Grève du Syntade : Comment IBK a reculé sur l’enrichissement illicite

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Le syndicat des travailleurs de l'Administration d'Etat (photo archives Syntade)

La loi sur l’enrichissement illicite est visiblement aux calendes, quoique le ministre de la Justice s’échine à relativiser le recul du gouvernement. Après une éprouvante grève de 72 heures, en effet, les hautes autorités n’ont pas laissé se reproduire un autre dysfonctionnement d’envergure de l’administration malienne. Le chef de l’Etat en personne a pris le taureau par les cornes en renonçant courageusement à actionner la structure chargée de l’enrichissement illicite, conformément aux exigences du Syndicat nationale des travailleurs de l’administration. Le chef de l’Etat jouait manifestement gros, surtout que les syndicalistes ne manquaient pas d’arguments assez solides en soutien à leur motifs de protestation. Il est notamment reproché à la loi de 2014 – année dédiée par ailleurs à la lutte contre la corruption – les lacunes suivantes : son défaut d’universalité, une partialité orientée en faveur du législateur (les députés), sa tendance à la rétroactivité, la stigmatisation de certaines catégories professionnelles de l’administration, entre autres. Ces arguments n’étaient point les seules armes par lesquelles le Syntade a combattu la mise en œuvre de la loi. Les hautes autorités auront été dissuadées également par la position plus que stratégique voire une capacité réelle de nuisance que les leaders syndicaux n’ont pas hésité à mettre dans la balance lors des ultimes pourparlers avec les plus hautes autorités, en l’occurrence le chef de l’Etat et le Premier ministre. A chacune de ces deux autorités, explique-t-on, le Syntade a rappelé qu’à  divers niveaux de l’administration malienne ses militants sont au fait d’une délinquance de plus haut vol qui se traduit par les attributions de marchés publics à des sociétés fictives ou de circonstance au détriment des entreprises les plus régulières, des distributions massives d’exonérations injustifiées, des tripatouillages de commandes publiques au profit de prébendiers tapis dans le système, etc. Autant de pratiques qui bénéfices allègrement de la caution des mêmes autorités qui prétendent moraliser la vie publique et combattre les évasions de ressources par une lutte sélective contre l’enrichissement illicite.
Les syndicalistes ne se pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont aussi remué le couteau dans une plaie beaucoup plus douloureuse en illustrant leurs remarques par les deux scandales les plus gênants du quinquennat. Il s’agit notamment des conditions d’acquisition de l’avion présidentiel et des malversations ayant émaillé la commande des équipements et fournitures pour le compte des forces armées et de sécurité, deux sulfureux dossiers que le Syndicat des travailleurs de l’administration d’Etat était prêt à remettre au goût du jour avec de nouvelles révélations, même au mépris du devoir de réserve exigible de ses membres. Il n’en fallait pas plus pour que le chef de l’Etat se résolve à trancher le nœud gordien du bras-de-fer engagé avec le puissant syndicat, en sacrifiant notamment une loi fétiche dont le régime avait tiré gloriole à ses débuts, quoique puisée du fond des tiroirs de la transition par l’ancien ministre de la justice Mohamed Ali Bathily. Le projet que ce dernier a fait passer en 2014 à l’hémicycle est en effet la retouche d’un texte conçu par son prédécesseur et recalé en conseil des ministres sous Dioncounda Traoré, faute de consensus.

La Rédaction

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