Gouvernement-Untm : Le divorce était inévitable

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Katile-untm
Katilé, SG de l’Untm

Le divorce semble bel et bien consommé entre le gouvernement et l’Untm avec la rupture des négociations. La plus grande centrale syndicale du pays a déposé un préavis de grève de trois jours, prévue pour la fin de ce mois. Là où certains accusent les conciliateurs syndicaux d’intransigeance et de surenchère, d’autres dénoncent la mauvaise foi et l’incompétence des négociateurs gouvernementaux à apporter des réponses aux nombreux problèmes des travailleurs. Que s’est-il vraiment passé ?

 

Jeudi 02 octobre, l’Untm (Union nationale des travailleurs du Mali), sous la plume de son secrétaire général, Yacouba Katilé, annonce sa suspension aux négociations entamées avec le gouvernement, avant de passer à la vitesse supérieure, le même jour, en déposant un préavis de grève de soixante douze heures. Ainsi, une grande partie de l’activité du pays sera paralysée les 29, 30 et 31 octobre courant par une grève si ne sont pas satisfaites les revendications relatives à la mise en œuvre effective du protocole d’accord du 02 octobre 2011, le relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice et du salaire minimum interprofessionnel garanti, la diminution du taux de l’impôt sur les traitements et salaires, l’augmentation des allocations familiales, la modernisation et la sécurisation de l’administration générale, la relecture de la convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse du salaire au niveau des EPA et EPIC, la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation, la baisse des tarifs d’eau et électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007, au maintien et renforcement de l’UMPP, la maitrise des prix des produits de première nécessité, la restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER, la régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur, la relecture de tous les contrats miniers, la ratification des conventions 102, 122, 88, 142, 181, et 155, la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.

 

 

Le dilatoire comme mode de négociation

Selon plusieurs observateurs et sources proches du dossier, le divorce était inévitable tant les différentes parties n’étaient pas sur la même longueur d’ondes. Au gouvernement, ils reprochent une légèreté et une désinvolture dans le traitement du dossier.

 

Ce comportement, selon eux, cacherait en réalité l’incompétence des représentants du gouvernement mais surtout leur méconnaissance, voire leur ignorance des dossiers qui leur ont été transmis. Pour masquer ces carences, ces étranges négociateurs gouvernementaux n’ont eu de cesse d’user du dilatoire et du faux fuyant, prétendant attendre et se référer aux résultats des analyses de divers services techniques commis ou consultés. Or, depuis très longtemps ces supposés experts auraient dû être saisis afin qu’ils fassent des propositions concrètes, bases de négociations. Par exemple, un protocole d’accord a été signé avec le gouvernement depuis le 02 octobre 2011, celui relatif à la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, depuis juillet 2007.

 

La Plupart des autres revendications résultent des recommandations du dernier congrès ordinaire de l’Untm, et ont été transmises au gouvernement dans les délais requis. Les autorités ont donc eu plus que le temps nécessaire pour étudier les différentes questions et faire des propositions concrètes qui pouvaient être soumises à discussion et négociation. Au lieu de cela, selon des responsables syndicaux, c’est avec la tête et les bras vides que les représentants du gouvernement se présentent aux négociations qu’ils ont eux-mêmes demandées. Pour demander des reports de plusieurs mois,  comme s’ils veulent faire trainer les choses dans le but de lasser les travailleurs. Ce même comportement prévaut au cours des débats, ces représentants passant leur temps à s’absenter de la salle ou à venir en retard, comme pour fuir les débats ou tenter d’imprimer aux négociations une longueur inutile.

 

 

Le futile plus cher que l’utile

Une longueur insidieuse mais surtout dangereuse car déniant tout sérieux aux négociations et exposant les responsables syndicaux à des procès d’intention. Car il ne s’agit pas pour les négociateurs gouvernementaux d’éprouver les nerfs de leurs interlocuteurs mais plutôt d’en faire l’objet de suspicion auprès de leurs camarades à la base.

 

En effet, dans le passé, des responsables syndicaux auraient grassement été payés pour étouffer dans l’œuf des mouvements sociaux au détriment des intérêts des travailleurs. Ces pratiques qui privilégient les intérêts personnels et particuliers ne semblent plus de mise à la Bourse du travail depuis l’arrivée de Katilé à la tête de la centrale syndicale. C’est, d’ailleurs, ce qui vaut à l’Untm d’être aujourd’hui en meilleurs termes avec l’autre grande centrale syndicale, la Cstm, et des syndicats indépendants comme le syndicat autonome de la magistrature (SAM). Ceux-ci sont régulièrement informés du déroulement des travaux entre l’Untm et le gouvernement.

 

Ainsi, le SAM, par correspondance en date du 15 septembre, a été informé sur les points litigieux auxquels s’accroche le gouvernement : le relèvement du point indiciaire, la diminution de l’ITS, l’augmentation du SMIG et des allocations familiales, l’annulation de l’augmentation des tarifs eau et électricité. Selon le gouvernement, la revendication de certains seulement de ces points aura une incidence financière globale de plus de 18,6 milliards de F Cfa. Or, à la Bourse du travail, on ne comprend toujours pas comment le gouvernement a préféré avoir recours à une rectification du budget national afin de prendre en compte, dans la loi de finance, des dépenses injustifiées effectuées sur fond de fraude, malversation et corruption au lieu de s’engager fermement à apporter des solutions aux problèmes des travailleurs.

 

 

Après tout, la résolution de problèmes existentiels ne vaut-elle pas mieux que la satisfaction de besoins de prestige ? Surtout que le futile est beaucoup plus cher que l’utile.

Cheick TANDINA

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1 commentaire

  1. On a l’impression que nous sommes en face de 2 stratégies: guerre d’usure pour le gvnmt afin d’amener l’UNTM à diluer ses doléances ds du futile et l’amener à accepter des miettes et de l’autre l’UNTM qui veut mettre KO le gvnmt qu’il sent incompétent, laxiste et mal préparé. Que le meilleur gagne avec les travailleurs du Mali qui sont les moins bien payés de la sous-région.

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