Grève de 48 heures de l’UNTM : Un cinglant camouflet pour le régime IBK

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Précédemment annoncée dans notre dernière livraison du mardi dernier, cette grève tant attendue les 21 et 22 août dernier, « a été une réussite totale », selon le  Secrétaire Général de l’UNTM, M. Yacouba Katilé puisque dit-il : « de Bamako à Gao, le mot d’ordre de grève a été largement suivi».

 

Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République malienne
Ibrahim Boubacar Keïta.
REUTERS/Louafi Larbi

En tout cas au matin du jeudi, notre équipe de reportage à pu constater les artères de la capitale déserte à part quelques rares taxis affiliés à la CSTM. Qu’il s‘agisse des hôpitaux, les transports publics et privés, l’administration, tous les bureaux étaient fermés. Dans certains services, le service minimum n’était même pas visible suite aux propos du Ministre du Travail au cours d’un débat avec le SGA de l’UNTM, M. Maouloud Ben Kattra tout comme les négociations qui ont durée 72h sans succès.

 

Mépris du gouvernement
Tout est partie de la correspondance en date du 31 juillet que le SG de l’UNTM avait adressée au Ministre du Travail, de la Fonction Publique et des Relations avec les Institutions lui signifiant le préavis de grève des 21 et 22 août 2014. Dans cette correspondance, la centrale syndicale a rappelé entre autres : – le manque de volonté du gouvernement (après plusieurs correspondances envoyées) et du Conseil National du Patronat du Mali à donner une suite à nos revendications qui remontent d’une part au protocole CNPM-UNTM-Gouvernement en date du 02 octobre 2011 et de nos nouvelles revendications issues de notre 12ème Congrès ordinaire ; l’amélioration des conditions de vie, l’UNTM décide d’observer une grève générale de 48H si les revendications suivantes ne sont pas satisfaites : – Mise en œuvre du Protocole d’Accord du 02 octobre 2011 en vue de son extinction définitive ; relèvement significatif du taux de la valeur du point d’Indice ; diminution du taux de l’Impôt sur les Traitements et Salaires(ITS) ; relèvement du Salaire Minimum Inter-entreprise Garanti (SMIG) ; augmentation du taux des allocations familiales ; modernisation et sécurisation de l’Administration Générale (moyens logistiques, techniques, Humains et Financiers) ; relecture de la Convention des Chauffeurs Routiers ; Révision à la hausse du salaire au niveau des EPA et EPIC ; baisse des loyers des maisons à usage d’habitation ; baisse des tarifs de l’eau et de l’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007 ; maintien et renforcement de l’Usine Malienne des Produits Pharmaceutiques (UMPP) ; maitrise des prix des produits de premières nécessités ; restitution et protection des parcelles d’expérimentation de l’IER ; régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur ; relecture de tous les contrats miniers ; ratification des conventions 102, 122, 88, 142, 181 et 155 et participation des travailleurs du secteur privé dans les Conseils d’Administration.


Le gouvernement passe à côté de l’essentiel

Partant de ces dix-sept points, le gouvernement à travers le Ministre du Travail, s’est engagé à satisfaire 12 points. Les cinq autres ont fait l’objet de blocage qui ont conduit à la grève. Il s‘agit du relèvement significatif du taux de la valeur du point d’Indice ; diminution du taux de l’impôt sur les traitements et Salaires (ITS) ; relèvement du SMIG qui est le plus bas de la sous région puisqu’au Niger il est de 31 000 FCFA, au Burkina Faso : 37 000FCFA ; en Côte d’Ivoire : 60 000FCFA alors que chez nous, il est de 28 000FCFA. C’est fort de ce décalage que l’UNTM au cours des négociations, a proposé le SMIG à 40 000FCFA ; augmentation du taux des allocations familiales et la baisse des tarifs d’eau et d’électricité.


