«Renforcer le Mouvement syndical panafricain pour l’avenir du travail et le développement inclusif durable en Afrique grâce au travail décent». Tel était le thème largement débattu, durant les journées du 3 au 4 février à Bamako, à la faveur du 11ème congrès de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (Ousa).
Le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, a présidé, vendredi 3 mars 2017 à l’Azalaï Hôtel Salam, la cérémonie d’ouverture des travaux du 11ème Congrès de l’Organisation de l’unité syndicale africaine (Ousa). Ce grand rendez-vous des travailleurs issus de plus de 70 organisations syndicales nationales affiliées dans 54 pays du continent africain, est un évènement majeur qui honore le Mali à travers l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm).
A l’ouverture des travaux, le secrétaire général du l’Ousa, l’Algérien Arezki Mezhoud, s’est dit comblé pour le choix porté sur le Mali, qui selon lui, regorge de fervents défenseurs des droits des travailleurs en Afrique. Selon lui, ce 11ème Congrès regroupe toute la famille syndicale en Afrique pour écrire une nouvelle page. Ce rendez-vous, dit-il, doit être aussi un moyen de réconforter les femmes et les jeunes qui sont le devenir de l’Afrique.
Pour l’Algérien Arezki Mezhoud, le continent africain fait face à d’énormes défis. C’est dans cette logique qu’il invite ses camarades de tout faire pour répondre aux aspirations des travailleurs du continent. A cet effet, il est convaincu que tous les ingrédients d’un avenir meilleur sont là. Il suffit, dit-il, de les unir sachant que ce n’est pas une illusion. Dénonçant toute forme de violence, l’Algérien invite ses frères africains à faire du dialogue et de la tolérance leur combat de tous les jours. Pour terminer, Arezki Mezhoud dira que l’Ousa est avec le Mali pour le meilleur et pour le pire.
A son tour, le secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé, affirme que ce congrès, 11ème du genre, arrive à un moment où l’Afrique est écartelée. De son point de vue, le spectacle des morts dans le désert, et jonchant les plages de la méditerranée, apparaît comme une énorme perte de sa jeunesse, de sa force vitale pour conquérir l’avenir. A ce titre, le patron de l’Untm pense qu’en tant qu’organisation qui représentent les travailleurs, l’Ousa et ses membres doivent faire la réflexion sur un plan de valorisation des emplois et des carrières sur le sol africain. «Ce Congrès doit opter pour des solutions sans équivoque. Toutes les hypothèques d’un développement inclusif permettant la liberté d’établissement, d’entreprise d’un Africain, partout sur son continent devraient être levées. Le phénomène des migrations avec son cortège de morts mais aussi d’humiliations de nos peuples, trouvera des réponses comme les autres problématiques du travail décent, dans une exploitation judicieuse des éléments qui composent le thème du 11ème Congrès», souhaite Yacouba Katilé.
L’autre combat de Yacouba Katilé est la préservation des ressources naturelles. Selon lui, pendant longtemps, nos pays ont été la proie de l’égocentrisme de puissances extra-africaines, à travers une configuration du monde où nous ne sommes ni les maîtres, ni les premiers bénéficiaires de l’exploitation de nos ressources naturelles. Le 11è Congrès doit, selon lui, affirmer haut et fort que cela a assez duré, et avancer des approches pour l’avenir du travail en Afrique pour le développement inclusif. « On comprend dès lors que les Accords de partenariat qu’on tente d’imposer, que les grandes rencontres entre l’Afrique et tel et tel partenaire, devraient être mieux analysés, pour être des facteurs d’accélération du progrès technologique, économique, social de notre continent, et non des subtilités pour lessiver nos pays de leurs ressources », déplore t-il.
Pour Yacouba Katilé, aujourd’hui, nos pays ont une économie s’appuyant sur l’agriculture à 80-90%, dans leur grande majorité. Il propose de : accéder à la souveraineté alimentaire, dont le déficit nous expose à un marché érosif du commerce des céréales et autres produits agricoles ; adapter nos techniques, nos productions aux changements climatiques dont l’acuité a réduit de façon considérable les rendements ; créer des zones de spécialisations agricoles en vue d’obtenir les rendements les plus élevés, les plus compétitifs.
Enfin, il dira qu’il est convaincu que le 11ème congrès revêtira les traits d’une rencontre historique, instaurant un syndicalisme adapté aux conditions d’une Afrique tournée vers l’avenir et propice à la prospérité de ses populations.
Ibrahim M.GUEYE