Le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali invite le gouvernement et le patronat à donner une suite pour son extinction au protocole d’accord du 2 octobre 2011.
L’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) a célébré jeudi 1er mai la fête du travail, à travers un important défilé sur le Boulevard du Peuple. L’événement, qui a réuni le ministre de l’Emploi et porte-parole du gouvernement Mahamane Baby, ainsi que deux de ses collègues, était placé cette année sous le signe «de la paix et de la réconciliation nationale».
Dans son allocution, le secrétaire général de l’Untm Yacouba Katilé dira que le 1er mai, journée internationale du travail, rappelle à la mémoire les événements tumultueux de la fin du 19ème siècle marqués par les férocités de l’homme qui s’est «sous-humanisé» contre son semblable, pour le réduire à une impitoyable exploitation. Ce rappel historique l’a emmené à se pencher sur le cas spécifique du Mali, où à la même période, les tortures, le manque de salaires, de nourriture et la charge de l’administration coloniale française ont été des modes de supervision du travail et de gestion du personnel.
C’est pourquoi, dira M. Katilé, en ce début du 21ème siècle, il est triste de constater que les 8 heures de durée journalière du travail ne sont pas encore des acquis sur notre sol natal. «Précisément dans les mines où nos compatriotes sont soumis à 10 heures voire 12 heures d’activités au fond des mines, sans équipement de protection, sans droit syndical véritable, et finalement sans salaire conséquent, compensant l’énorme dépense physique et intellectuelle», a-t-il indiqué. Et d’ajouter «l’Etat, les bureaux de placement privés doivent imposer aux sociétés étrangères le respect de la dignité humaine en chaque travailleur malien. Il faut aussi que l’Etat, le patronat s’investissent pour la régularisation des 8 heures de détente … à l’instar de tous les pays de la sous-région».
Pour M. Katilé, au sortir de son 12ème congrès, l’Untm entend défendre les intérêts des travailleurs. Car, dit-il, l’honneur du Mali n’est pas dans l’implacable indigence des travailleurs qui, depuis des décennies, se trouvent au banc de la hiérarchie des salaires dans notre sous-région.
Selon lui, l’amélioration de l’existence morale et matérielle des travailleurs ne doit être un vil slogan destiné à endormir les consciences pendant que les ressources secrétées par leurs exercices de tous les jours sont utilisées voire gaspillées à entretenir ceux qui travaillent le moins, à financer des actions de prestige. Pour lui, l’Untm ne saurait entériner dans un silence complice, les nombreuses atteintes au droit du travail, notamment dans le secteur privé : licenciement abusif et sans droit, non immatriculation à la sécurité, non octroi de congé, non avancement en salaire, et pire, refus de créer et adhérer au syndicat.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement Mahamane Baby, qui a prêté une oreille attentive aux différentes doléances de l’Untm, dira que le gouvernement va examiner ces différentes revendications et verra dans la mesure des ses moyens comment trouver une solution pour leur mise en œuvre.
Dans l’après-midi, le patron de l’Untm était face à la presse pour un point de presse. Au cours duquel, Yacouba Katilé est revenu sur les missions et orientations du bureau exécutif de l’Untm. À l’en croire, la mission fondamentale de son bureau est la poursuite des orientations fixées par le congrès. À ce titre, il s’agit de contribuer à travailler avec les partenaires sociaux et le gouvernement jusqu’à l’extinction de tous les points contenus dans le Protocole d’accord Untm-gouvernement /Cnpm du 02 octobre 2011. Selon le secrétaire général de l’Untm, ce protocole souffre dans sa mise en œuvre. Il a alors invité le gouvernement et le patronat à lui donner une suite pour son extinction.
Alhousseini TOURE
Célébration de la fête du travail par la Cstm
La création d’emplois en ligne de mire !
Le Mali a célébré le 1er mai, Journée internationale du travail. À cette occasion, la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) a organisé une conférence-débats sous le thème : «Problématique de la création et de la promotion de l’emploi et du travail décent face à la question de la cohésion sociale».
La cérémonie d’ouverture de cette conférence-débat était présidée par le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction des régions du Nord, Hamadoun Konaté, en présence de son homologue de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné et du secrétaire général de la Cstm, Hamadoun Amion Guindo.
En effet, 1886-2014, il y a de cela 128 ans que des femmes et des hommes, des ouvriers et des ouvrières, à Chicago se sont révoltés, se sont battus et ont sacrifié leurs vies pour obtenir la Journée de travail de 8 heures. Ces hommes et femmes ont consenti le martyr pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière. Pour leur rendre un vibrant hommage, des générations successives de travailleurs célèbrent cette journée historique du 1er mai, consacrée à la fête internationale du travail en mémoire de leurs sacrifices.
Selon le secrétaire général de la Cstm , Hamadoun Amion Guindo, après deux années de pause, 2012 et 2013, pour des raisons de crise politico-sécuritaire que nous avons durement vécue, sa Centrale syndicale a estimé, au regard du constat, de s’attaquer aux racines du mal dont les maux sont connus sous le vocable de la crise de l’emploi, de la lutte contre la pauvreté, du défi de justice sociale et du non-respect des libertés surtout syndicales. C’est pour cette raison, dit-il, que la journée a été placée sous le signe de la problématique de la création et de la promotion de l’emploi et du travail décent face à la question de la cohésion sociale.
«Nous avons conscience que vous n’avez hérité de l’Etat que de nom. Nous avons aussi conscience que tout est à reconstruire, mais la construction doit s’opérer sur les piliers fondamentaux de la cohésion sociale que sont le respect des droits, des libertés et de la justice sociale, socle d’un développement humain durable. C’est sur la base de la réalisation de ces chantiers que la Confédération syndicale des travailleurs du Mali s’engagera auprès de vous», a déclaré Hamadoun Amion Guindo.
En outre, selon le secrétaire général de la Cstm, au plan de l’emploi, des chantiers ont été enregistrés ces deux dernières années dans les secteurs du bâtiment et de l’hôtellerie. Mais certaines fermetures sont dues à la crise vécue, ainsi que des licenciements massifs dans les entreprises minières et dans des services publics. Toutes choses, dit-il, qui sont certainement imputables au non-respect des droits et libertés, en général et à l’ingérence de l’Etat dans la gestion des affaires syndicales, en particulier.
«Il faudrait qu’ensemble, nous acceptions que nous devons changer de comportement, parce que les Maliens aspirent à ce changement, d’une part, et parce qu’ils l’ont exprimé pendant les élections présidentielles et législatives, d’autre part. Votre gouvernement a été dédié à ce changement, parce que nous ne devons plus vivre ce que nous avions connu, alors progressons vers un Etat de droit jalousement soucieux de l’avenir de sa jeunesse», a conclu Hamadoun Amion Guindo.
Le ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Hamadoun Konaté, a indiqué que cette fête du travail se tient au moment où le gouvernement vient de présenter sa Déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Avant d’ajouter : «Nous avons souci d’aller vite et bien. Le gouvernement a souci de la création d’emploi».
Diango COULIBALY