Des soutiens de taille pour l’UNTM

C’est fort de leurs revendications, que l’UNTM a bénéficié des soutiens et non les moindres de la CSTM a reconnu à travers sa correspondance en date du 15 août 2014, reconnait la légitimité du cahier de charges de l’UNTM  qu’elle encourage. Le Syndicat Libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT) a aussi adhéré au mot d’ordre de grève des 21 et 22 août 2014 à travers sa lettre en date du 19 août2014. En outre le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) « reconnait dans sa lettre du 19 août dernier, le bien fondé et légitime des revendications de la centrale syndicale de l’UNTM et invite incessamment le gouvernement à tenir compte de la situation précaire actuelle des travailleurs et l’impérieuse nécessité d’apaiser le climat social par des mesures appropriées».
Un camouflet pour le régime
C’est fort de tous ces appuis, que la grève a été un franc succès puisque tous ceux qui hésitaient le jeudi, ont adhéré le vendredi 22 août 2014, paralysant le pays.
Ce succès qui ressemble à un camouflet au régime, le premier du genre, a vu le Premier ministre rencontrer les responsables de la centrale syndicale vendredi dernier, pour jouer à l’apaisement.
IBK interdit toute sanction des leaders syndicaux…
Nos informations font état de la mise en garde du Président IBK qui exclu toute sanction contre leaders syndicaux. Un message qui a été bien saisi et appliqué.
Après ce succès éclatant, le SG de l’UNTM, M. Yacouba Katilé s’est réjouit et remercie l’ensemble de tous les militants et au-delà, de leur mobilisation sans faille et de rester mobiliser pour avoir bien compris le mot d’ordre de grève. « Nous allons poursuivre la sensibilisation de nos militants. En attendant, je les remercie et suis très satisfait », a dit Katilé tout heureux d’avoir réussi une grève qui semble avoir été trop à la légère par le régime IBK.
Une équipe, un syndicalisme pur et dur
En tout cas, la détermination de cette équipe s’explique, du fait qu’elle est déterminée à faire du syndicalisme pur et dur malgré toutes les tentations. Cela ne devrait surprendre personne dans la mesure où l’équipe actuelle de l’UNTM, a gravi tous les échelons convenablement et tient à respecter son engagement à ses militants qui l’a mise sur orbite face à des adversaires coriaces.
L’UNTM, un partenaire incontournable
Selon nos informations, les négociations avec le gouvernement ne devraient plus tarder car, la grève a permis de prouver la force de frappe de ces « loups » qui ont tiré les erreurs du passé et comptent marquer d’une encre indélébile, leur mandat à la tête de l’UNTM, un partenaire incontournable de part du nombre de ses adhérents à ce jour de l’ordre de plus de 150 000 travailleurs.
Bokari Dicko

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2 COMMENTAIRES

  1. Le traumatisme

    Si un peuple sent, dans sa chair, les conséquences néfastes de la mal gouvernance en Afrique c’est certainement le peuple malien.

    Éprouvé par deux longues années de crises sécuritaires et institutionnelles qui ont mis en lumière les tares de son mode de gouvernance des 48 dernières années, le peuple malien n’est pas encore sorti de l’ornière, loin s’en faut.

    Le retour à l’ordre constitutionnel normal qui marqua en fin août 2013, le grand retour du pays dans le chemin de l’apprentissage de la démocratie pluraliste, a suscité de large espoir dans le pays comme à l’étranger.

    Mais le régime IBK qui nait de cet espoir s’est avéré être plus médiocre que ses prédécesseurs dans la recherche des solutions aux problèmes du pays.

    Pire, il s’est adonné à des pratiques dignes de Bokassa ou de Mobutu au sommet d’un l’État malade et a laissé dans l’agonie un pays qui manque de tout.

    Si tu sais que tu es faible tu te protèges et tu agit en circonstance.

    Mais si tu ne sais pas que tu es faible, tu t’exposes et tu t’affaiblis davantage.

    C’est le désormais triste sort de notre pays, malheureusement!

    Le gaspillage à ciel ouvert de l’argent public depuis un an, a tarit les caisses de l’État, sapé la confiance des partenaires (financiers et sociaux) et fragilisé davantage nos institutions (l’armée en occurrence qui n’a reçu aucun moyen aérien alors que tout le monde sait qu’elle en avait besoin au nord).

    C’est un État affaibli au maximum qu’Oumar Tatam Ly a laissé car obligé de ne plus cautionner des pratiques indignes au sommet de l’État malien.

    C’est cet État affaibli que Mara a repris, mais au lieu d’être sincère avec les maliens, il a cru bon de leur mentir et de leur faire croire qu’il est fort et puissant et qu’il peut en faire qu’à sa tête.

    1. “De véritables bandits ont endetté ce pays”;

    2. “Avec les armes qu’on a, nous pouvons faire de Kidal, ce que nous voulons”.

