«C’est en temps de difficulté que l’on reconnaît ses vrais amis». Cette sagesse populaire semble totalement oubliée par les Etats africains, qui, en dehors de leur Union, s’engage un à un à reconnaître le Conseil national de transition, mis en place par les rebelles de Bengazi pour piller les richesses libyennes. Ce qui est une honte pour l’Union africaine et une menace pour la paix à l’intérieur des Etats.
En effet, depuis un peu plus de sept mois, le monde entier assiste, tel à un feuilleton, à la destruction systématique de l’économie de l’un des pays les plus économiquement stable de la sous région et dont le niveau de développement n’a rien à envier aux «pays dits développés.» Cela en témoigne les attaques ciblées des forces de la coalition visant tous les secteurs névralgiques du pays, réduisant à néant plus d’une quarantaine d’années d’effort de construction du pays en se servant de la rébellion de Bengazi, une situation atypique dans le pays de ce que nous appelons désormais «le dernier résistant africain.»
Car, de mémoire d’homme, l’on n’a jamais aussi bien armé une rébellion de façon dévoilée pour invincer un régime surtout avec l’aide de l’ONU.
S’opposant à toute initiative de médiation de l’Union africaine (UA), ces «rats», d’après les termes du colonel Kadhafi, ont tout détruit, tout pillé et se retrouvent au sein d’un Conseil national de transition (CNT) pour se faire connaître. Tout se passe comme si le Guide a eu ce qu’il méritait.
En reconnaissant ce Conseil, cela reviendrait à légitimer cet acte ignoble sur notre continent, un acte qui relève d’une autre époque. Car, il est apparu clair pour tout le monde que l’objectif principal visé par cette agression est de mettre fin à un régime qui leur posait beaucoup plus d’obstacles pour s’accaparer de l’or noir et créer de l’emploi avec les dégâts qui seront causés afin de booster leur économie agonisante. Ce qui fera voler à l’éclat la souveraineté chèrement acquise des Etats.
Puisque désormais, personne ne se sentira en sécurité. Pour demeurer, la règle d’or serait d’obéir aux «maîtres». Cette reconnaissance prouvera également à la face du monde que l’Union africaine n’est qu’une coquille vide, car incapable de peser en contre- poids pour défendre ses membres des agressions extérieures.
En ce sens que cette ingérence extérieure et l’interdiction aux Africains de résoudre un problème africain sur un territoire africain dépassent le seul cadre de Kadhafi et de la Libye et pose la question de la souveraineté des Etats africains. Puisque par cet acte, l’on a le droit de se poser la question : à qui le tour ? Ce qui parait une honte pour l’UA.
Et le pire, c’est qu’avec cette reconnaissance du CNT, l’Union africaine reconnaîtrait implicitement une rébellion armée et un pouvoir pris par la force. Ce qui irait à l’encontre d’un de ces principes fondamentaux qui est de ne pas reconnaître un pouvoir conquis par les armes.
Et enfin, si le cas Bengazi trouverait leur approbation à cause de la pression extérieure, qu’adviendra- t- il des autres rébellions qui minent bon nombre de ces Etats ? Pourrions- nous parler désormais de paix en Afrique ?
Alors, le vieux sage bambara ne disait- il pas ceci «si tu vois les vautours dévorer le cadavre humain, ne dites pas vautour quitte le cadavre de l’homme, mais plutôt vautour quitte notre cadavre.»
Daouda DOUMBIA