Hier, mardi 20 octobre 2015, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), Yacouba Katilé était face à la presse à la bourse du travail. Objectif, faire l’évaluation du protocole d’accord Untm-gouvernement- Cnpm (Conseil national du patronat du Mali) du 28 octobre 2014 et se pencher sur la crise du nord du Mali. Concernant le protocole d’accord, l’Untm affirme son satisfecit, mais se réserve le droit d’aller en grève si le reste de ses doléances ne sont pas mises en application par le gouvernement. S’agissant de la crise du nord, Yacouba Katilé a souligné que la crise du nord perdure malgré la signature de l’accord de paix par toutes les parties prenantes.
Cette conférence de presse a enregistré la présence des membres du bureau de la centrale syndicale et de nombreux militants. Depuis janvier 2012, le Mali est frappé de plein fouet par une crise jamais égalée. Et lors de cette conférence de presse, actualité oblige, le secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé s’est penché sur cette crise qui s’éternise. « La crise du nord perdure malgré la signature de l’accord de paix par toutes les parties prenantes. Notre Bureau, après une large concertation avec les unions régionales a donné son opinion officiellement aux autorités compétentes. Mais hélas, elle n’a pas été prise en compte. Le 1er mai 2015, nous avons fait des propositions de sortie de crise dans notre discours et le 05 mai 2015, nous avons fait parvenir nos propositions à l’opposition et à la majorité présidentielle. Tout cela a été fait dans la plus grande discrétion et avec respect.
Indifférence de la mouvance présidentielle
Devant l’indifférence de la mouvance présidentielle, nous avons fait la présente déclaration. Elle est l’expression de notre volonté patriotique et nationaliste de dire à l’opinion nationale et internationale quelle est notre pensée ; celle des travailleurs et travailleuses du pays. Il s’agit pour nous d’éveiller les consciences des filles et fils de la Nation pour taire leurs divergences tant qu’il s’agit de sauver le Mali, de renforcer la paix, de construire l’avenir de la nation et l’UNTM sera comme par le passé au-devant de ce combat », c’est en substance ce que le conférencier a déclaré. Avant de souhaiter que tous les enfants du Mali se retrouvent pour enfin trouver une solution à la crise qui a fait beaucoup de veuves et d’orphelins. Et de poursuivre que l’idéal est de construire une nouvelle gouvernance du territoire des hommes et des ressources, en même temps qu’il faut se donner le temps de construire et de renforcer la paix. Selon le conférencier, les difficultés du Mali ne se limitent pas au nord seulement car, ajoute-il, il y a des problèmes de gouvernance. Concernant le protocole d’accord Untm-gouvernement- Cnpm, la première centrale syndicale exige le payement des droits des travailleurs compressés (HUICOMA, Hôtel Azalaï Tombouctou, COMATEX, SMECMA, ITEMA) ; l’application des conventions collectives signées ; la publication du bilan des privatisations ; l’accélération de la relance du secteur postal ; l’harmonisation et l’augmentation du montant des différentes primes ; l’établissement d’un plan de carrière en faveur des fonctionnaires, en distinguant les emplois politiques, des emplois administratifs ; l’intégration des contractuels occupant les emplois permanents dans la fonction publique de l’Etat (Santé, Education), le rétablissement des responsables syndicaux lésés dans leurs droits ; la diminution du taux de l’Impôt sur les Traitements et Salaires (ITS) ; la modernisation et la sécurisation de l’administration générale, sur l’ensemble du territoire national, surtout dans les régions du nord. Peut-on exiger de l’Untm d’accompagner les accords alors que des travailleurs sont tués ? s’interroge le conférencier.
Exiger l’application correcte
En clair, l’Untm veut l’application correcte par le gouvernement des 17 points revendiqués l’année dernière. Selon Yacouba Katilé, il y a des accords que le gouvernement n’a pas cru devoir appliquer malgré la signature de ses négociateurs. Ces accords, dit-il, portent sur le maintien et le renforcement de l’UMPP ; sur la maîtrise des prix de première nécessité ; sur la restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER ; sur la régulation du fonctionnement des bureaux de placement ; sur la relecture des contrats miniers, sur la non-satisfaction des conventions 88, 142, 181 et 155 et le 17ème point qui porte sur la participation des travailleurs aux conseils d’administration des entreprises privées et parapubliques. Le secrétaire général de l’Untm a souhaité que des dispositions soient prises rapidement par le gouvernement pour l’application des doléances faute de quoi, la centrale syndicale se réserve le droit d’aller en grève. Cependant, le conférencier a souligné quelques points de satisfactions dont le relèvement de la valeur indiciaire et du salaire minimum, l’augmentation des allocations familiales ; la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation et l’abandon de l’augmentation unilatérale des tarifs d’eau et d’électricité.
Aguibou Sogodogo