Ébullition du front social : Quand les donneurs de leçons oublient l’essentiel

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Alors que notre pays traverse la crise la plus grave qu’il ait connue, nous assistons à des montées de voix de divers mouvements syndicaux et  de la société civile. Préférant ainsi l’intérêt individuel à celui du grand nombre. Voyons ensemble comment certains de nos compatriotes en sont arrivés à un tel agissement, alors que nous vivons sous état d’urgence.

Loin de nous toute velléité de cracher sur ce sacro-saint droit du citoyen de revendiquer pour améliorer ses conditions de vie, nous insisterons pour autant sur l’encadrement dudit droit afin que l’on sache faire usage de sagesse pour mesurer l’opportunité de toute démarche en la matière. Dans le cas contraire, nous exposons toute la nation à des risques évidents.

L’une des explications militant à rétrograder la chose d’intérêt national au profit de celle d’intérêt individuel chez un être est, à n’en point douter, l’interprétation excessive faite des libertés individuelles et de la démocratie.

Car pour beaucoup de nos compatriotes, ces deux valeurs consacrent leurs droits. Et non leurs devoirs envers la société. On les appelle intellectuels alors qu’ils n’en sont pas vraiment. Ils sont peut-être bien instruits de ce qu’ils auraient appris au cours de leurs formations académique et professionnelle. Mais ils ne sauraient vous trouver la bonne guidée lorsque vous leur soumettez des sujets hors de leur domaine d’études.

Ce galvaudage du mot «intellectuel»  est la résultante de l’un des mauvais héritages reçus de la colonisation qui assimile l’intellect au niveau d’études atteint dans l’école du Blanc. Ainsi, nos ancêtres, malgré toute l’intelligence dont ils faisaient montre par leur personne et leur réalisation, n’ont jamais pu jouir du titre  d’intellectuels, car n’ayant jamais répondu présents dans les classes du colonisateur.

Cela fait que nous voyons encore aujourd’hui toute personne ayant fait de longues études comme étant intellectuelle alors que le mot a un tout autre sens. L’intellectuel est celui qui, face à quelle que situation, sait prendre la meilleure option possible. Appliquée à une nation démocratique, l’intellectuel serait donc cette personne capable de choisir le schéma à même de satisfaire le grand nombre. Il ne serait point tel celui-ci qui, appelé pour éteindre un incendie dans la case voisine, laisse tomber son seau d’eau pour se mettre à la poursuite d’un rat sorti des flammes. Et qui, à son retour, trouve tout le village en cendres. Sa case avec. Il serait celui-là qui, pour l’intérêt de la majorité, serait prêt à sacrifier le sien. La réflexion s’impose donc.

Raisonner et non pas résonner

Le raisonnement commande de juger les acquis possibles à l’aune des  dangers possibles pour toute la population. S’ils le faisaient, ces frondeurs comprendraient, tous autant qu’ils sont, que l’état d’urgence ne se décrète pas. Nous sommes en guerre ! Et la guerre s’impose à tout autre sujet.

Le seul combat dans ce contexte est celui de ramener la paix sans laquelle toute autre entreprise serait vouée à l’échec. Et la guerre ne saurait aucunement s’accommoder à des bisbilles et autres broutilles, mères de divisions internes qui ramollissent, un peu plus, nos flancs tournés vers l’ennemi. On ne peut se permettre d’être divisé alors que nos ennemis s’unissent tout autour de nous. Ainsi donc, les appels aux troubles à l’ordre et à la bonne marche de nos institutions causés par les syndicats et certains mouvements de la société civile ne peuvent que faire la part belle à tous ceux qui rêvent de voir notre civilisation malienne, emprunte de tolérance et de laïcité, disparaitre à jamais.

Toutes ces revendications aussi légales qu’elles puissent l’être ne revêtiront sûrement pas l’étoffe de la légitimité, car le peuple voit cela d’un mauvais œil à cause de l’inopportunité qui les caractérise. Elles n’apparaissent dès lors que comme du bruit; la chose la moins désirée en ces temps de psychose due aux jihadistes. Il se peut que les syndicats et autres Biprem sachent tout cela, mais s’y engagent pour une bonne raison. Celle de bloquer le pays à des fins qui ne sont surtout pas d’intérêt commun à tous les Maliens.

Ils veulent crever la pirogue abord de laquelle ils voyagent

Si malgré tout cela, les mouvements syndicaux qui appellent à bloquer l’administration, et le Biprem qui souhaite voir décapiter l’Etat, ont mis leurs machines en marche, c’est parce qu’ils ne s’imaginent pas comme pouvant être des victimes de leurs propres actes. Cela prouverait qu’ils seraient en train de confirmer le manque de relation naturelle entre le niveau d’études et l’intellectualisme. Car on ne peut songer, même l’espace d’une seconde, à vouloir faire un trou dans le fond de la pirogue à bord de laquelle nous nous trouvons juste parce que l’on exècrerait le piroguier ou du fait qu’on n’aurait pas eu la place souhaitée. Et ça, il ne vous faudrait pas être allé à l’école du Blanc pour le comprendre !

Les discussions entre les parties maliennes sont bien lancées et font poindre l’espoir de lendemains meilleurs. Ce qui requiert l’adhésion de tous et surtout un climat paisible au niveau du front social.

Il est, plus que jamais, temps pour que les uns et les autres cessent de jauger le poids de leur patriotisme à leur capacité à provoquer l’échec du mandat du président IBK. Car son seul et vrai mandat reçu de la part du peuple du Mali est celui de ramener la paix tout en gardant intacte notre intégrité territoriale.

Qui peut bien souhaiter l’échec d’une telle mission dont nous avons tous hérité et dont nous bénéficierons tous en cas de succès ? Laissons le rat s’échapper et œuvrons à circonscrire l’incendie pour le bien de tous et de chacun. Car si les revendications peuvent attendre, il n’en n’est pas de même pour ce qui concerne la paix.

Abdoulaye KONATE

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