”Renforcer le Mouvement syndical Panafricain pour l’Avenir du Travail et le développement inclusif durable en Afrique grâce au Travail décent”, tel était le thème du 11ème congrès ordinaire de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (OUSA). Bamako, capitale du Mali, a vibré au rythme du syndicalisme. La cérémonie d’ouverture était placée sous la haute présidence du Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Kéïta, en présence de plusieurs hautes personnalités maliennes et étrangères. La fin des travaux a été sanctionnée par la mise en place d’un nouveau bureau pour quatre ans qui a vu la titularisation de l’ancien président par intérim, M. Francis Atwoli.
Le monde syndical africain s’était donné rendez-vous les 03 et 04 mars 2017 pour le 11ème congrès ordinaire de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (OUSA). La cérémonie d’ouverture de ce grand rassemblement panafricain s’est déroulée le vendredi dernier à l’hôtel Azalaï Salam de Bamako sous la haute présidence du Président de la République, Chef de l’Etat, M. Ibrahim Boubacar Kéïta. Des délégués venus de 52 pays africains ont pris part aux assises de ce congrès qui a été sanctionné par la mise en place d’un nouveau bureau pour quatre ans.
Dans son mot de bienvenue aux délégués, la Maire de la Commune III du District de Bamako a montré toute sa satisfaction en abritant ces assises. Au nom du conseil communal, elle a souhaité un très bon séjour à tous les délégués avant d’émettre les vœux que ces travaux soient couronnés de succès pour le bonheur du syndicalisme en Afrique.
Le Secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a salué les efforts consentis par l’OUSA pour le choix porté sur le Mali pour abriter ce congrès. Car, il se tient au moment où l’Afrique est écartelée et le spectacle des morts dans le désert, jonchant les plages de la méditerranée, apparait comme une perte énorme pour la jeunesse, la force vitale du continent pour conquérir l’avenir. C’est pourquoi M. Yacouba Katilé a salué les responsables de l’OUSA pour la tenue de ces assises de Bamako. Témoignage de leur attachement à la paix, à la sécurité et au développement dans toutes les parties de l’Afrique. Au nom de l’UNTM, il a félicité l’OUSA pour cette marque de sympathie, de compassion et surtout de solidarité. Car, au moment où l’OUSA confiait cette organisation au Mali, beaucoup de préjugés circulaient sur notre pays. Noircissant ainsi le tableau malien en le qualifiant comme étant un pays d’insécurité.
A cette rencontre de Bamako, l’OUSA, en tant organisation qui représente tous les travailleurs, a mené des réflexions sur le plan de la valorisation des emplois et des carrières. C’est-à-dire détecter toutes les hypothèques d’un développement inclusif permettant la liberté d’établissement, d’entreprise d’un Africain, partout sur le continent.
Dans son intervention, le Secrétaire général de l’UNTM a touché du doigt les grands sujets d’actualité. Entre autres, le phénomène des migrations avec son cortège de morts et aussi d’humiliations des peuples. Cela et beaucoup d’autres fléaux trouveront une réponse adéquate et durable dans le travail décent, dans une exploitation judicieuse des éléments traités au cours de ce 11ème congrès ordinaire. Et les deux thèmes, à savoir celui du congrès et de l’atelier sont évocateurs, a souligné M. Yacouba Katilé. En effet, les travailleurs sont une couche de la population consciente des enjeux, des défis du monde actuel. C’est pourquoi d’ailleurs, ils doivent être des lanternes pour illuminer les consciences et la marche des peuples africains afin qu’ils puissent se prendre en charge dans l’objectif d’asseoir le bonheur dans le continent.
