Vu l’urgence nécessité de mettre les travailleurs dans leurs droits, le 18ème Conseil Central de l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) tenu le 30 mai dernier au Centre international de conférence de Bamako recommande au Bureau Exécutif de mettre la diligente dans la mise en œuvre du Procès-Verbal de Conciliation du 05 février 2021 entre le Gouvernement, le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM) et l’UNTM sur tous les points non éteints et sa mise en œuvre effective dans un bref délai. Tels sont, entre autres, les recommandations issues des assises de l’UNTM. Des assises au cours desquelles le Secrétaire général, M. Yacouba Katilé a appelé ses camarades militants à voter oui pour la nouvelle Constitution car est plus avancée que celle du 25 février 1992.
L’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a tenu le mardi 30 mai dernier au CICB, les assises de son 18ème Conseil central. La cérémonie d’ouverture qui a enregistré la présence des doyens d’âge syndicalistes, de certains Directeurs généraux et nationaux, des partenaires et des délégués venus de toutes les régions du Mali, était présidée par le représentant du Ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social.
En convoquant ces assises, le Bureau Exécutif de l’UNTM entendait se soumettre à une obligation statutaire, celle de rendre compte aux militants, des activités, des problèmes, au Conseil central, instance entre deux congrès.
Dans ses mots de bienvenu, le représentant de la mairie de la commune III du District, a souhaité, au nom de la Maire et des populations de la commune, la cordiale et fraternelle bienvenue aux délégués de ces assises statutaires de l’UNTM. Une commune qui demeure la capitale de Bamako. Pour l’élu communal, le présent Conseil central revêt une importance capitale car permettra de dégager des pistes de réflexions et de solutions pour les travailleurs du Mali, mesurer le chemin parcouru par les forces vives de la nation en cette période de crise sécuritaire et de refondation. Aussi, il a salué l’esprit patriotique de la Centrale syndicale qui a voulu accepter la trêve à la demande des autorités de la Transition. Avant de terminer, il a souhaité qu’à l’issue des travaux de ces assises, des recommandations sortiront pour un challenge audible dans un climat social apaisé.
Dans son discours, le Secrétaire général de l’UNTM a tout d’abord souhaité la bienvenue à tous les délégués venus de toutes les capitales régionales.
Aussi, il a tenu à réaffirmer toute sa reconnaissance pour l’extraordinaire travail de maintien, de renforcement de l’existence des syndicats nationaux, des unions régionales et locales, et surtout de tous les comités de base, des Jeunes, des Femmes, malgré un contexte d’oppositions vivaces et larvées.
Leur force, a souligné M. Yacouba Katilé, n’est ni les décisions administratives de nominations concernant de plus en plus la médiocrité dans nombre des services, ni les cadres décontenancés par les observations et critiques de la mauvaise gouvernance, mais des valeurs héritées depuis des décennies, de leurs contacts avec le quotidien des travailleuses et travailleurs à la base qui attendent de la Centrale syndicale le combat pour plus d’égalité de chances, de justice sociale, de non-discrimination pour être libérés des lourdeurs paralysantes accablant au plus profond des travailleurs.
Avant de poursuivre : ”Nous savons quels efforts vous et nous déployons pour la restauration d’un climat serein de développement, illusoire avec des personnels non compétents dans un contexte d’effritement de l’autorité de l’Etat lié à l’absence de gouvernance convenable de crises politiques soufflant en bourrasques sur tout le territoire”.
C’est pourquoi, a-t-il martelé que le rapport moral d’activités n’a pas concerné malgré le sinistre de notre existence en tant qu’Etat et Nation de nombreuses situations toutes aussi complexes que très peu cernées par des propositions de solutions pertinentes, des capacités à extirper les maux qui minent le pays. Il a toujours fallu des mouvements de taille de l’UNTM qui ont conduit à l’instauration du pluralisme démocratique.
Ainsi, ce 18ème Conseil Central, il a permis au Secrétaire général de l’UNTM de livrer un remue-ménage de la conscience en esquissant le bilan social, économique du Mali sans nos actions syndicales.
