Guerre ouverte entre compresses et gouvernement : Les victimes du PAS projettent une marche de protestation monstre le 7 avril prochain

0

C’était un spectacle réconfortant pour beaucoup, de voir la Bourse du travail à Bamako Coura prise d’assaut, comme au bon vieux temps, par les compagnons de lutte de l’Association des travailleurs compressés du Mali (ATCM) et de l’Union des travailleurs compressés (UTCM). Ils étaient tous-là, ce jeudi 19 mars 2015, les rescapés de précarité, de la misère, les marginaux laissés pour compte par l’Etat, « les oubliés de la République démocratique », à leur assemblée générale extraordinaire. Pour relever encore une fois le défi de la marginalisation et de l’indifférence des gouvernants envers leur destin. Leur cruel sort a été décrit par Ousmane Berthé, président de l’ATCM et Cheick Oumar Sissoko, le secrétaire général de l’UNTCM et des témoignages poignants. C’est la rage au ventre qu’ils ont décidé finalement de marcher le 7 avril prochain, avec leurs femmes et enfants éprouvés,  contre l’injustice, de manière unanime pour réclamer leurs droits au régime.

Depuis plus de 20 mois que le président Ibrahim Boubacar Kéïta est au pouvoir, les travailleurs compressés du Mali se sentent de plus en plus esseulés, trahis par les autorités actuelles, dont certains représentants leur avaient pourtant promis monts et merveilles à l’orée de l’élection présidentielle de 2013, s’ils apportaient leur soutien à leur candidat. C’est ainsi que les 50.000 ou ayants-droit eurent à sillonner le pays profond, pour apporter la bonne parole du Kankélétigui. IBK fut plébiscité par le peuple. Les compressés du Mali y furent pour beaucoup.

Ils pensaient bénéficier de plus de compréhension et de compassion sous son magistère, à la différence des régimes précédents qui les ont trimballés depuis la transition démocratique de 1991, pendant  plus de 23 ans.  Le paiement des  droits des 50.000 compressés du Mali n’est pourtant pas la mer à boire. Cela  a été prouvé par les pays voisins soumis au même programme d’ajustement structurel, dont tous les travailleurs compressés ont été sans exception remis dans leurs droits.

C’est donc pendant longtemps que ces travailleurs de 33 entreprises et sociétés d’Etat liquidées par le PAS ont souffert de l’iniquité des autorités successives de la république. Ils ont dû faire face à l’injustice avec les moyens du bord, dans des procès qui ont traîné en longueur. Mais Dieu étant la Providence des pauvres, ils gagnèrent plusieurs qui forcèrent le pouvoir à s’asseoir avec eux à la table des négociations.

Un premier protocole fut signé avec l’Etat en 2003 au temps du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. Ce dernier avait demandé une extinction totale de tous les droits  décotés de 40% par ce protocole. Les deux paries parvinrent à un montant de 58 milliards.

C’est sous le même  régime du général Amadou Toumani Touré que les compressés et le gouvernement se retrouvèrent, alors que Modibo Sidibé était Premier ministre. Le 5 novembre » 2008, il leur fut ainsi proposé un second protocole qui faisait l’impasse sur les 58 milliards de l’accord précédent pour ne proposer que 5 milliards de F.CFA. « A prendre ou à laisser » ! N’ayant pas le choix, les dirigeants de l’ATCM  et de l’UNTCM acceptèrent le marché de  dupes. Se promettant de prendre leur revanche aux noms des sans voix.

Le redoutable retour de bâton vint avec l’audience du 17 mars 2014 du procès intenté contre le ministère de l’Economie et des Finances du Mali. Et le 28 avril suivant, la décision d’annulation de tous les protocoles précédents est tombée comme un couperet sur la tête du contentieux de l’Etat et le gouvernement.

Depuis lors rien n’a bougé du côté de pouvoirs publics. Cinq longues années d’attente, de privations, de souffrances et d’amertume. Sait-on la somme de souffrances que ses pauvres gens ont vécues ? Une encyclopédie ne suffirait pas à les compter par le menu. Des foyers brisés, des enfants à la rue , devenus des délinquants , des filles déscolarisées exposées à la prostitution, des chefs de familles sans autorité parce que sans ressources pour nourrir leurs épouses et leurs enfants, avec la mort continuellement aux aguets : ou la famille qui explose totalement , expulsée pour n’avoir pas avoir pu payer des arriérés de loyers sur plus d’un an : Voilà le tableau sommaire du calvaire vécu par chaque compressé qui n’a pu se recycler dans la vie active.

Mais l’Etat est un monstre froid qui n’a cure de cette litanie des malheurs. Il a joué et continue de jouer sur leur lassitude du combat et leur résignation, en laissant pourrir la situation depuis presqu’un quart de siècle. Encore une fois, l’Etat veut aller aux prolongations d’une partie déjà jouée au plan juridique et qui n’a plus aucune chance de lui profiter. Quel rôle joue le Kankélétigui, El Hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, l’artisan du Mali d’Abord et du bonheur des Maliens

Il est coresponsable des malheurs et des turpitudes que vivent ces gens, tout un peuple, que le régime Adéma, dont il fut le Premier ministre emblématique sous Alpha Oumar Konaré a contribué à précipiter dans le gouffre de la précarité. Imaginez 50.OOO compressés dans la rue, pour la plupart des pères et mères de familles faisant vivre chacun un minimum de dix personnes, soit un demi-million d’âmes  et vous n’avez qu’une infime partie de l’étendue du désastre. Au-delà du dénuement matériel, il y a des traumatismes physiques, dus à la faim et la malnutrition ; psychologiques et moraux incommensurables, qui ne seront jamais pleinement guéris.

IBK ne sait-il pas qu’au jour du jugement, il sera comptable devant Dieu? Et voilà que ses subordonnés se donnent en spectacle, au ministère de l’Economie et des Finances, en voulant escamoter le crime. Notamment l’ex fondé de pouvoir du Trésor,  ancien ministre délégué au Budget sous Mariam Kaïdama Cissé et actuel Directeur National du Budget, Sambou Wagué, qui, bien que n’ignorant  rien des tenants et aboutissants du contentieux des compressés, plus précisément l’annulation de tous les accords par décision de justice irrévocable au profit des grosses détenues par la partie adverse, a pourtant induit en erreur le ministre Igor Diarra, en lui cachant la bonne information. Si bien que le Ministre de l’Economie et des Finances n’a pas voulu recevoir les compressés dont-il croit que leurs droits sont définitivement éteints par le protocole No2. Cette attitude négative née d’un quiproquo malheureux a mis le feu aux poudres.

 

Barou

Commentaires via Facebook :