Ce n’est pas faute d’avoir tenté. Aussitôt la menace brandie, à l’issue d’une récente assemblée générale, la grogne des travailleurs a donné lieu à deux fronts de médiation : la traditionnelle commission du département de la fonction publique, puis une initiative interne émanant d’une direction générale. La première démarche semble avoir tourné court pour cause d’indisponibilité du chef de la tutelle, Mamadou Igor Diarra, tandis que la seconde n’est tout simplement pas créditée des compétentes adéquates pour affronter le mur de revendications dressé par la section syndicale : réduction des inégalités dans la répartition des primes sur le résultat, statut particulier et plan de carrière des agents, utilisation judicieuse des fonds d’équipement, etc. Le chapelet est manifestement beaucoup plus long et nécessite – pour la plupart des graines – une modification des textes afférents au service des impôts. Toutes choses sur lesquelles la Direction générale n’a aucune emprise, quoiqu’elle paraisse moins indifférente à la menace syndicaliste que jamais, selon un responsable syndical.
En outre, lors de leur précédente assemblée générale, les travailleurs, sous la houlette du Secrétaire général Ali Ousmane N’Daou, sont montés au créneau pour déplorer la noyade de leurs revendications, depuis 2011, dans les méandres de promesses illusoires de la hiérarchie. Il ne parait donc point évident, à leurs yeux, qu’une solution soit envisageable dans un accord entre la direction et la section syndicale. Si les protagonistes ont au demeurant peiné toute la semaine à accorder leurs violons, c’est aussi que leurs barrières d’incompatibilités se sont solidement érigées sur des rapports assimilables à la ‘’lutte des classes’’ entre agents et décideurs du service des impôts. Au bas de la pyramide on dénonce, depuis plus d’une demi-décennie environ, une injuste récupération de l’effort collectif par les seigneurs dont certains peuvent se taper jusqu’à 150 fois la prime d’un travailleur ordinaire. S’y greffent par ailleurs les redéploiements arbitraires d’agents à cause de leur engagement syndical, les avancements spectaculaires de nouveaux cadres au détriment des plus expérimentés, etc.
Somme toute, à défaut de rassurer l’inspecteur Ali N’Daou et ses hommes par des engagements moins hypothétiques que les promesses de la direction, les autorités vont devoir consommer une cessation de travail de 48 heures que les travailleurs des impôts sont plus que jamais déterminés observer pour prouver leur attachement au changement. La menace est d’autant plus sérieuse qu’une bagatelle de 610 milliards sont attendus du service des impôts comme contribution au trésor public.
Abdrahmane KÉÏTA