Union Africaine : Un sommet difficile

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Les dirigeants des 53 Etats membres de l’Union Africaine (UA) vont avoir du mal à se mettre d’accord au sujet des moyens nécessaires pour rétablir la paix en Somalie et dans la province soudanaise du Darfour. Après le Congo, la présidence tournante de l’organisation continentale devrait, en principe, être assumée par le Soudan. Mais beaucoup d’Etats s’y opposent, car le gouvernement de Khartoum refuse toujours le déploiement de Casques bleus au Darfour. Le conseil des ministres de l’UA se réunit ce samedi pour examiner une ambitieuse Charte de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Le communiqué de l’UA affirme que ce 8e sommet de l’UA «va s’articuler autour de deux thèmes principaux : science, technologie et recherche scientifique pour le développement ainsi que changement climatique en Afrique». Cependant, ce seront les conflits qui vont dominer, une fois de plus, les travaux de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’organisation panafricaine. L’Afrique reste le continent le plus atteint par des conflits meurtriers, notamment ceux de la Somalie et du Darfour, sans parler des crises dans des pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée et la tension persistante entre l’Ethiopie et l’Erythrée.

Concernant la Somalie, l’UA va essayer de mobiliser les Etats membres pour qu’ils participent effectivement à la force de paix qui va y être déployée, une décision prise le 19 janvier dernier par le Conseil de paix et sécurité africain. L’UA veut déployer cette force dans les plus brefs délais, pour «soutenir les institutions de transition somaliennes», le gouvernement fédéral de transition, après le départ complet des troupes éthiopiennes qui ont neutralisé les Tribunaux islamiques. Pour l’instant, seuls l’Ouganda, le Malawi et le Nigeria se sont dits prêts à fournir des troupes pour la Somalie. Le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, a une nouvelle fois appelé, jeudi, les Etats membres à contribuer à la force de paix que l’organisation souhaite envoyer en Somalie. Il a souligné que cette force est nécessaire pour éviter les risques «d’enlisement mortel et dramatique». Les forces éthiopiennes et les troupes du gouvernement somalien de transition ont été la cible de plusieurs attaques dans la capitale, Mogadiscio, où resteraient encore 3 000 islamistes, selon des sources gouvernementales.

Le Darfour divise les Africains

La guerre civile au Darfour provoque toujours de vives polémiques entre les dirigeants africains. La mission de paix de l’UA (AMIS) dans cette province soudanaise, qui fait frontière avec le Tchad, est mal équipée et sous-financée. Pour ces raisons, la mission africaine n’a pas été capable d’éviter des attaques des milices pro-gouvernementales djandjawids contre la population de la province occidentale.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, à plusieurs reprises, de remplacer les 7 000 hommes qui composent la mission africaine par des Casques bleus de l’Onu. Or le président soudanais, Omar el-Béchir, s’oppose toujours au déploiement d’une force des Nations unies, affirmant que cela est une sorte de nouvelle occupation coloniale.

Le président de la Commission africaine a, ainsi, invité les Nations unies à financer entièrement la mission africaine déployée au Darfour. Cette question devrait être discutée à Addis Abeba avec le nouveau secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui va assister au sommet de l’UA. Le secrétaire général de l’Onu est venu cette semaine à Paris, pour participér à la conférence sur le Liban et le président français l’a encouragé «à apporter toute l”assistance de l”ONU à l”Union africaine». Jacques Chirac a aussi exprimé le souhait que «ce sommet soit l”occasion de contacts avec le président Omar el- Béchir du Soudan pour aider au règlement de la question du Darfour».

La candidature du Soudan fait polémique

Les combats entre les forces gouvernementales soudanaises et les rebelles risquent de provoquer une catastrophe humanitaire dans cette province occidentale soudanaise. Les organisations humanitaires affirment que 250 000 personnes ont été déplacées à cause de ces confrontations, au cours des six derniers mois. Ce conflit rend également difficile la succession du président congolais, Denis Sassou Nguesso, à la tête de l’UA. Il y a un an, lors du sommet réuni à Khartoum, la candidature soudanaise avait été acceptée. Mais les partenaires africains ont exigé des progrès concernant la situation au Darfour, ce que Kampala n’a pas été en mesure d’accomplir.

Cette question est en train d’agiter vivement les délégations présentes dans la capitale éthiopienne, où l’on parle d’une hypothétique «solution alternative». Jean-Karim Fall, envoyé spécial de RFI au Sommet de l’UA, souligne que «pour éviter ce que certains qualifient de scénario catastrophe, plusieurs options sont à l’étude : la prolongation du mandat du président congolais Sassou Nguesso, la désignation du président ghanéen John Kufuor, l’élection du président tanzanien Kikwete». Des conciliabules sont en cours au Palais de Marbre qui abrite les délégations, mais le retrait du président soudanais est loin d’être acquis. Ses partisans au Maghreb rappellent qu’Omar el-Béchir préside actuellement la Ligue arabe. Et notre envoyé spécial à Addis Abeba signale, également, que le président soudanais «n’a pas que des amis au sein de l’Union africaine. Sa désignation est combattue par plusieurs pays dont le Tchad». Ndjamena pourrait ainsi suspendre sa participation à l’UA, selon un diplomate à Addis Abeba.

par
 Antonio  Garcia (RFI.fr)

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