Appel à l’unité syndicale
Pendant longtemps, nos pays ont été la proie de l’égocentrisme de puissances extra-africaines dans un monde où nous ne sommes ni maîtres, ni premiers bénéficiaires de l’exploitation de nos ressources naturelles, a renchéri M. Yacouba Katilé devant un tonnerre d’applaudissement des délégués. C’est pourquoi il a appelé les congressistes à affirmer haut et fort que cela avait duré et avancer des approches pour l’avenir du travail en Afrique et son développement inclusif. Il est temps pour le continent africain de comprendre maintenant que les Accords de partenariat imposés et que les grandes rencontres entre l’Afrique et les partenaires devraient être mieux analysés pour qu’ils soient enfin des facteurs d’accélération du progrès technologique, économique, social du continent et non des subtilités pour détourner nos ressources. Aussi, le Secrétaire général de l’UNTM a appelé le continent à se donner dans l’unité syndicale car aucun pays, fut-il émergent, ne pourrait seul s’en sortir. L’approche doit être globale.
Aujourd’hui, le syndicalisme renforcé peut aider à l’avènement d’un horizon plus favorable pour les populations africaines. Cependant, cela passe l’élaboration d’un code, d’une véritable politique syndicale acceptée et appliquée dans chacun des Etats. Un code qui reflétera la dimension partenariale du développement économique et social et qui ne saurait se matérialiser sans l’implication des syndicats. Des syndicats qui arrivent à s’extirper de l’influence nocive, des mimétismes serviles pour ressembler aux syndicats occidentaux, tant dans leur fonctionnement aussi bien dans les activités centrées sur le bien-être individuel des millions de paysans bloqués dans la rade, dont les espoirs d’épanouissement s’aménuisent chaque jour davantage. Ce n’est pas l’Afrique.
Pour le Secrétaire général de la Centrale syndicale, le thème du congrès préconise la durabilité du développement. Aujourd’hui, près de 90% de nos économies s’appuient sur l’Agriculture. Ainsi donc, ils devront accéder à la souveraineté alimentaire dont le déficit expose les Etats à un marché érosif du commerce des céréales et autres produits agricoles. Aujourd’hui, M. Katilé a été clair, l’avenir du travail passe par l’extension des emplois agricoles, les transformations de produits agricoles, les recherches et les techniques et les nouvelles technologies à utiliser. Pour cela, il faut adapter nos techniques, nos productions aux changements climatiques dont l’acuité a réduit de façon considérable les rendements. Il s’agira de créer dans ce sens des zones de spécialisations agricoles en vue d’obtenir les rendements les plus élevés et les plus compétitifs.
Avant de terminer, le secrétaire général a appelé les congressistes à examiner en profondeur toutes les articulations du thème central. Ce qui revêtira les traits d’une rencontre historique, instaurant un syndicalisme adapté aux conditions d’une Afrique tournée vers l’avenir et propice à la prospérité de ses populations.
”Le malheur de l’Afrique ne fera plus le bonheur
des autres”
Le Secrétaire général de l’OUSA, M. Arezki Mezhoud, a remercié, tout d’abord le Président de la République du Mali pour sa présence à cette belle fête démocratique syndicale. Témoignage de son attachement aux idéaux du syndicalisme en Afrique. Un continent à la hauteur des pères des indépendances et occasion pour l’Afrique de tourner une nouvelle page de son histoire syndicale. Il a déploré la présence de la violence dans certains pays du continent. Raison pour laquelle il a invité les uns et les autres à faire du dialogue et de la tolérance, leur crédo.
”Quand un Malien est blessé, c’est toute l’Afrique qui saigne. Aujourd’hui, le continent est condamné de s’unir et de réunir toutes ses forces car il a besoin de la paix et de la tranquillité. Le malheur de l’Afrique ne fera plus le bonheur des autres. Que le congrès de Bamako soit le repère pour les futures batailles”, a conclu le Secrétaire général de l’OUSA, M. Arezki Mezhoud.
