Après ouverture de la 107è Session de la Conférence internationale du travail, les travaux ont commencé dans les différentes commissions de travail. J’ai souhaité rapporter succinctement les débats autour de ma commission de travail. Il y a 131 ans aux États-Unis, des femmes ont bravé leurs patrons entrepreneurs pour le temps de travail excessif. Elles ont été rejointes plus tard par d’autres travailleurs du monde. C’était bien sûr, le début d’une lutte pour la réduction du temps de travail.
Cette lutte a abouti à l’adoption et à la signature de la 1ère Convention (arrêtant 8 heures de par jour) par l’Agence spécialisée de l’Organisation des Nations unies (en matière du Droit du Travail) qu’est l’Organisation internationale du travail (OIT). L’organe exécutif de l’OIT, le Bureau international du travail (BIT) est, outre l’élaboration des instruments juridiques du Droit du travail, chargé de leur mise en œuvre par le suivi et le contrôle tant qu’ils sont ratifiés par les États membres, au nombre de 185 aujourd’hui. Elle assure une justice sociale dans le contexte actuel de la mondialisation de l’économie.
Suite aux missions d’un comité des experts qui produit chaque année de rapports, généralement en cas d’interpellation des États indexés à cause de leurs manquements à l’application de ces normes, une commission permanente et technique statue et discute des cas retenus. C’est dans ce cadre que cette commission a retenu 24 pays cette année à travers des violations portant sur des conventions fondamentales, une douzaine au total. Ces pays sont ainsi répartis entre : Afrique : 5, Asie: 6, Amérique : 7, Europe : 6.
La majorité des instruments juridiques portent sur le temps de travail (Conventions 1; 14; 30; 47; 106; 114; 130; 171 etc.). On comprend aisément, pourquoi la Commission technique et permanente a choisi comme étude d’ensemble, les discussions sur le «temps de travail».
Membre titulaire de cette commission, représentant le Mali côté travailleurs, j’ai suivi avec intérêt mais avec passion aussi, les débats des délégués sur la problématique question relative au «temps de travail» dans le monde aujourd’hui. C’est ainsi qu’il ressort des débats que sur 185 États membres, seuls 52 ont ratifié cette Convention n.1 relative au temps du travail. Toute chose mal appréciée par les Experts du comité de contrôle de l’application des normes.
Ils sont, à cet effet, sous le feu de critiques des employeurs en les qualifiant de n’être pas dans leur rôle de neutralité. Les employeurs estiment que ces instruments sont trop rigides par rapport au temps de travail. Cependant, les travailleurs qualifient de minutieux le travail de l’équipe d’Experts sur l’étude d’ensemble, et qu’elle est à saluer d’autant plus qu’elle décrie les manquements aux droits sur le temps de travail.
C’est dans ce contexte que le Vice-président des travailleurs a défini le travail comme dernière étape avant une issue fatale, avant de recommander une sensibilisation et faire une promotion de ces instruments, car bien appliqués ils suffisent à éradiquer le mal.
Quant au Vice-président des Employeurs, il juge souhaitables leurs révisions, car obsolètes et moins pertinentes au regard du faible niveau de ratification par les États. Il faut noter que la commission des Experts ne se limite pas seulement aux critiques des violations, elle analyse aussi les cas de progrès. Dans tous les cas, on a besoin d’un consensus, car c’est la règle d’or du principe tripartite (Gouvernements-Travailleurs-Employeurs). Les conclusions sont attendues d’ici le 8 juin, fin de la Conférence.
Yacouba KATILÉ
Délégué Travailleurs du Mali