En effet, ces derniers temps, l’adrénaline est montée d’un cran dans les nerfs des travailleurs de l’Untm du Secrétaire général Yacouba Katilé. On se rappelle encore que son adjoint, Maouloud Ben Kattra, lors d’une conférence de presse rappelait à l’ordre nos plus hautes autorités sur leurs responsabilités, notifiant qu’un préavis de grève avait été déposé par l’Untm pour la grève des 21 et 22 août 2014. Entre autres points de revendications de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) qui fondaient ce préavis de grève, il y a la mise en œuvre du Protocole d’accord d’octobre 2011 ; le relèvement de la valeur du point d’indice et du SMIG ; l’augmentation du taux des allocations familiales ; la maîtrise du prix des produits de première nécessité ; la relecture des contrats miniers. Pour ne citer que ceux-ci.
Ce préavis de grève étant épuisé et les tractations entre le Gouvernement et l’Untm n’ayant pas abouti sur les 17 points de revendication, alors que 12 ont été acceptés par les autorités, la puissante Centrale syndicale a alors décidé de passer à l’offensive les 21 et 22 août derniers en mettant en application sa grève. Laquelle, selon nos informations, a été bien suivie sur toute l’étendue du territoire national, plus particulièrement à Bamako, et dans tous les secteurs d’activité. Ce qui aurait causé à l’Etat malien un manque à gagner de plus de 10 milliards de nos francs. En deux jours seulement !
Et dire que l’Untm s’apprête à déclencher une grève illimitée- ou du moins, une grève de 72 heures en guise de carton jaune au gouvernement-, ce serait paralyser le pays déjà suffisamment pauvre pour faire face aux urgences de l’heure. Puisque, fulmine-t-on, les caisses de l’Etat sont presque vides. C’est ce qui fait dire à certains de nos concitoyens que l’Untm doit être compréhensive en acceptant les 12 points de revendication déjà garantis par le Gouvernement.
Mais, selon une source syndicale très proche du dossier, les 5 points de revendication restants qui constituent actuellement la pomme de discorde entre les deux parties, sont les plus essentiels et les plus importants pour l’Untm. «On nous dit que l’Etat ne peut pas prendre en compte nos 17 points de revendication, parce qu’il n’a pas les moyens financiers. Mais, pendant ce temps, il a de l’argent pour s’offrir du luxe, acheter un avion à 20 milliards de FCfa, de luxurieuses bagnoles… Tout simplement incompréhensible ! De qui se moque-t-on ?», martelait un syndicaliste samedi dernier à la Bourse du travail, visiblement très remonté.
«Il est de notoriété publique que les attentes légitimes du peuple Malien sont loin d’être comblées par les autorités actuelles. Au lieu de trouver des solutions idoines aux maux dont souffrent les Maliennes et les Maliens, nos autorités s’embourbent dans une gestion solitaire du pouvoir et dans la stigmatisation de boucs émissaires, en fermant la porte à tout dialogue et à toute concertation avec les partenaires sociaux. Notre combat est simple. À savoir, lutter contre la cherté de la vie accablant les Maliennes et les Maliens. Laquelle cherté semble être, au mieux, une fatalité ; au pire, un choix politique des autorités actuelles. Et aussi refuser l’extrême indigence des salariés que rien ne justifie, caractérisée par la précarisation perpétuelle de leur pouvoir d’achat induite par le renchérissement récurrent du coût de la vie», explique le Secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé.
En tout cas, aux dernières nouvelles, Gouvernement et Untm seraient décidés à reprendre le dialogue pour trouver un terrain d’entente. À notre avis, cela est indispensable pour éviter un enlisement de la situation, surtout si la Centrale syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) qui a aussi ses revendications à elle, venait à emboîter le pas à l’Untm. Une catastrophe à éviter ! Sans pour autant remettre en cause la légitimité des revendications de l’UNTM ; force est de constater qu’elles souffrent d’une objectivité conjoncturelle. Car, et en aucun cas, l’achat d’un avion par le Président de la République ne saurait servi de discours pour justifier une grève. Et l’UNTM, si elle veut être crédible, a intérêt à ne pas aller vite en besogne. Ou à revoir son discours, en situant ses revendications dans un contexte plus réciproque, si son choix est plus d’asphyxier le gouvernement. Etant entendu que la bataille qu’elle vient d’enclencher ne se jouera pas contre le gouvernement. Mais plutôt auprès de l’opinion nationale.
Bruno LOMA