”Si ce bilan est un acquis, alors le syndicalisme malien est dans la bonne voie. Le contraire veut dire que nous devons nous recentrer sur la réalisation des idéaux fondateurs du syndicalisme universel”, a-t-il déclaré.
Aussi, il a mis l’accent sur l’historique de l’UNTM créée en 1963 qui est arrivée aujourd’hui à maturité du mouvement syndical malien. Et conscients de la nécessité de la solidarité avec toutes les forces politiques sociales, économiques, leurs aînés ont encouragé l’Union Territoriale-Force Ouvrière, la Confédération Africaine des Travailleurs Chrétiens, et l’Union Nationale des Travailleurs du Soudan (UNTS) à se regrouper et à accompagner le parti dominant dans l’œuvre de construction nationale.
Ainsi, l’UNTM fut au carrefour de tous les grands évènements du parcours du peuple vers un destin de prospérité : lutte contre la pauvreté, la maladie, la sous-scolarisation, la faim, bref le sous-développement. Il s’agissait aussi pour les travailleurs le respect de la liberté syndicale, le logement, la justice sociale, l’amélioration des conditions de vie.
”Les années ont passé, les gouvernements et les régimes qui ont des liens de continuité, peuple et travailleurs vivent toujours traqués par les besoins vitaux, et essentiels. Les premières industries mal privatisées, bradées, souvent fermées ont sur-creusé le manque d’emplois, tandis-que l’Ecole périclite. Aujourd’hui, comme hier ne sommes-nous pas confrontés aux mêmes carences, aux mêmes aléas ? Ont servi à quoi l’indépendance, le socialisme, le libéralisme et rien”, s’interroge M. Yacouba Katilé.
Les travailleurs, les populations des campagnes et des cités urbaines, malgré un boom architectural, sont en train de vivre comme si rien n’a bougé. Pour conséquence, le Mali a fini d’être le grenier de l’Afrique occidental, d’être le pays de l’élevage, donc de la viande, le premier dans la capture des espèces de poissons fluviales.
Le Mali, comme dans l’Empire de Ghana, du Songhaï était un pays riche en or. Mais de quel or s’agit-il puisque le peuple ne voit pas l’or brillé. ”Sommes-nous dans une République où l’on naît égal aux autres, sans discrimination aucune, avec une égalité de chances ?, se demande le Secrétaire général de l’UNTM.
Parlant des soins de santé, il dira que le système de santé est à vitesse multiple où les campagnes se contentent de la médecine traditionnelle et de quelques centres de santé squelettiques, en matière de technologie, de médicaments, quand d’autres ont accès aux hôpitaux et traitements de pointe d’Europe pour les Maliens supérieurs à défaut d’Afrique du Nord. D’où la différence entre les Maliens devant la mort et l’enterrement.
”En syndicalistes donc ayant des idéaux sociaux forts alléchants, sommes-nous en train d’aider les masses laborieuses à une vie de prospérité, de bien-être, nos familles, villes et campagnes confondues à des conditions humaines d’existence ? Certes, nous en sommes loin. C’est donc pourquoi en ce 18ème Conseil Central, je voudrais que dans nos orientations, dans nos activités, plus que jamais la quête du bonheur commun, un idéal des premiers syndicalistes”, a renchéri M. Katilé.
C’est ainsi qu’il a lancé un vibrant appel à toutes et tous, militants d’autres Centrales, d’autres syndicats libres, autonomes, catégoriels à l’union sacrée, au pacte social pour construire un destin loin des turpitudes, de la corruption, de la gabegie. Car, sachant que les malheurs qui frappent le Mali depuis des années sont dus à la mauvaise gouvernance, à la badinerie, au népotisme.
