Accord UNTM -Gouvernement pour l’adoption d’une nouvelle grille salariale : En période de crise, Siaka Diakité fait de la surenchère

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C’est un secret de polichinelle, le Mali n’a pas de ressources depuis le mois de mars 2012 marqué par le coup d’Etat du capitaine Sanogo et l’occupation des régions nord du pays par des djihadistes et des narcotrafiquants. L’appui budgétaire des partenaires étant suspendu, le Mali ne doit compter que sur ses propres efforts pour payer à terme échu les fonctionnaires et faire face à l’effort de guerre et à d’autres dépenses subsidiaires. Dans une crise sans précédent, il nous parait paradoxal que l’UNTM tienne le gouvernement à la gorge en l’obligeant à signer une nouvelle augmentation de la grille salariale applicable à partir de juillet 2013.

Siaka Diakité, SG Untm

La fibre patriotique commande à chaque Malien quel que soit son niveau de responsabilité d’avoir une pensée  pieuse pour  nos compatriotes du nord qui ont été contraints à l’exil et qui ont hâte de rentrer chez eux. Cela ne sera possible qu’au prix d’une guerre contre les envahisseurs. Seulement, l’accord intervenu entre l’UNTM et le gouvernement ne donne pas l’impression que nous sommes dans un pays qui est en train de préparer la reconquête du nord.

Le Gouvernement a adopté lors du conseil des ministres du 19 décembre 2012 un projet de loi portant modification de la loi n°02-053 du 16 décembre portant statut général des fonctionnaires et modifiée par la loi n° 06-022 du 26 mai 2006.  A travers ce protocole d’accord, le Gouvernement répond à une doléance de l’UNTM visant à la correction de la grille salariale de la fonction publique de 2002 malgré la rectification opérée en 2006 dans les catégories B1 et B2.

Cette correction s’est traduite par une augmentation globale des points indiciaires. Les indices planchers et plafonds ont évolué. Ainsi, la catégorie A obtient une moyenne d’augmentation de 8,78%, la catégorie B2 7,37%, la catégorie B1  7,27%, la catégorie C 8,20%. Cette volonté s’est traduite par l’adoption de la nouvelle grille des salaires pour les fonctionnaires. La date d’effet est annoncée pour ce mois de janvier 2013 et la date d’application est prévue pour juillet de la même année. Le gouvernement répond ainsi à une doléance de l’Untm visant à la correction de la grille de  2002, malgré la rectification opérée en 2006 (B1 et B2).

Loin de nous toute idée de jeter l’opprobre sur l’accord intervenu entre l’UNTM et le Gouvernement, mais la situation de crise institutionnelle et sécuritaire que traverse le pays aurait dû amener les deux parties à remettre ça et à concentrer toutes leurs attentions  sur les deux priorités du moment : la reconquête des régions du nord et l’organisation d’élections démocratiques, libres et transparentes.  Plusieurs facteurs nous indiquent que cet accord intervient au plus mauvais moment pour notre pays.

Après les événements du 22 mars 2012, les partenaires ont claqué la porte et l’économie s’est fortement décélérée. Le budget 2013 se chiffre en recettes à ”1007, 80 milliards de francs CFA (en réduction, de 10% du budget rectifié de 2012)” et les dépenses prévues s’élèvent à ”1057, 257 milliards de francs CFA (soit une augmentation de 10% par rapport au budget rectifié de 2012).

Avec un déficit de plus de 50 milliards, le présent budget est orienté vers la mise en œuvre des priorités du gouvernement de transition. Il s’agit notamment des questions sécuritaires, humanitaires, la reconquête des régions du nord et l’organisation des élections. Les budgets des ministères et de nombreuses institutions ont subi des coupes sombres à l’exception de celui de l’armée.

Au moment même  où le Mali et la communauté internationale peinent à trouver les 200 millions d’euros nécessaires à une intervention militaire, il est incongru, irréfléchi et irresponsable  que l’UNTM prenne le gouvernement à la gorge pour des revendications mercantiles. Le moment ne s’y prête guère quand on sait qu’il est demandé à tous les Maliens de faire d’énormes sacrifices pour mobiliser des ressources en faveur de l’armée. Afin de financer l’effort de guerre.

Au rythme où vont les choses, il sera  difficile que le gouvernement puisse honorer son engagement à date échue.

Abdoulaye DIARRA

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