Il est évident que la raison d’être d’un syndicat est de se battre pour valoriser les conditions de travail et de vie de ses membres. Mais, revendiquer l’ajournement d’un collègue en la personne de Boubacary Cissé, Maître Assistant à l’IUG par la 8ème session de la CNELA ou l’exclusion du SNESUP de la Commission d’évaluation des dossiers de hiérarchisation des agents des Institutions d’enseignement supérieur et de recherche ne revient-il pas à réduire le rôle du syndicat à un simple corporatisme ? Malheureusement, c’est à ce spectacle ahurissant que les professeurs actuels de nos universités nous ont donné d’assister. Au mépris des intérêts du pays et des étudiants, dont le niveau ne cesse de reculer d’année en année.
Jadis, pays d’excellence où les sortants des écoles de formation étaient prisés sur le marché de l’emploi en Afrique, le Mali devient aujourd’hui un pays de médiocres, où les traitements induits et les avancements de faveur ont remplacé la compétence et la rigueur dans les modes de fonctionnement. Le hic dans tout cela, c’est le comportement des syndicats face à la dérive. Au lieu d’être à l’avant-garde des combats pour la promotion de l’excellence au Mali, ils se sont transformés en officines d’autopromotion, d’enrichissement illicite, bref de réussite personnelle tout court au détriment de l’ensemble.
Ils ne sont jamais fâchés que lorsque les autorités tentent de faire référence aux textes dans le traitement des dossiers. Surtout lorsque la réforme proposée est censée améliorer une situation anormale qui ne profite qu’à une minorité. Ils crient aussitôt au scandale. Est-ce exagéré de dire que c’est seulement au Mali que les professeurs d’université avancent par décret pris en conseil des ministres. On se rappelle que la lutte contre cette méthode d’avancement a été l’un des derniers combats que le regretté feu Pr Mamadou Lamine Traoré, alors ministre de l’Education Nationale, a livré peu de temps avant sa mort. Tandis que dans les autres pays, les avancements sont non seulement individuels mais sanctionnent un travail de recherche.
Rares sont les professeurs maliens qui produisent des ouvrages de recherches dans leur domaine de compétence. Dans les universités maliennes, la contingence tue l’essentiel, autrement dit la course aux plus belles étudiantes à qui des bonnes notes sont distribuées contre des soirées galantes dans des … ou l’argent des étudiants contre des notes de complaisance. La recherche et l’excellence constituent le dernier des soucis. Après tout, on peut avancer sans fournir le minimum d’effort. Les jeunes diplômés qui ont envie d’innover les choses sont poussés à la sortie. Les anciens font tout pour garder la main sur le maximum d’heures supplémentaires. Cette fortune indument amassée sur l’autel de la souffrance des étudiants, est investie dans les belles voitures pour faire la java ou dans des châteaux. Rien dans la recherche de la connaissance. C’est pourquoi, lorsque certains se retrouvent face à des collègues très denses des Universités sénégalaises, ivoiriennes, béninoises, burkinabés, etc. ils perdent l’usage de la langue.
En témoigne l’invasion du marché de l’emploi dans l’éducation au Mali par les jeunes béninois et togolais. Une honte pour un pays qui a constitué un vivier d’enseignants pour ces pays un moment, dans les années 70. Que Dieu sauve le Mali!.
M . A. Diakité
Courage pour votre travail. Une nuance toutefois. C’est le CAMES et/ou la CNELA qui proposent la nomination au grade de professeur. Les projets de décret sont transmis au Secrétariat général du gouvernement par le ministère de l’Enseignement supérieur pour introduction en conseil des ministres. Donc, ce dernier ne fait qu’institutionnaliser les propositions émanant du CAMES et de la CNELA.
Comments are closed.