L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) n’entend faire aucune concession sur le préavis de grèves déposé par son BE le 31 juillet dernier sur la table du gouvernement. Lors d’un grand meeting qu’elle a organisé le mercredi à la Bourse du Travail sous la présidence de leur secrétaire général Yacouba Katilé, la centrale syndicale a décidé d’aller jusqu’au bout de sa logique si l’Etat ne manifeste pas sa bonne foi. En expliquant le bien fondé des 17 points avec arguments à l’appui, les responsables syndicaux ont dénoncé de vive voix la mauvaise foi du gouvernement dans la prise en charge des doléances.
Pour gagner une plus grande mobilisation des travailleurs aux grèves des 21 et 22 Aout, le nouveau bureau exécutif de la grande centrale syndicale du Mali, l’UNTM a convoqué ce meeting d’information pour éclairer la lanterne de ses militants et les hommes de médias sur le pourquoi du préavis lancé.
Pour les syndicalistes, l’UNTM est un acteur important de la vie publique de notre pays qu’il faut nécessairement prendre en compte. Et le préavis de grève déposé depuis le 31 juillet participe de la volonté de l’UNTM de sortir de la situation de blocage, entretenue par le gouvernement, malgré ses nombreuses manifestations de bonne foi. Tout en espérant que le dialogue prévale, les syndicalistes ont estimé tout le caractère impérieux des besoins exprimés pour améliorer les conditions de vie et de travail de tous les travailleurs afin d’impulser le développement économique et social.
Le secrétaire général, Yacouba Katilé a repris point par point les arguments tangibles des 17 points du cahier de doléance qui, selon lui se démarque de toute équivoque. S’agissant du premier point, à savoir la mise en œuvre du protocole d’Accord du 02 octobre 2011, Yacouba Katilé soutient qu’il ne fait plus l’objet d’une négociation mais qu’il s’agit simplement de le vider totalement dans une procédure d’application digne de ce nom.
« La mise en œuvre du protocole d’accord du 2 octobre 2011, signé entre le gouvernement, le Conseil National du Patronat du Mali et l’UNTM, n’est point à négocier. Cet accord est déjà un acquis, mais il reste seulement sa mise en vigueur. Trop, c’est trop ! A l’issue du dialogue s’il n’y a pas eu une solution, nous irons en grève », affirmera-t-il avant d’appeler tous les camarades à respecter le mot d’ordre de grève.
S’agissant du relèvement de la valeur du point d’indice, on signale que depuis un protocole d’accord du 14 octobre 2005, l’UNTM a réclamé le relèvement de la valeur indiciaire pour consolider l’assise de la grille mais, jusqu’à présent pas d’impact positif sur le salaire.
Par rapport à la diminution du taux de l’ITS, l’UNTM argumente que le point trouve son fondement dans le protocole d’accord du 18 juillet 2007, relatif à la réduction de 2 points de pourcentage. Qu’avec la révision du barème général des impôts, cette diminution de l’ITS s’avère plus que nécessaire pour accroitre le pouvoir d’achat des travailleurs. Quant au SMIG, l’UNTM exige aussi son relèvement pour créer l’émulation des travailleurs, car depuis 1992 le SMIG au Mali a connu des augmentations plus que dérisoires.
La modernisation et la sécurisation de l’administration générale est une ancienne revendication de l’UNTM qui recoupe également avec les réalités du moment. Le secrétaire général de l’UNTM déplore le manque de moyens logistiques, humains techniques et financiers aux travailleurs maliens. Aussi, pour répondre à l’exigence de soulagement des charges familiales pour les couches de travailleurs au bas de l’échelle, vulnérables à cause du fort taux de natalité dans leurs foyers, l’UNTM exige une augmentation du taux d’allocation familiale. La dernière mesure appliquée étant celle de 2008 et ne répondant plus à la réalité de cherté de la vie.
Quant à relecture de la convention des chauffeurs routiers, elle était partie intégrante de presque toutes les doléances passées de l’UNTM. « Et les différents protocoles l’ont admise », affirme-t-on. La révision à la hausse du salaire au niveau des EPA, EPIC trouve son fondement dans le souci de trouver l’interface entre l’augmentation de la valeur indiciaire et le taux applicable aux EPA et EPIC.
La baisse de loyers des maisons à usage d’habitation et la baisse des tarifs d’eaux et d’électricité, conformément à l’accord signé en juillet 2007. Les syndicalistes soutiennent que ces deux points constituent également des vielles doléances pour l’UNTM. Le secteur des loyers des maisons à usage d’habitation est un secteur non réglé en République du Mali. Les travailleurs dans leur plus grande majorité qui ne bénéficient pas de logements publics souffrent d’un désordre sans appel.
Le maintien et le renforcement de l’Usine Malienne des Produits Pharmaceutique (UMPP) est une mesure qui va sécuriser des emplois. Les mesures alternatives envisagées au moment de sa crise de dysfonctionnement doivent être maintenues. Il s’agit notamment de la modernisation de l’unité de production.
La maitrise des prix des produits de première nécessité, la restitution et protection des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur, la relecture de tous les contrats miniers, la ratifications des conventions 88/102/122/142/155 et 181, et la participation des travailleurs du secteur privé aux conseils d’administration ont tous été expliqués par les responsables syndicaux à leurs militants, sortis massivement ce jour.
D. Kouriba