Le secrétaire général de l’UNTM Yacouba Katilé, non moins premier vice-président du Conseil Economique Social et Culturel, son adjoint et Président du Conseil d’administration de la CANAM, le très actif Ben Kattra, ainsi que le secrétaire général de la CSTM, Amadoun Amion Guindo et non moins Président du Conseil d’administration de l’AMRTP, ont-ils mordu à l’hameçon du pouvoir en abandonnant leurs militants dans leur combat pour la survie ? Ils sont inaudibles face à une crise sociale aiguë caractérisée par la vie chère et les grèves à répétition de certaines couches socio professionnelles revendiquant des conditions de vie décente et un mieux-être social. Pourquoi ne soutiennent-ils plus les syndicats membres de leurs centrales dans leurs revendications corporatistes ? Quelle démarche ont-ils entreprise pour désamorcer la bombe relative à la grève illimitée des magistrats ? Démentiront-ils les allégations qui font état de leur connivence avec le pouvoir ?
L’histoire retiendra que contrairement au mandat de Siaka Diakité, c’est sous le mandat du tandem Katilé et Ben Kattra que les travailleurs auront obtenu des augmentations substantielles. Mais, il n’en demeure pas moins qu’ils passent aujourd’hui pour être ceux qui restent indifférents à la crise sociale aiguë qui frappe leurs militants. Est-ce, parce qu’ils sont au Conseil Economique Social et Culturel ou bien PCA de l’INPS pour le premier et celui de la CANAM pour le second ? Leur silence assourdissant donne lieu à toutes sortes de supputations et d’interprétations. Nombreux sont les militants des syndicats affiliés à l’UNTM qui se disent déçus et trahis par le sommet, à commencer par les enseignants de tous les ordres d’enseignement. Le SNESUP, le SYLDEF, le SYPESCO, pour ne citer que ces quelques syndicats, ont débraillé à plusieurs reprises pour réclamer leurs droits. Mais, ils n’ont jamais pu bénéficier du soutien de leur centrale. Les agents de la santé ont aussi observé plusieurs jours de grève pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail sans succès. Quand on sait le rôle combien de fois capital que jouent les agents de la santé dans l’épanouissement de la société, on ne négligerait pas ces autres mal lotis de la société. Après les enseignants, les agents de la santé, c’est aujourd’hui le tour des magistrats. Comme les autres couches de la société, les magistrats aussi demandent une nette amélioration de leurs conditions de vie et de travail et surtout leur indexation au niveau de leurs collègues de la sous-région comme ce fut le cas pour les enseignants du supérieur. Après deux grèves de 72 heures et de 120 heures, sans jamais obtenir gain de cause, ils ont finalement décidé d’arrêter totalement le travail jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. Tous ces mouvements se passent sous le nez et la barbe de ceux qui ont la responsabilité de défendre tous les travailleurs. Katilé et Ben Kattra sont désormais sur le banc des accusés de travailleurs du Mali. Ils ont tout intérêt à se lever pour défendre comme ils ont l’habitude de le faire afin que les travailleurs se souviennent longtemps d’eux.
Quant au secrétaire général de la CSTM, Amadoun Amion Guindo, après quelques sorties musclées contre le Gouvernement, c’est aussi silence radio chez lui. Le PCA de la juteuse AMRTP a-t-il opté finalement pour la défense de ses intérêts personnels au détriment de ceux de ses militants ? Ce n’est pas en tout cas le syndicat des miniers qui dira le contraire.
En somme, les travailleurs du Mali sont aujourd’hui des laissés-pour-compte tant les responsables des principales centrales relèguent au second plan leurs revendications.
Youssouf Sissoko