    3. “N’tè, ntita yôrôssi”

    Voilà trois de ses sorties malencontreuses et malavisées qui ont enflammé le pays en mai 2014, sur fond de mensonges d’État, de suffisance de dirigeants imbus de leurs personnes.

    “Tiôo Bélé Bélé”!

    Et quand l’échec survint plus que prévu pour nos champions de “Talk and Talk”, c’est à l’armée qu’ils jettent l’opprobre pour s’en laver les mains et les pieds d’une bérézina dont ils sont les seuls à enfanter en république du Mali.

    “Onron ya guèlèyara Mandé”!

    Alors la communication approximative d’une présidence voyageur et dormeuse s’en mêle les pinceaux, j’allais dire les tweets, jusqu’à qualifier nos compatriotes “d’aigris”!

    “Eh Alla den”!

    “Ki i ka wôri ta, ko o do pan kourou kôrôla, katila kafô ki ye Aigri yé”

    “Ne dabali bè ban na”

    Et voilà que le pays est complément désarmé face aux voyous armés qui dansent le “Youri Yari” partout au nord de notre pays.

    “Da wili là, Son Kalan mayé”!

    Que faire?

    Les adeptes du luxe clinquant et insolent au sommet de notre État, ne savent plus.

    “Mandé tiqui Lou ko, Môgôtè sé, Alla ye Sé”!

    Donc ils ont entamé des concertations avec la classe politique (jusque la méprisée par le régime IBK) et la société civile (jusqu’à la ignorée également par le même régime dans tous les dossiers brûlants du pays).

    “Kabako djidani”!

    Et ils se sont lancés, à corps perdu et pieds et mains liés, dans une hypothétique négociation inter maliens à Alger.

    “Eh Alla den”!

    De quoi s’agit-il?

    Il ne s’agit ni plus ni moins qu’une capitulation face à ceux-la mêmes qui ont pris les armes pour attaquer notre pays gratuitement, dans son septentrion, sachant très bien que nos dirigeants ont négligé notre armée.

    “Kèlè sera so kôfè Ka dan”!

    Qu’est-ce qu’ils veulent alors?

    Ils veulent une indépendance des trois régions nord de notre pays c’est à dire Tombouctou, Gao et Kidal, qu’ils enveloppent sous le vocable AUTONOMIE pour faire diversion et ne pas éveiller les soupçons de la communauté internationale qui pour l’instant est attachée inconditionnellement à l’intégrité territoriale du Mali.

    “Eh Massa Alla”!

    Que fait le gouvernement IBK?

    Il s’appuie sur une décentralisation poussée des régions du nord qui n’est autre chose que l’autonomie de gestion dans un État un et indivisible et espère ainsi faire plier les groupes armés indépendantistes à renoncer à leur projet sécessionniste du nord de notre pays.

    “Patissakana”!

    Quels sont les moyens du régime IBK?

    Ce n’est pas grand chose.

    Ces moyens humains sont limités et à force de gaspiller nos sous et de s’embrouiller avec tous ses partenaires, il est réduit à augmenter les taxes douanières et à endetter le pays sur les marchés financiers plus chèrement que d’habitude.

    “I kana ni fô nyé ko”
    “Alla kana an malo”

    Cela va t-il suffire?

    Non malheureusement, il nous faut revigorer et très vite notre diplomatie, pour tuer dans l’œuf toute chance de velléités sécessionnistes et de mettre sur place des forces de combat alternatives à l’armée malienne au nord si jamais on ne peut pas l’équiper et l’entraîner convenablement à très très court terme.

    “Koutoubouyé”!

    Et le régime IBK est-il conscient de cela?

    Malheureusement non, il est aussi perdu dans sa mauvaise gouvernance que le citoyen lamba au Mali entre résignations et courbure d’échine face aux voyous armés du nord.

    C’est le traumatisme total dans le pays, le Black-out!

    Ils ne savent plus où ils en sont car ils n’ont ni vision, ni méthode et leurs moyens sont extrêmement limités et leurs capacités de les employer à bon escient sont infiniment petites.

    “Nma gnogon ko yé”!

    Et qu’est-ce qui peut leurs aider?

    Il leur faut des personnes ressources de large envergure dans le pays comme hors du pays pour activer tous les canaux diplomatiques possibles dans le but de discréditer et de décapiter (à l’extrême) par tous les moyens toutes les capacités de nuisances des groupes armés qui écument le nord de notre pays.

    Le plus tôt est le mieux!

    Wa salam!

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