12ème congrès ordinaire de l’Untm : La succession de Siaka Diakité ouverte

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Après-demain, en principe doit se tenir le 12ème congrès ordinaire de l’Untm. Mais à quarante-huit heures de l’échéance, des doutes planent encore, liés à la volonté du bureau sortant de s’opposer à tout renouvellement. Les autres se laisseront-ils faire ?

 

 

Siaka Diakite Untim
Siaka Diakite, le president sortant

Le 15 mars prochain, c’est la date retenue par la commission de suivi des recommandations du conseil central de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) pour la tenue du douzième congrès ordinaire de la centrale syndicale. L’annonce a été faite le 07 mars dernier. Cependant, les incertitudes demeurent encore tant les enjeux sont importants. En premier lieu, ces assises pourraient mettre fin au règne du bureau actuel dirigé par Siaka Diakité, secrétaire général de la centrale depuis seize ans. Pour justifier cette extraordinaire longévité, des esprits malins ont cru devoir faire croire aux travailleurs maliens que la crise sécuritaire et politico-institutionnelle ne se prêtait guère à cela. En réalité, l’actuel mandat de Siaka Diakité est arrivé à expiration depuis août 2011. Donc bien avant le coup d’Etat de mars 2012. Selon un membre de la commission de suivi des recommandations, l’obstination de l’actuel secrétaire général à s’incruster à son poste s’explique par la volonté d’un noyau de membres du « bureau illégal » de continuer à user et abuser de privilèges indûment auto-octroyés. Et pour se perpétuer, ils ne cesseraient de ruser et d’inventer des manœuvres dilatoires pour renvoyer aux calendes grecques des assises dont l’issue est connue de tous.

 

 

 

En effet, depuis quelques années, Siaka Diakité, qui n’a accédé à la plus haute marche de la centrale que grâce à un concours de circonstances, est de plus en plus décrié à la tête de l’Untm. On l’accuse de ne défendre que des intérêts personnels et individuels au détriment de l’intérêt général des travailleurs affiliés à sa centrale. Ces intérêts particuliers sont défendus auprès des gouvernements successifs avec lesquels il serait de collusion. Pour preuve, avancent ses détracteurs, plusieurs mots d’ordre de grève ont été suspendus alors que des revendications n’ont pas même obtenu des débuts de satisfaction. En revanche, à chaque fois que le secrétaire général se serait trouvé en mauvaise posture, il aurait inventé des revendications fantaisistes qu’il sait irréalisables pour contraindre le gouvernement à négocier, des négociations à l’issue desquelles il serait le seul véritable gagnant.

 

 

 

Un autre reproche qu’on fait à Siaka Diakité, c’est qu’à cause de sa gestion de la centrale, de nombreux syndicats, nouveaux et anciens, préfèrent se tourner désormais vers l’autre centrale syndicale, la Cstm (Confédération syndicale des travailleurs du Mali).

 

 

 

Mais c’est à l’occasion du renouvellement du bureau du Syntade (Syndicat national des travailleurs des administrations d’Etat) que le patron de l’Untm a touché le fond de la disgrâce. C’était il y a quelques mois, en juin 2013. Après avoir échoué à retarder ou à compromettre le congrès du Syntade, Siaka Diakité a dû constater le pire : son éviction du poste de secrétaire général de ce syndicat par Yacouba Katilé, secrétaire général du syndicat national des douanes. A cette occasion déjà le patron de l’Untm a pu montrer toute sa capacité de manœuvrier et de mauvais perdant. Même après avoir perdu devant la justice qui avait été invitée à arbitrer entre les deux parties, Siaka Diakité continue les manœuvres. Ainsi, à quelques heures de la tenue du congrès de l’Untm, l’homme serait en train d’essayer de tenir des assises du Syntade. Le but : mettre en place un bureau parallèle chargé de troubler les travaux du douzième congrès de la centrale, au lieu de tout mettre en œuvre pour que ces  assises se déroulent dans la quiétude et la sérénité. Déjà, conformément aux recommandations de la commission de suivi, les salles ont été louées, les documents préparatoires du congrès (copies des rapports des différentes commissions de travail et lettre d’invitation) auraient été  adressés aux différents syndicats sauf …au Syntade. L’objectif est de tenir à l’écart le bureau légal et légitime de ce syndicat.

 

 

 

Que craint Siaka Diakité ? De se retrouver encore une fois face à Yacouba Katilé, celui-là même qui l’a évincé du secrétariat général du Syntade. Pourtant, à l’analyse, le secrétaire général de l’Untm n’a pas à se faire du souci. D’abord, le Syntade n’a encore désigné personne comme candidat au poste de secrétaire général de l’Untm, même s’il est fort à parier qu’un aussi grand syndicat que le Syntade aura forcément son candidat. Et que ce candidat serait Yacouba Katilé, un homme qui, tout au long de sa carrière, n’a jamais eu que la défense des intérêts de tous les travailleurs à l’esprit. A la douane, rare service public où les travailleurs ne sont pas déchirés entre différentes centrales, il a su développer ses talents de rassembleur.

 

 

Ensuite, il faut être désigné par son syndicat d’origine pour se présenter. Or, n’étant pas membre du syndicat légal et légitime du Syntade, Siaka Diakité n’a aucune qualité pour se succéder à lui-même.

 

 

 

De l’avis de plus d’un observateur, ce que Siaka Diakité craindrait le plus c’est d’avoir à répondre devant la justice à cause d’une mauvaise gestion, dit-on, du patrimoine de la centrale. Certains de ses camarades se demandent où sont passés des sous destinés à la formation, et exigent un audit de la gestion financière du patron syndical.

Mais avant, Siaka Diakité devrait se faire du souci pour les millions qu’il doit payer, sur décision de justice, au bureau légal et légitime du Syntade. Et s’il n’a rien sur lui malgré les nombreuses années passées à la Bourse du travail, il va devoir subir la contrainte par corps pour avoir utilisé abusivement des attributs du Syntade dont il a été sorti à la régulière.

 

 

 

Maouloud Ben Kattra, le favori caché

Dans cette compétition, Maouloud Ben Kattra, troisième larron. Car en 16 ans de règne, Siaka Diakité ne s’est pas fait que des ennemis, il s’est fait aussi des amis. Notamment Maouloud Ben Kattra, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation et de la culture  (Snec).   L’un des plus jeunes syndicalistes de l’histoire de l’Untm, Maouloud Ben Kattra est dans la boîte depuis 20 ans environ, car il  est à l’Untm depuis les temps de Bakary Karambé.  Secrétaire à l’information et à la formation, Maouloud Ben Kattra est aussi membre de la commission de revendications et de négociations de l’Untm. Donc un cadre de la centrale syndicale à la base de toutes les négociations entre le gouvernement et l’Untm. Fin connaisseur de l’Untm, il est un favori caché. Car en cas de défaite de Siaka Diakité, il peut le soutenir pour damer les pions à Yacouba Katilé.

 

 

 

Cheick TANDINA

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