Un appel spécifique aux Camarades afin que l’UNTM soit l’un des meilleurs syndicats d’Afrique, vice-président de la FSM pendant près de 20 ans, retrouve ses splendeurs, propulse le peuple dans la voie du bonheur pour tous. Dans ce cadre, fini donc le soutien aveugle à des gens qui ne ressentent pas toujours les idéaux fondateurs du syndicalisme, seul refuge de la vertu en ce bas-monde.
En effet, il a profité de cette intervention pour définir le profil robot d’un Président de la République du Mali. Un carnaval de création de partis, de formulation de candidatures en l’absence de vrais critères pour retenir celles qui servent la Nation.
Aux dires du Secrétaire général, comment laisser des partis politiques coupables des dérapages les plus dangereux pour le pays, existé librement, se mettant ensemble pour une soi-disant reconquête du pouvoir qui signifie le recours encore à des pratiques anti-nationales, anti-patriotiques ? Comment comprendre que des individus ayant porté atteinte aux ressources publiques, jugés et non condamnés malgré les évidences, reçoivent au plan politique le blanc-seing, acceptés à la tête des partis, acceptés à être des candidats, à jouer un rôle national ?
Comment aussi militer pour éviter que la démocratie ne prospère plus en amenant les organisations syndicales à mettre de l’équilibre dans les textes, à gérer, tenir les opérations de vote dans la neutralité totale comme à l’époque coloniale sous l’impulsion des syndicalistes, en dépit de leur inflexibilité contre le régime colonial ?
Les attentes des travailleurs dans le projet de Constitution paraissant légitimes, même ayant participé à des commissions en tant que représentants de l’UNTM, comprennent aussi. Cependant, ils sont tenus par le devoir de collégialité, de responsabilité avec toutes les commissions et leurs conclusions. Vouloir obliger le pays à aller dans une orientation plus patriotique, plus démocratique, c’est compter forcément avec des oppositions acharnées.
Sur ce plan, l’UNTM doit mettre l’accent sur la gouvernance vertueuse, sur le progrès social, sur plus d’ouverture, d’éventails aux conditions de vie et de travail des masses laborieuses.
Par rapport à la gestion de la pandémie de la COVID-19, l’UNTM a dénoncé le mode de gestion aux autorités, informé le peuple. Elle a écrit au gouvernement pour doter les travailleurs et travailleuses d’un système de protection individuelle et collective, en commençant par le personnel soignant. Aussi, elle a noué des contacts, notamment avec les Employeurs pour présenter des revendications communes de protection des entreprises et des emplois, de porter des secours aux démunis.
Mais quand tout cela a été accepté, un fonds COVID-19 a été institué à la gestion duquel les travailleurs et les Employeurs étaient exclus. A ce jour, l’UNTM n’est pas en mesure donc d’apprécier cette gestion qualifiée de calamiteuse par des comités syndicaux de la santé.
Mais en l’absence de précisions sur certains aspects de gestion, notamment les droits du personnel soignant, la Centrale syndicale a exigé leur paiement intégral.
Devant l’insécurité politique et militaire, les sanctions inéquitables, injustes, inhumaines se sont superposées sur le Mali, l’UNTM était dans l’analyse des contradictions et avait choisi de se positionner pour sauver le pays, et non un clan, et non un groupe, et non pour notre aisance de vie. Ce qui a amené l’UNTM à rejeter le concept de putsch pour celui de la rectification qui heureusement a fait fortune.
Aujourd’hui, le devoir de solidarité générationnelle amène la Centrale syndicale à être la porte-voix des aînés qui, on le sait, sont les vrais acteurs de la chute de la dictature militaro-technocratique de l’UDPM et de la IIème République.
