Crises et grèves à répétition au Mali : Quels impacts sur un pays en crise profonde ?

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La Coordination nationale de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), a entamé, lundi le 21 novembre 2022, une grève de 5 jours, soit 120 heures, reconductible, après l’échec des négociations avec les autorités. Les grévistes dénoncent, « le non-respect de certains engagements pris par la partie gouvernementale lors des négociations, le retard constant et accru du paiement des allocations financières dans une grande majorité des institutions d’enseignements supérieurs (IES), l’absence de connexion internet dans les (IES), les difficultés d’accès aux moyens de transports par la grande majorité des étudiants depuis la mise en place de la politique des cartes de transport ». Comme si cela ne suffisait pas, Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont aussi annoncé une grève de trois jours allant du mercredi 14 au vendredi 16 décembre 2022 inclus.  Ceux-ci exigent «l’application immédiate de l’article 39 » de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale. Les magistrats et les Greffiers sont également sur le starting block et s’apprêtent à sprinter. Ils ont tous leurs préavis de grève sur la table du gouvernement.    Il faut savoir que Les contentieux entre élèves, étudiants ou enseignants conduisent à des années scolaires et académiques blanches ou tronquées. Quant aux acteurs de la justice ils paralysent le secteur au grand dam de la population.

Les grèves répétitives des enseignants et des élèves gangrènent le système éducatif Malien, et occasionnent une baisse drastique du niveau des élèves et étudiants. En effet, au Mali, souvent au mépris du droit, enseignants et étudiants débraillent ou revendiquent leurs droits  en foulant aux pieds ceux d’autres.  La pédagogie est souvent sacrifiée sur l’autel des intérêts partisans, alors que nous n’avons en commun que ce Maliba qui nous avons hérité de nos ancêtres. Nulle prétention pour nous de remettre en cause la légitimité de leurs revendications encore moins la légalité, mais c’est certainement la manière qui laisse souvent à désirer.

En démocratie, chacun est libre de réclamer son dû, mais en privilégiant l’intérêt général. Pour l’AEEM, il serait bon d’épargner les élèves du fondamental pour permettre aux enfants d’acquérir suffisamment de notions, or le constat est que   Chaque année, les écoles maliennes perdent l’équivalent plusieurs mois  à cause de ces mouvements, sans compter leur coût pour les contribuables. Quant aux enseignants, ils ont le droit de réclamer, mais souvent leur méthode manque d’élégance. Ils peuvent revendiquer en restant en classe. L’arrêt de travail doit être l’ultime recours après toutes les tentatives.

Quelles sont les principales raisons de ces grèves ?

L’enseignement dans bon nombre de pays africains en général et du Mali en particulier reste  le parent pauvre du budget national, “un peu partout, on sait qu’il y a une série de revendications corporatistes”, Par exemple, les enseignants sont en grève parce que leur article 39 qui est une loi n’a pas été appliqué. Les étudiants et les élèves sont en grève parce  qu’eux aussi connaissent soit un retard criard dans le paiement de leurs trousseaux, bourses et autres broutilles indispensables pour pouvoir suivre normalement les cours. Donc en divisant la poire à deux, chaque partie doit faire l’effort afin que le juste milieu puisse être trouvé au grand bonheur de tous les acteurs de l’école malienne, à savoir parents d’élèves, élèves, étudiants, enseignants pour ne citer que ceux-ci.

Quid des autres syndicats ?

Il n y a pas que les enseignants et élèves qui grèvent au Mali, sous la transition, mais presque toutes les corporations sont en ébullition. Les deux puissants syndicats des magistrats, à savoir le SAM et le SYLIMA projettent également de rester à la maison ou de vaquer à autre chose si leurs revendications ne sont pas satisfaites d’ici la fin du mois de novembre.       Comme si cela ne suffisait pas la Synergie des syndicats des Greffiers soufflent dans la même trompète que les magistrats, même si leurs revendications ne sont pas les mêmes. Ils entrent en dissidence contre l’Etat si leurs primes de judicature ne sont pas octroyées.  Le gouvernement trouvera-t-il un compromis avec ces syndicats pour éviter que leurs grèves n’aient lieu ?

Grèves d’étudiants, grèves d’enseignants, grèves des magistrats, quelles solutions ?

Bref rappel historique,  l’école malienne a été marquée par les mouvements syndicaux depuis les événements de 1991 qui ont conduit à un changement de régime politique et à l’instauration de la démocratie. Ces mouvements de grève ont été menés par plusieurs organisations syndicales, dont l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), créée en 1990, le Syndicat national de l’enseignement pour ne citer que ces deux. Donc pour dire que les grèves n’ont pas commencé aujourd’hui, quand aux magistrats ils ont leurs syndicats conformément à la législation en vigueur, donc toutes les revendications sont légitimes. Il revient à l’Etat, au-delà des discours politiques ou politiciens, de trouver un compromis, en faisant ce qui est faisable, mais surtout en réduisant drastiquement  son train de vie. Car pour tous grands observateurs, l’école n’est qu’une préoccupation de seconde zone des plus hautes autorités de notre pays. Tout comme la justice, le dernier souci, alors que ces deux secteurs sont les fondements de toute nation qui veut compter demain.

Assitan DIAKITE   

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