Tous étaient presque présents, la semaine dernière, à Bamako pour se concerter et rencontrer leur instance suprême, le Bureau Exécutif (BE) de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Ils reprochent, en effet, à leurs camarades, devenus des chefs, de garder un secret total sur la gestion de la Centrale syndicale. Ils en veulent, pour preuve, l’autarcie sur les fonds alloués par l’Etat et les partenaires à titre de subventions, les dons et legs, etc. Leur présente grogne s’explique surtout par l’humiliation subie par les syndicalistes du PMU-Mali, de l’EDM, des départements en charge de l’Education Nationale. La liste est longue. Un sursis est accordé en attendant la convocation d’un Conseil National.
Apparemment, il semblerait que des enveloppes auraient circulé dans les allées de la Bourse du Travail pour éviter à l’actuel bureau conduit par Siaka Diakité de chuter précipitamment. Car, à leur arrivée à Bamako, les délégués syndicaux de différentes régions avaient la ferme ambition d’en découdre avec leurs camarades, accusés de s’embourgeoiser dans les bureaux climatisés et les Conseils d’Administration, au détriment de leurs mandataires.
Les représentants des Unions régionales de Ségou et de Mopti étaient les plus chauds à passer à l’action. A la Bourse du Travail, ils se sont, d’abord, tenus à l’écart des responsables du bureau. A maintes reprises, ils se sont entretenus en aparté. Des indiscrétions firent, ainsi, état d’actions imminentes contre Siaka Diakité et consorts. Certains évoquèrent haut et fort qu’ils ne voulaient plus des membres d’un tel bureau. D’autres avancèrent des preuves à l’appui. Ils dénoncèrent, en effet, la non tenue d’instances régulières de la Centrale syndicale. Pour eux, il est inadmissible qu’avec toutes les crises sociales des dernières années, que Siaka Diakité et les siens ne puissent pas organiser de rencontres sérieuses entre les délégués syndicaux.
Ils ont fustigé le fait que les syndicats nationaux n’aient pu se rencontrer pour débattre des problèmes de Bamako et d’ailleurs. Or, constatent-ils, dans de nombreux services de la capitale, des délégués syndicaux furent embastillés, suspendus ou renvoyés par leurs employeurs pour seulement des faits de grève. Parmi ces employeurs, il y a l’Etat, l’administration publique et les privés. Dans les pires cas, des syndicalistes n’échappent pas à la prison avant d’être licenciés.
Des exemples sont donnés. Au PMU-Mali, à l’Energie du Mali (EDM-SA), entre autres, des membres de comités syndicaux se sont, en effet, retrouvés en chômage technique. Les moins chanceux furent chassés de leurs emplois sans motifs sérieux. En violation des conventions, traités et autres lois de la République, des syndicalistes ont fait valoir leurs droits à la retraite.
C’est, donc, dans une atmosphère de tension que les délégués se concertèrent. Dès mardi, la tension monta. Puis, une certaine trahison s’installa. Des délégués de Bla, Tominian, entre autres, s’interrogèrent sur la situation. Ils se demandèrent comment le bureau de Siaka Diakité a pu échapper à la sanction.
Au sujet des syndicalistes en difficulté, il a été surtout question d’argent. Aujourd’hui, rapporte t-on, aucune union régionale ne sait ce que perçoit l’actuel bureau national. Sans parler des missions juteuses réservées aux seuls apparatchiks.
D’Afrique à l’Europe, ces derniers seraient les seuls à jouir des privilèges colossaux.
Ils sont sidérés également par le comportement peu responsable de certains camarades de Siaka Diakité. Celui-ci n’échappe pas aux critiques les plus acerbes. Ses accointances avec les Directeurs de services aux fins de faire plier les délégués syndicaux sont dénoncés. Par exemple, dans l’affaire PMU-Mali, il aurait été aperçu en compagnie des dirigeants de l’entreprise. En outre, murmure t-on, l’un des partenaires de la société l’aurait rapproché lors de la crise pour jouer les bons offices.
Dans cette affaire, l’un des plus proches collaborateurs du secrétaire général, un certain Kanouté, aurait obtenu la vache, le lait, le beurre et l’argent du tout. Non seulement, l’une de ses proches a eu un emploi au sein de la société, mais aussi et surtout, les portes du patron lui auraient été largement ouvertes désormais.
Le hic, c’est que le rapport circonstancié de l’UNTM n’aurait fait que défavoriser le secrétaire général du Comité syndical local au profit de cette société. Aucun élément concret et sérieux défendant le camarade, conformément aux textes évidemment, n’aurait été produit par la Centrale syndicale.
Conséquence logique, le Ségal fut sacrifié sur l’autel des intérêts sordides.
Bref, un sursis semble être accordé aux locataires actuels de la Bourse du Travail. Les délégués régionaux sont repartis très amers. Certainement que les comptes-rendus à la base permettront de voir clair et de remobiliser les troupes.
Ceux qui auraient pris des enveloppes afin de se rétracter, pourraient le regretter chèrement. En attendant, ce sont les travailleurs, forces vives du pays, qui verront leurs souffrances s’empirer. Nul doute que l’histoire tranchera. Car, à tout moment, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a su assumer ses responsabilités. Sauf présentement !
B.Koné