Le Mali, à l’instar du monde entier, a célébré la journée internationale du travail. Occasion pour les organisations syndicales de jeter un regard rétrospectif sur l’évolution des conditions de vie des travailleurs, la situation actuelle du front social et plusieurs questions d’ordre national. C’est ainsi que l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), fidèle à la tradition, a tenu un grand défilé sur le boulevard de l’indépendance, placé sous le thème «la protection sociale de nos travailleurs et l’ensemble de notre population».
Cette cérémonie qui a été marquée par le discours du Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité qui s’est livré à un vrai diagnostic des points de tension sociale que sont les élections de 2012, l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), l’école et l’insécurité.
C’est devenu une tradition qu’à chaque 1er mai, l’UNTM tienne son grand défilé sur le boulevard de l’indépendance. Une cérémonie grandiose présidée par Abdoul Wahab Berthé, Ministre du travail et de la Fonction publique qui avait à ses côtés le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité et plusieurs membres du Gouvernement. L’imposant défilé a permis aux différents Comités fédérés non seulement de participer à la fête, mais aussi d’adresser des messages aux autorités. Pendant près de quatre heures d’horloge, les travailleurs de toutes les branches socio-économiques ont défilé, avec des banderoles, des pancartes, des équipements et engins de travail.
La centaine de Comités de base qui ont défilé, proviennent de toutes les branches d’activité économique : production, métallurgie, bois et bâtiments, éducation et culture, poste, construction civile, mines et énergie, alimentation et textile, santé et action sociale, banques et établissements financiers, administration d’Etat, protection sociale, sécurité et transport…
La question de l’Assurance Maladie Obligatoire(AMO) a été l’un des thèmes forts de cette manifestation. Cela, à travers le désaccord entre la Centrale syndicale et le Syndical national de la police hostile à la mise en œuvre de l’AMO. L’intervention du Secrétaire général de l’UNTM s’est articulée autour de 6 points principaux à savoir les élections générales de 2012, l’AMO, l’école, la sécurité, le prix des produits de première nécessité et le dialogue entre la Centrale syndicale et le gouvernement. Sur ce dernier point, le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le gouvernement dans la mise en œuvre des accords. «Depuis 2007, nous avons soumis au gouvernement et au Conseil national du patronat un cahier de revendications dont certains points cruciaux connaissent un mortel enlisement. Nous n’avons pas compris le silence du gouvernement et du patronat. Nous sommes surpris de constater que les réponses attendues vont dans un sens contraire à nos attentes. C’est un dialogue de sourds qui nous irrite. Nous invitons les parties à bien relire leurs copies pour éviter un bras de fer», a-t-il martelé.
Parlant de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), le Secrétaire général a exprimé son regret de voir une manifestation hostile contre l’application de l’AMO de la part de ceux qui, par le passé, avaient pourtant été associées aux débats. Partant de ce constat, Siaka Diakité estime que leur hostilité est à la mesure de leurs contradictions.
En tout cas, la mise en œuvre de l’Assurance Maladie Obligatoire porte aujourd’hui un coup dur à la cohésion et à l’unité de l’UNTM. Pour preuve, le Syndicat national de la police est décidé à ne jamais se soumettre à l’application de cette nouvelle mesure de l’Etat. Cette position de la police s’est manifestée par de violentes altercations le jour même du défilé. Nous avons été témoins de deux scènes de pugilat ; d’une part entre les policiers eux-mêmes, et d’autre part, entre la police et Mamadou Coulibaly, membre du bureau exécutif de l’UNTM. Le Syndicat national de la police accuse le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité d’avoir perçu plus de 40 millions comme pot de vin pour imposer aux travailleurs l’AMO.
En ce qui concerne l’insécurité, le syndicaliste regrette que notre pays, jadis un havre de paix, ait perdu cette notoriété. Il a, dans ce sens, indiqué que cette flambée de l’insécurité interpelle les plus hautes autorités et le Gouvernement.
Parlant de l’école, le Secrétaire général, après avoir dressé sa situation dramatique, a invité les partenaires au dialogue pour bâtir une école dans une Nation forte et prospère.
Abordant le prix des denrées de première nécessité, Siaka Diakité a relevé la souffrance des Maliens qui connaissent une flambée de prix sur le marché malgré la mise en place du Conseil national des prix.
Enfin, à propos des élections générales de 2012, l’UNTM exprime des inquiétudes lucides quant à leur issue. Pour la sauvegarde de l’unité et de la cohésion nationale, le syndicaliste demande vivement au gouvernement de prendre les dispositions y afférentes à travers un fichier électoral performant et publié à temps pour favoriser des élections régulières, transparentes et équitables
Faut-il souligner qu’outre le défilé, l’UNTM a organisé dans la mouvance du 1er mai, la finale de la coupe Corpo et une conférence de presse.
Nouhoum Dicko