A ces anciens, le Secrétaire général leur a exhorté à ne jamais laisser la proie pour son ombre, à revigorer les structures, à utiliser tous les moyens de communications nouvelles et anciennes pour mieux orienter les travailleurs à l’heure des élections. Ainsi, il a appelé les travailleurs à voter Oui pour la nouvelle constitution qui, à bien d’égards, est plus avancée que celle de 1992. Se prononçant sur la situation actuelle du pays, le Secrétaire général Yacouba Katilé dira que ce contexte a conduit l’UNTM à s’imposer une trêve de façon souveraine car aucune autorité publique et aucun employeur n’ont été consultés dans la prise de cette décision. Cependant, force est de reconnaitre que le gel de leurs besoins des accords et surtout des grèves programmés pour exiger leur application n’a pas été malheureusement compris à sa juste valeur. Avant de terminer, il invité les camarades travailleurs à éviter le clanisme, le militantisme aveugle et intéressé dans des formations politiques.
Au nom du CNPM, M. Boubacar Kanté, le 1er vice-président chargé des transports a salué l’UNTM pour la tenue des assises du 18ème Conseil central qui constituent pour les travailleurs et les employés un évènement majeur de l’année 2023. Ainsi, il a rendu hommage à tous les travailleurs pour leurs contributions positives à de nombreux problèmes auxquels les travailleurs sont confrontés depuis des décennies. Avant de conclure, il a prié pour la paix et la cohésion sociale sur toute l’étendue du territoire.
Quant au représentant du Ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, dans son discours d’ouverture, s’est penché sur la pandémie de la COVID-19 qui négativement affectée sur de nombreux emplois au Mali. A cela, il a ajouté la crise d’insécurité qui secoue le Mali depuis plus d’une décennie qui a ralenti l’économie nationale avec son corolaire de licenciements ou de chômage technique. Aujourd’hui, a-t-il déclaré, le gouvernement travaille pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs. D’où la relance de certaines activités. Il a salué l’UNTM pour sa participation au Pacte de Solidarité et à la conférence sociale. Pour terminer, il a promis, au nom de son ministre, que le gouvernement travaille pour la mise en œuvre du PV signé l’Etat, l’UNTM et le CNPM.
A l’issue des travaux, le Conseil central a formulé certaines recommandations fortes. Il a recommandé au Bureau Exécutif, vu l’urgence nécessité de mettre les travailleurs dans leurs droits, de mettre la diligente dans la mise en œuvre du Procès-Verbal de Conciliation du 05 février 2021 entre le Gouvernement, le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM) et l’UNTM sur tous les points non éteints et sa mise en œuvre effective dans un bref délai. Entre autres, on peut citer la transposition dans le secteur privé et parapublic des efforts consentis par le gouvernement en termes d’augmentation de salaires ; l’établissement d’un équilibre des primes et indemnités entre corps de la fonction publique ; la réintégration des syndicalistes licenciés abusivement à SYAMA, etc. Le 18ème Conseil central, considérant que la COMATEX et l’UMPP sont des fiertés nationales, a recommandé au Bureau Exécutif d’entreprendre toutes actions utiles pour le retour immédiat de ces sociétés dans le portefeuille national. Aussi, il recommande au Bureau Exécutif de procéder à la programmation des renouvellements des mandats conformément aux dispositions des statuts et règlement intérieur, etc.
Dans son discours de clôture, le Secrétaire général de l’UNTM a félicité ses camarades syndicalistes pour le travail accompli car c’est en responsable arrivant en pleine maturité, dopés même par des expériences du terrain qu’ils se sont exprimés en toute liberté, dans toute légalité et avec la courtoisie syndicales. ”La moisson a été riche eu égard aux recommandations et suggestions qui ne visent personne en réalité mais dont l’objectif est de renforcer encore plus l’UNTM”, a-t-il conclu.
Présente à la cérémonie de clôture de ce 18ème Conseil central, la Ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Mme Diawara Aoua Paule Diallo, a félicité l’UNTM pour la tenue de ces assises statutaires avant de rassurer Yacouba Katilé et ses camarades que les différents accords signés seront appliqués en tenant compte des moyens du gouvernement. Il faut noter que le rapport d’activités a été adopté en unanimité de tous les délégués présents. Preuve des efforts déployés par l’actuel Bureau Exécutif sous la clairvoyance du Secrétaire général, M. Yacouba Katilé.
Y. Sangaré