Une délégation du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) est en mission dans notre pays depuis mercredi dernier, afin d’obtenir des informations sur les avancées de la Transition en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel. Conduite par le représentant permanent du Nigéria auprès de l’UA, Adékunlé Adeleke, ladite délégation a eu, hier, une séance de travail avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.
Cette réunion, qui a eu lieu dans les locaux du département des Affaires étrangères, a été ensuite élargie au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, au ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga et celui des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyene.
DÉCISION CONSÉQUENTE- Au terme des échanges, le chef de la délégation du CPS a jugé la réunion «très fructueuse», notant que les avancées sont très positives concernant la restauration de l’ordre constitutionnel qui inclut la participation de toutes les parties prenantes, y compris les femmes et les jeunes. Répondant à la question de savoir si cette mission va débloquer la suspension de notre pays des instances de l’organisation, Adékunlé Adeleke a indiqué que lorsque sa délégation rentrera à Addis-Abeba, une décision conséquente sera prise sur cette question. Toutefois, il s’est dit «satisfait» des explications fournies par le gouvernement. «Nous continuerons à travailler avec le Mali», a-t-il laissé entendre.
Pour rappel, au mois de juin dernier, après le sommet de la Cedeao tenu à Accra qui a décidé de la suspension de notre pays de ses instances, l’UA s’est réunie pour entériner cette décision, sur la base du principe de la subsidiarité. Depuis lors, le Mali est suspendu aussi des instances de l’organisation continentale.
Cependant, c’est la première fois que le CPS se déplace dans un pays sous le coup de la suspension. Ce qui est une grande marque d’amitié et de considération, selon le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Pour Abdoulaye Diop, le Conseil a décidé cette mission parce qu’il estime que la suspension de notre pays est faite au regard des textes fondateurs de cette organisation. «Mais, il ne s’agit pas de pénaliser le Mali, en particulier», a clarifié le ministre Diop. Malgré cette suspension, la délégation veut avoir un engagement constructif avec les autorités maliennes, a-t-il ajouté. Le ministre Diop a rappelé que le délai de la Transition est court, soulignant la nécessité de pouvoir travailler ensemble pour créer les conditions de sa réussite. «C’est par rapport à cela qu’ils sont là», a-t-il relevé.
DIALOGUE SOCIAL- Au cours de cette rencontre, le gouvernement a donné les éléments d’appréciations nécessaires par rapport à la situation du pays, aux efforts des autorités et à leurs besoins en termes d’accompagnement. Pour le chef de la diplomatie malienne, l’organisation des élections nécessite un appui technique et financier de l’UA, de la Cedeao et de l’ensemble de nos partenaires. Il ajoutera que pour sécuriser le pays, assurer un maillage important pour la tenue d’élections, «nous avons besoin d’un accompagnement ».
«Nous avons souhaité aussi que cette mesure de suspension qui nous pénalise, puisse être levée en concertation avec la Cedeao », a plaidé le patron de la diplomatie malienne. Abdoulaye Diop a également soutenu que le gouvernement a mis en avant l’ensemble de ses préoccupations, estimant que les autorités ont été comprises.
Aussi, a signalé le ministre Diop, il a été réitéré l’engagement total et sans équivoque des autorités du pays à respecter les échéances de la Transition et la tenue à date des élections. « Nous avons aussi mis l’accent sur un certain nombre de facteurs que si, ils ne sont pas maîtrisés, pourraient éventuellement poser des problèmes à la réussite de la Transition », a signalé Abdoulaye Diop. Il s’agit de la situation sécuritaire du pays, qui doit rester sous contrôle, et de la situation sociale. Sur ce dernier point, les émissaires de l’UA ont encouragé le gouvernement à maintenir le dialogue social pour pouvoir maîtriser cette situation.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a saisi l’occasion pour demander à la délégation d’encourager les partenaires de notre pays à lui apporter un appui conséquent. «Nous sortons de cette réunion avec une réaffirmation nette de la solidarité de l’UA vis-à-vis du Mali », s’est réjoui Abdoulaye Diop, ajoutant que tout sera mis en œuvre pour pouvoir faire en sorte que «nous puissions marcher ensemble».
Bembablin DOUMBIA