Quant au Directeur régional de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour l’Afrique, il s’agira, au cours de ce congrès, de mesurer les progrès réalisés dans certains domaines et tirer des leçons. Le syndicalisme, basé sur les idéaux et les valeurs où les travailleurs se reconnaissent, est une institution importante dans l’histoire de l’humanité. Et le thème du congrès illustratif dans ce sens. Il a aussi mis l’accent sur la croissance démographique en Afrique. Une démographie en extension qui dépassera celle de la Chine d’ici 2034, d’après les prévisions. Et ce congrès, a-t-il martelé, sera une opportunité pour discuter et relever ce défi. Aussi, il a encouragé le commerce intra-africain, seul moyen pour le continent de s’en sortir.
Quant au président de l’OUSA, il a réitéré sa gratitude au Secrétaire général de l’UNTM et à ses camarades pour la tenue de ce congrès. ”De l’accueil à l’aéroport international Modibo Kéïta de Sénou, en passant pas l’hébergement, la restauration et cette cérémonie d’ouverture, tout s’est bien passé”, a-t-il laissé entendre. Dans ce sens, il a salué l’implication personnelle du Président de la République, Chef de l’Etat, M. Ibrahim Boubacar Kéïta pour cette réussite. Il s’est appesanti sur la tenue de l’atelier qui avait trait aux questions cruciales de l’heure dont sont victimes les jeunes et les femmes. L’espoir est donc permis au Mali dans la vie syndicale avec cet atelier. ”L’Afrique est un continent de toutes les chances et elle a toutes les chances de réussir mais cela ne sera possible que dans la paix”, a-t-il poursuivi.
Le président du Groupe des travailleurs OIT a fait des constats et a adressé des messages d’espoir à la nouvelle génération africaine. Car, les progrès sont réalisés et l’Afrique a connu des taux de croissance au cours des dernières années. Sans salaire décent, il n’y aura pas de travail décent. Et cette situation a son impact négatif sur la santé et l’éducation.
Dans son discours d’ouverture, le Président de la République a été clair. ”Il y a des cérémonies que je ne préside pas. Cette ouverture en fait partie car ce congrès est le mien et je suis à l’aise ici ce matin”, a déclaré le Chef de l’Etat du Mali, M. Ibrahim Boubacar Kéïta. Il a rendu hommage aux combats syndicaux au Mali pour l’instauration du multipartisme intégral. Il a cité, entre autres, des noms tels que Lazare Coulibaly, Mamadou Famady Sissoko. Aussi, le Président de la République a salué le courage de l’OUSA pour le choix porté sur l’UNTM pour abriter ces assises au moment où des préjugés parlaient du Mali. ”La paix est en marche au Mali car ce congrès s’ouvre sous de très bons auspices. Tant qu’il y aura un seul Malien, digne du Président Modibo Kéïta, sur cette terre, le Mali ne sera jamais partagé”, a-t-il indiqué. Pour cela, il a fait allusion à l’installation des autorités dans certaines régions au Nord du Mali. Pour IBK, l’OUSA mène aujourd’hui un combat de dignité de l’Afrique. Dans cette lutte, tout le Mali honoré à travers l’UNTM vous dit merci, a-t-il renchéri.. Avant de poursuivre que le Mali a ouvert son cœur à l’OUSA et que cette organisation le mérite aussi.
Après des débats sur le thème du congrès, la fin des travaux a été marquée par l’adoption des résolutions sur la Palestine, le Sahara Occidental, la Libye, la formation et l’éducation ouvrière, la coopération internationale et la solidarité syndicale, les conflits internes et le terrorisme qui affectent les pays africains, le syndicalisme panafricain à travers l’organisation et la promotion de l’unité. Aussi, des résolutions ont porté sur l’avenir du travail : la place des femmes et des jeunes en Afrique, l’intégration régionale africaine et sur les migrations et enfin sur les finances et les arriérés des droits d’affiliation. Ensuite, deux motions spéciales de remerciements ont été adressées au Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Kéïta et à l’UNTM.
Il faut rappeler qu’au début des travaux, une minute de silence a été observée à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme et au président de l’OUSA, M. James Dennis Akumu, décédé en Août en fonction.
Youssouf Sangaré – B.Koné