Le Secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé, était face à la presse le mercredi 12 avril 2017 pour faire le point du rôle joué par la Centrale. Pour la circonstance, la cour de la Bourse du travail a refusé du monde tant les syndiqués étaient intéressés par cette sortie de leur secrétaire général. Une première, Hamadoun Amion Guindo de la Cstm était présent à la conférence de presse.
Dans son intervention, le secrétaire général n’y est pas parti avec le dos de la cuillère pour dénoncer l’attitude des autorités face à cette grève illimitée de la santé. ” La grève illimitée de la santé est légitime, légale, normale. Aucune législation au monde ne peut déceler des irrégularités dans cette grève. Les irrégularités, les illégalités se trouvent plutôt dans les attitudes de défis, de contre-vérités des autorités publiques. Quand on a une responsabilité publique, on dépose son égo au sortir de sa maison, pour se mettre au service du peuple. On se garde de propager des contre-vérités“, a-t-il dit à l’endroit des autorités qui assimilaient, selon Yacouba Katilé, cette grève à une tentative de lutte contre l’œuvre salvatrice de certaines personnes qui agissent contre les vols et les détournements dans les centres de santé. “C’est piteux d’entendre cela de la part des autorités publiques. Non ! Les textes du préavis de grève reposent sur des doléances qui sont claires et précises. Les accusations d’irresponsabilités, de négligence sont faites par le syndicat. Qu’on les démente, voilà ce à quoi on pouvait s’attendre. Au lieu de cette attitude qui serait responsable, on s’enfonce sans retenue dans des contre-vérités. L’Untm depuis les unions locales, régionales, les syndicats nationaux, même des Centrales et syndicats non membres, ont tous été déçus par le bas niveau affecté à la grève de la santé par les autorités publiques “, a-t-il dénoncé.
L’attitude des autorités décriée par Katilé
Faisant l’historique de la grève, M. Katilé dira qu’elle n’est pas un phénomène spontané. Les doléances du Syndicat national de la santé et des affaires sociales ont été formulées en 2012 à la fin de leur 12e congrès. “ Face au silence des autorités de la Santé et des Services d’action sociale, les camarades étaient obligés de déposer un préavis de grève. A l’issue de la conciliation, des points d’accord ont été retenus. Malgré un chronogramme d’exécution détaillé, une commission de suivi, les ministres des départements concernés non seulement ne répondaient pas aux sollicitations écrites du Bureau national du syndicat de la Santé, mais également, ils refusaient toute audience à ses responsables. Même au plus fort du régime dictatorial, des syndicats ont toujours eu des contacts fréquents et directs avec les ministres. Que veut dire notre démocratie, et surtout la démocratie participative qui appelle à des contacts, à des concertations, au dialogue social, si l’on ne se voit pas, si l’on ne discute pas, si négocier n’est qu’une formalité pour jeter la poudre aux yeux des syndicalistes ? Donc, ne constatant aucune perspective de résolutions des doléances, les travailleurs de la santé, considérant que la priorité des autorités est ailleurs, considérant le démantèlement lent, mais progressif des capacités techniques et professionnelles dans les centres de santé, tous niveaux considérés, ont décidé d’une nouvelle grève illimitée. […] C’est l’entêtement des départements chargés de la santé et des affaires sociales à piétiner les travailleuses et travailleurs qui est à l’origine d’un ras-le-bol qui nous touche tous maintenant. Les populations souffrent, pour autant, l’Etat félicite, encourage les ministres fautifs, négligents, même irrespectueux à l’égard des travailleurs. L’Etat à travers trois ministres laisse perdurer la grève. A-t-il une idée des pertes en vies humaines, des dommages financiers, car les services de santé sont aussi de grands pourvoyeurs de fonds”, a-t-il expliqué, tout en reconnaissant que cette grève a fait mal à la population. Mais, il dira que cette grève n’a nullement affecté les autorités parce qu’elles se disaient que la fatigue et le découragement aidant, le travail sera repris de lui-même.
L’Untm menace de prendre le relais des syndicats de la santé
En deux ans, l’ancien Premier ministre Modibo Kéita n’aurait reçu l’Untm qu’une seule fois. ” Est-ce ainsi qu’on règle les problèmes professionnels ? Est-ce ainsi qu’on montre qu’on est soucieux de la santé des populations ? Cette grève, il faut le dire une fois pour toutes, est légitime, légale, normale. […] Si nos précieux ministres concernés avaient seulement su prendre les textes qu’il faut, il ne resterait à ce jour que d’autres types de revendicatives”, a-t-il craché, avant d’avertir que quand les syndicats de la santé signeront un procès-verbal de non conciliation, l’Untm prendra le relais pour agir.
Aux dires de Katilé, le nouveau Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, aurait demandé une trêve. “Il doit gérer la grève de la santé qui est cours sinon l’Untm prendra le relais des Syndicats de la santé tout en ramenant d’autres doléances. Car nous sommes un syndicat responsable. Nous demandons à ce que des dispositions soient prises. Si les deux parties arrivent à s’entendre, tant mieux. Nous demandons aux autorités de réagir à temps avant qu’il ne soit trop tard. Sinon, nous réagirons“, a-t-il averti, avant d’ajouter que l’attitude des autorités face à la grève n’est qu’un mépris envers les travailleurs qui ne réclament qu’un plan de carrière et des émoluments. “Un Etat, c’est la préparation, c’est la prévision. Il y a la mauvaise volonté de l’Etat. Et nous allons montrer à l’Etat que ce mépris ne doit pas aller loin “, a-t-il menacé.
Siaka Doumbia
Hammadoun Amion Guindo de la Cstm aux côtés de l’Untm :
«Si la grève continue, le pays sera paralysé car d’autres syndicats rentreront dans la danse»
Présent à la conférence de presse de l’Untm, le secrétaire général de la Cstm, Hammadoun Amion Guindo, a remercié Yacouba Katilé pour l’avoir invité à la conférence de presse. Il confirmera que l’ancien Premier ministre Modibo Kéita n’a reçu la Cstm qu’une seule fois en deux ans. Il dira qu’il est venu vers l’Untm pour que les deux centrales puissent se donner la main et agir ensemble dans la gestion de la grève de la santé en vue de trouver une issue heureuse à la crise. «Nous devons nous assumer et prendre nos responsabilités. Par rapport à l’appel de la Fénascom invitant ses agents à reprendre le travail, M. Guindo indiquera que cette Fédération n’est pas en grève et qu’elle n’a rien à voir avec la grève. Car elle n’est affiliée à aucune centrale et qu’elle n’est pas un syndicat». “La Fénascom n’a pas les moyens de payer ses agents. Elle n’a jamais su faire face aux obligations de ses agents. Donc, la Fénascom n’a rien à voir avec cette grève”, a-t-il déclaré.
Sur les doléances des agents de santé, M. Guindo affirmera que sur les 8 points de revendications, seul le point sur l’Assurance maladie obligatoire (Amo) a eu une suite. Pour lui, la grève est légale et légitime. Donc, a-t-il dit, “il faut que l’Etat accepte de dialoguer, d’échanger en vue de trouver des compromis. Si la grève continue, le pays sera paralysé car d’autres syndicats rentreront dans la danse”, a-t-il dit, avant d’ajouter que sa Centrale a renouvelé sa disponibilité de dialogue avec le nouveau Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga.
Siaka Doumbia