Notre confrère « Les Echos » dans sa livraison d’hier a réalisé un micro-trottoir sur la grève de 72 heures observée par la confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Ainsi Adama Traoré, un professeur d’enseignement secondaire estime que « ce que fait la CSTM n’est pas sérieux. En une année, un syndicat ne peut pas se présenter devant le gouvernement avec 58 points de revendications. Cela montre qu’ils n’ont pas travaillé durant toute l’année. Ce n’est pas responsable».
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Amadou Keïta, un administrateur civil affirme que « 58 points de revendications, c’est trop demander de la part de la CSTM. Tant qu’il y a travail, il y a toujours des problèmes. Les problèmes ne finissent pas. 58 points pour une année, c’est exceptionnel. S’il y a satisfaction sur quinze ou vingt, on doit laisser le reste des points pour l’année suivante. » Quant à Mme Doumbia Sadio Traoré, un agent commercial, elle affirme que « ça fera mal à des gens qui ont tous les jours besoin d’argent. Il y a des hommes d’affaires pour lesquels 24 heures de grève causent beaucoup de désagréments. »
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De ces différentes opinions, on peut retenir qu’Amadoun Amion Guindo et ses camarades ont poussé le bouchon trop loin s’ils ne l’ont pas enfoncé dans la bouteille. Non seulement à cause de la durée de la grève mais surtout de par le nombre, la nature et le contenu des revendications déposées sur la table des négociations. Réputée sage pour n’avoir pas fait grève pendant dix ans, la CSTM veut avoir tout, tout d’un coup et tout de suite en faisant monter les enchères, en se livrant à la surenchère. Les revendications d’un syndicat sérieux tournent normalement autour de l’augmentation des salaires des travailleurs, l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, le respect des droits et des libertés, etc. Tout le reste est superflu et relève de la fioriture.
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Amion Guindo le savait bien qui a fait le pari d’aller au devant de l’échec. Il savait, avant même de s’asseoir à la table des négociations, que l’Etat n’a pas les moyens de satisfaire tous ses caprices. Il a joué, il a perdu et il veut faire payer les autres, en particulier les usagers des services (banques, assurances et autres) relevant de son syndicat. Pourtant un proverbe bien de chez nous dit que quand tu veux la poule de quelqu’un, demande lui sa pintade. Amion Guindo veut certainement tuer la poule aux œufs d’or mais tant s’en va la cruche à l’eau qu’elle se casse.
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Sinon au moment de la rupture des négociations, lundi dernier, avec 16 points de non accord, 13 points d’accord et un point d’accord partiel, la CSTM pouvait reculer pour mieux sauter. L’UNTM qui est la plus grande centrale syndicale du pays avait négocié 16 points. Aujourd’hui, sur ce qu’il a pu obtenir, Siaka Diakité affiche sa satisfaction. Au départ pourtant la CSTM et le gouvernement affichaient une belle sérénité, chacun affirmant avoir confiance en la bonne foi de l’autre. N’était-ce pas une triste mise en scène annonciatrice d’un échec patent, car d’un côté ces gens là du gouvernement savent que la plus belle fille au monde ne peut donner que ce qu’elle a et de l’autre, la centrale syndicale feint d’ignorer qu’elle a demandé la mer à boire ? Face au manque de patience, chaque partie a fatalement campé sur ses positions. Pourtant, compromis ne veut pas dire compromission.
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Mamadou Lamine Doumbia
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