La Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) a fait une sortie médiatique musclée contre le gouvernement face à la lenteur constatée dans le traitement de ses doléances. C’était le Lundi dernier au siège de ladite centrale, sise au quartier du fleuve. Ces mêmes préoccupations syndicales, qui pousseront la CSTM à observer une grève de 72 heures à partir du 27 novembre prochain, si rien n’est fait, ont été l’objet d’un point de presse, tenu le lendemain à la Bourse du travail, par l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), où le secrétaire général Siaka Diakité et ses lieutenants exprimaient haut et fort leur satisfaction par rapport à l’avancée notable dans l’exécution de leurs revendications contenues dans un cahier de doléances, par le gouvernement et le patronat. Simple coïncidence ou guerre médiatique syndicale, en tout cas, on n’arrive pas à comprendre ces contradictions entre les deux centrales du pays, qui ne semblent pas être sur le même diapason par rapport au bien-être social du travailleur malien.
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Après le premier débrayage de 48 heures, observé par les enseignants du secondaire, dont le second de 72 heures est en préparation pour le mois prochain, avec la rétention des notes d’examen au niveau du supérieur, qui hypothèque la nouvelle année universitaire, c’est au tour de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) de mettre le pied dans le plat du nouveau gouvernement que dirige Modibo Sidibé. Pour ce faire, elle envisage mettre ses militants en grève de 72 heures les 27, 28, et 29 novembre prochains, si d’ici là, un terrain d’entente n’est pas trouvé dans les négociations en cours entre la centrale et le gouvernement. De quoi créer la panique dans les rangs du nouveau gouvernement, bien que de mission, qui n’a même pas eu de période de grâce et qui vient à peine de recevoir son ordre de mission, intitulé lettre de cadrage, des mains du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré.
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Pour la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), qui a tenu son point de presse le 19 novembre dernier, la grève de 72 heures est motivée par la non satisfaction par ses partenaires que sont le gouvernement et le patronat du Mali, d’une liste de 51 points de revendications. On peut constater que ces revendications s’articulent au tour de la défense des droits des syndicats, des travailleurs compressés, la révision à la hausse des frais de mission des chauffeurs et conducteurs de l’Etat, l’augmentation des salaires, l’augmentation du taux des allocations familiales de 100%, la correction des inégalités constatées dans la grille notamment pour les catégories B1 et B2, le retrait de l’école du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) et la redéfinition d’une nouvelle politique de l’éducation, la révision des textes relatifs à l’avancement des travailleurs non enseignants de l’éducation, la relecture des conventions collectives, la diminution de l’Impôt sur les traitements et salaires (ITS), l’avancement des travailleurs qui à la veille de leur départ à la retraite ont bénéficié de la notation « bon », le payement des arriérés de salaires, des indemnités de licenciement, des fonds de réinsertion et des droits des travailleurs des sociétés et entreprises d’Etat, la baisse des tarifs d’eau, d’électricité, de téléphone, des produits de premières nécessités et des produits pharmaceutiques etc.
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Pendant que les commentaires sur ces différentes revendications de la CSTM allaient bon train dans les milieux syndicaux, voilà que le lendemain, c”est-à-dire le mardi 20 novembre, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), convoque la presse pour informer l’opinion de sa satisfaction par rapport à l’exécution par le gouvernement et le patronat de leurs points de revendications, depuis la signature du protocole d’accord du 18 Juillet dernier, et dont les plus essentiels se recoupent avec ceux de la CSTM et pour lesquels celle-ci entend déclencher une grève de 72 heures dans les jours à venir. Au cours de ce point de presse, qui avait l’allure d’une réaction contre celui précédemment organisé par leurs rivaux de la CSTM, les conférenciers de l’UNTM ont fait savoir qu’à part la revendication relative à l’octroi d’une indemnité de départ à la retraite à tous les travailleurs du secteur public, parapublic et privé, tous les autres 19 points de revendications, qui figurent pourtant en bonne place dans les revendications de la CSTM, ont un niveau d’exécution satisfaisant. Pour preuves, Siaka Diakité dira que le gouvernement a transmis à l’Assemblée Nationale pour adoption en avril 2008, les textes ayant trait à l’avancement des travailleurs, qui à la veille de leur départ à la retraite ont bénéficié de la notation « bon ». En ce qui concerne le payement des dus des compressés, des partants volontaires à la retraite et des arriérés de salaires estimés à 2, 5 milliards de francs, l’UNTM précise que le gouvernement va solder cette dette à compter de 2008, et la première tranche en est même déjà acquise. Aussi, les conférenciers de l’UNTM se sont-ils réjouis de la baisse constatée sur le prix du téléphone et ils misent sur celle de l’électricité avec l’interconnexion au réseau ivoirien. Concernant les denrées de premières nécessités, un forum est prévu au mois de décembre prochain. Selon Siaka et ses camarades, la relecture des différentes conventions est en cours et le principe de l’intégration des contractuels de l’Etat à la fonction publique a été arrêté. Par ailleurs, Siaka Diakité a rappelé que le gouvernement a consenti une hausse de salaire de 5% en 2008 et de 5% en 2009. Ce qui amènerait la valeur du point d’indice à 315 francs CFA. En outre, l’impôt sur les salaires a été rabaissé de 2 points de pourcentage, ce qui contribuera à améliorer les conditions de vie des travailleurs, ont-ils ajouté.
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Comme on peut ainsi le constater, il existe bel et bien une similitude entre les différents points de revendications contenus dans les cahiers de doléances de chacune des centrales. Et pourtant, les deux ne parlent pas le même langage par rapport à la résolution des mêmes préoccupations. Tandis que l’une se plaint des lenteurs constatées dans l’exécution, l’autre se satisfait des avancées significatives dans la résolution des mêmes doléances. Ce qui nous amène à nous poser des questions sur les vraies motivations de la sortie médiatique de l’UNTM. Est c’est une réaction de rivalité, ou de jalousie que l’UNTM a faite contre la CSTM ? C’est ce qui semble être vrai, car le secrétaire général de la CSTM, nous a confié hier que bien avant le dépôt de son préavis de grève, il avait au préalable saisi l’UNTM pour consultation, mais cette demande n’a pas connu de suite. En tout état de cause, ce n’est pas dans une telle confrontation que notre monde syndical trouvera son salut.
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Abdoulaye Diakité
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