet-début août 2014 entre l’Untm, le gouvernement et le Cnpm. Des négociations qui ont abouti à la signature d’un procès-verbal le 28 octobre 2014 et qui tournaient autour de 17 points dont certains sont hérités de l’ancien bureau qui les défendait depuis 2011.

 

Parlant des points d’accord en souffrance, le Secrétaire général a mis l’accent sur la diminution de l’Impôt sur les traitements et salaires (Its) qui a fait l’objet de travaux dans une commission mixte qui devait fixer le taux avec une prise d’effet à partir du 1er juillet 2015. «Aujourd’hui, une loi a été votée pour diminuer l’Its de 8%, mais son application fait toujours défaut. Dans ce cas, son application étant une obligation, elle doit être accompagnée de paiements de rappels pour soulager les travailleurs du secteur privé», a déclaré Yacouba Katilé.

 

Concernant la modernisation et la sécurisation de l’administration générale à travers des moyens logistiques, techniques, humains et financiers, qui sont le point 6 des revendications, l’Untm ne souhaite pas envoyer des cadres à la boucherie dans les régions comme Kidal où des chefs de familles innocents ont trouvé la mort. Pour ce qui est de la convention des chauffeurs routiers, une Commission est à pied d’œuvre et le retard pris incombe légèrement aux syndicalistes. Pour preuve, la suspension actuelle des travaux de la Commission est à leur demande.

 

Au sujet de la baisse du prix des loyers des maisons à usage d’habitation, malgré la loi N°2015-036 du 1er juillet 2015 qui affirme assurer la protection du consommateur, cela n’a aucun impact sur le terrain ; donc, il y a une violation flagrante d’un accord. S’agissant du point 10 portant sur la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, une revendication vieille de près de dix ans, il était convenu qu’une rencontre ait lieu le 10 avril 2015 pour fixer les nouveaux tarifs d’eau et d’électricité. «Ce délai est dépassé sans qu’aucune réunion ne soit tenue. Ce volet fait aujourd’hui l’objet d’un traitement par la Commission de Régulation de l’Electricité et de l’Eau (CREE) et les conclusions qui en résulteront n’engageront pas l’Untm», a déclaré le Secrétaire général Katilé.

 

Quant à la maîtrise des prix des produits de première nécessité, le gouvernement est encore dans des considérations bureaucratiques au moment où les Maliens n’ont plus le minimum vital. Plus grave, le gouvernement ne prévoit la faisabilité de cette revendication hautement sociale qu’en décembre 2016, a noté Yacouba Katilé.

 

Concernant la relecture des contrats miniers, l’Untm a souhaité prendre part aux travaux des Commissions qui seront mises en place pour le diagnostic du secteur minier. Elle a souhaité même participer à l’élaboration des termes de référence et au suivi de cette revendication. Pour le point 17 sur la participation des travailleurs aux conseils d’administration des entreprises privées et parapubliques, la mesure semble être acquise, mais pour le secteur privé, le gouvernement s’est engagé à créer une Commission tripartite, constate-t-on à l’Untm.

 

Prenant la parole, le ministre du Travail, de la Fonction publique et Chargée des relations avec les Institutions, Mme Diarra Raki Talla, a salué l’esprit de dialogue et de consensus dont a fait montre le bureau exécutif de l’Untm, en tant que partenaire social pour le gouvernement. Parlant des lenteurs décriées dans l’exécution de certains acquis syndicaux, Mme Diarra Raki Talla a assuré qu’une diligence sera accordée à l’extinction définitive des revendications des préavis de grève de 2011 et de 2014, et a renouvelé à l’Untm sa disponibilité pour les futures négociations.

Bruno E. LOMA

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