Mes chers soeurs et frères du continent africain et de la Diaspora,
Il me plaît de vous accueillir ici en cette heureuse occasion de la Journée de l’Afrique, alors que nous célébrons ensemble le cinquante-cinquième anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine, devenue Union africaine, et rendons hommage aux Pères fondateurs et à ceux qui, à l’aube du 20ème siècle, ont initié cette remarquable trajectoire panafricaine.
Animés par l’idéal du Panafricanisme, tous les dirigeants africains de l’époque s’étaient retrouvés ici, à Addis Abéba, le 25 mai 1963, et avaient convenu, à l’unanimité, de créer l’OUA, lui assignant trois missions: (a) la libération des pays et peuples africains de la domination coloniale et de la discrimination raciale, (b) la réalisation de l’autosuffisance et la lutte contre le sous-développement, et (c) la promotion de l’intégration, de l’unité et de la solidarité africaines.
Beaucoup de critiques ont été formulées à l’encontre de l’Organisation de l’unité africaine, parfois à juste titre. Mais en tant qu’Africains, il nous incombe également de reconnaître que l’OUA a surmonté les énormes défis, tant internes qu’externes, qui ont mis en danger son existence.
Oui, l’OUA a surmonté les divisions héritées de la domination et des ingérences étrangères, ainsi que les défis liés à la Guerre froide. Elle a persévéré dans la quête de l’unité et de la solidarité continentales. Et elle a apporté une contribution exceptionnelle à la lutte contre le colonialisme et la domination raciale.
Sur la scène internationale, l’OUA a servi de plateforme pour des générations successives de dirigeants africains et, à travers eux, a contribué de façon significative à l’élaboration des normes qui gouvernent, aujourd’hui, les relations internationales.
Dernier point et non des moindres, l’OUA a été à l’origine des instruments continentaux qui ont jalonné la marche de l’Afrique vers la démocratie, une obligation redditionnelle renforcée, un développement accéléré, et une intégration plus poussée. Ces instruments ont jeté les fondations solides sur lesquelles repose l’Union africaine.
Le lancement de l’Union africaine, en 2002, fut le témoignage de la détermination de nos dirigeants à accélérer la réalisation de l’unité continentale et à trouver des solutions endogènes aux défis de l’heure. Ce lancement a également marqué une prise de conscience aigüe de la nécessité de vous impliquer plus activement, vous citoyens africains, dans la gestion des affaires de l’Union africaine. La construction de l’unité du continent et son intégration sont une ambition collective. Leur réalisation exige, dès lors, l’implication de tous les Africains.
Depuis son avènement, l’Union africaine a eu à son actif nombre de réalisations. Cette année a vu le lancement du Marché unique sur le transport aérien en Afrique, ainsi que la signature de l’Accord sur la Zone continentale africaine de libre-échange et du Protocole sur la libre circulation des personnes et le passeport africain.
Dans le domaine de la paix, de la sécurité et de la gouvernance, l’Union africaine a fait montre d’un volontarisme indéniable. En différentes parties du continent, des personnels africains en uniforme sont déployés pour combattre le terrorisme, restaurer la sécurité et aider à créer les conditions minimales requises pour une paix et une réconciliation durables. Des efforts tout aussi soutenus sont déployés en matière de prévention et de médiation.
La démocratie et l’État de droit prennent progressivement racine sur le continent, malgré les reculs enregistrés et les difficultés rencontrées. Sur le terrain, l’Union africaine concourt de façon pratique à l’amélioration des conditions de vie des populations africaines et au développement de nos États membres. Nous devons tirer fierté de ces réalisations. Dans le même temps, il importe de rester vigilant et d’avoir conscience du long chemin qui reste encore à parcourir pour venir à bout des obstacles dont la persistance peut compromettre ces acquis obtenus de haute lutte.
De ce point de vue, la lutte contre la corruption, sous toutes ses formes, revêt une importance cruciale. La corruption ruine la vie de gens ordinaires, en même temps qu’elle sape leur confiance en leurs dirigeants et institutions publiques. Les ressources nécessaires au développement et à la prestation de services de base – comme l’électricité, l’éducation, la santé, l’assainissement et l’eau potable – sont détournées par quelques-uns, privant ainsi la majorité de la population de l’accès à ces services essentiels.
Les dirigeants africains ont déclaré le 11 juillet Journée africaine de lutte contre la corruption et l’année 2018 comme Année de lutte contre la corruption, sous le thème «Vaincre la corruption: une voie durable vers la transformation de l’Afrique». Lors de leur Sommet de janvier dernier, ils ont également adopté un Appel à l’action pour lutter contre la corruption et l’éradiquer. J’en appelle à la responsabilité de chacun d’entre nous, dirigeants et Africains ordinaires de tous les horizons, afin que le fléau que constitue la corruption soit combattu avec détermination.
Qu’il me soit permis de réitérer ma foi en l’avenir de notre Union et de notre continent bien aimé. En dépit du ralentissement qui affecte l’économie mondiale, plusieurs pays africains figurent parmi ceux qui enregistrent les taux de croissance économique les plus élevés au monde.
La lutte contre le changement climatique a acquis une urgence renouvelée. La production agricole et la sécurité sanitaire des aliments, l’utilisation judicieuse de nos ressources naturelles et l’industrialisation bénéficient d’une forte attention de la part des dirigeants africains.
Des efforts soutenus sont déployés pour offrir à nos jeunes les opportunités dont ils ont besoin pour réaliser leurs aspirations.
L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes constituent une composante essentielle de nos efforts.
Des mesures ont été prises pour contrer et atténuer les effets des maladies et pandémies, avec la mise en place d’institutions sanitaires appropriées.
L’intégration continentale se poursuit avec vigueur. Il en va de même pour l’objectif visant à faire parler l’Afrique d’une seule voix sur la scène internationale, particulièrement au regard du contexte actuel de remise en cause du multilatéralisme. En parallèle, un vaste processus de réforme institutionnelle est en cours pour adapter notre Union aux défis de l’heure et assurer son autonomie financière.
En cette Journée de l’Afrique, j’en appelle à nous tous, femmes et hommes, jeunes et vieux, sur le continent et dans le Diaspora, à renouveler notre engagement à oeuvrer à la réalisation de la vision de l’Union africaine d’un continent intégré, prospère, paisible, dont le destin est entre les mains de ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale.
Joyeuse fête à tous!