La grève a été suivie à 92% selon l’UNTM et 70% pour le ministère du Travail, de la Fonction Publique et des Relations avec les Institutions. Sans risque de se tromper, nous pouvons affirmer qu’a seulement une année après son accession au pouvoir, le régime du président Ibrahim Boubacar Keita vit sa première grande crise politico-sociale. Après l’achat de l’avion et l’affaire Tomi, suivi de la motion de censure de l’opposition, il fait aujourd’hui face à une fronde sociale plus grave que les précédentes. Une crise conduite par la plus grande centrale syndicale du pays à savoir l’union nationale des travailleurs du Mali(UNTM). Malgré les pressions exercées de part et d’autre, l’UNTM a maintenu son mot d’ordre de grève de 48 heures, jeudi et vendredi dernier.
Comment nous sommes arrivés là ?
Tout a commencé avec la hausse des prix annoncée par la société énergie du Mali sa. La centrale syndicale avait dit son désaccord à travers des communiqués de presse, mais face au silence assourdissant des autorités, les leaders ont alors décidé de mettre la pression, cela à trouver qu’il avait déjà un cahier de doléances au niveau du département.
Les points de désaccords
Les syndicalistes réclament le relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice, la diminution du taux de l’impôt sur les traitements et les salaires (ITS), le relèvement du salaire minimum interentreprises garanti (Smig) et « la réduction du train de vie de l’Etat », à cela s’ajoute l’annulation de la décision annonçant une augmentation des factures d’électricité. Cinq jours avant le jour fatidique de la grève, gouvernement et représentants des syndicats s’étaient retrouvés autour de la table de négociation. Coté gouvernement, la délégation était conduite par le ministre Moussa Bocar Diarra, ministre du travail de la fonction publique et des relations avec les institutions, la délégation syndicale était conduite par son secrétaire général adjoint Maouloud Ben Kattra.
A l’issue des travaux, les deux délégations se sont quittées sans trouver un terrain d’attente alors, le mot d’ordre est resté maintenu.
Le Ministre à la télé et les syndicalistes en meeting
Puisqu’il n’y a pas eu d’accord, chacune des délégations est passée par sa méthode pour se défendre. Le ministre Diarra a décidé de prendre en témoigne le peuple par le biais de la télévision nationale. C’était le mercredi tard dans la nuit. Au cours de son intervention, il a signalé que sa délégation a pu trouver un terrain d’entente avec les syndicalistes à l’issue des cinq jours de négociation et que sur les 17 points de la plate-forme qui a servi de base à la négociation, 12 ont fait l’objet d’un consensus donc que les travailleurs du Mali peuvent aller travailler le lendemain. Faux, rétorquèrent les syndicalistes au cours d’un grand meeting tenu à la bourse du travail le jeudi dans la matinée.
La grève suivie à 92% selon l’UNTM et 70% pour le ministère
Pour celui qui connaît la ville de Bamako, cette journée restera gravée dans la mémoire collective à cause de la morosité de l’ambiance qui y régnait ce jeudi 21 et vendredi 22 Août 2014 dans les services publics, parapublics et privés, un seul constat : l’absence des travailleurs. Dans les départements ministériels, les services publics et banques, l’activité était quasi inexistante quelque fois on y trouvait des agents qui assurent seulement le service minimum, comme par exemple les hôpitaux. A l’intérieur du pays on signalait le même constat de partout sur le territoire, ce qui a fait dire le secrétaire général adjoint Maouloud Ben Kattra que le mot d’ordre de grève a été suivi à 92%, cependant pour le syndicaliste seulement les travailleurs de EDM Sa et quelques travailleurs de l’autre mouvement syndical la CSTM qui n’ont pas observé la grève.
Les enseignements à tirer
Certes, le peuple traverse des moments difficiles, mais force est de reconnaitre que cela n’a rien enlevé du train de vie de certaines personnalités du pays notamment le premier des citoyens, le président IBK, chose qui n’est pas du goût de tous les citoyens. Tout le monde doit tirer les enseignements de ces grèves pour éviter un autre arrêt de travail qui paralysera à coup sûr notre pauvre économie.
Issa Kaba