Le 30ème sommet de l’Union Africaine s’est déroulé à Addis-Abeba en fin janvier 2018. Seize ans après sa création, assez de progrès ont été réalisés par l’UA mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il reste beaucoup à faire.
Seize ans plutôt, le 09 Juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud, la 38è conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA proclame la naissance officielle de l’Union Africaine. Plusieurs années ont été nécessaires pour mettre en place l’Union Africaine. En 1999, la déclaration de Syrte est adoptée. Un an plus tard, l’acte constitutif de l’UA était signé. Il entre en vigueur le 25 Mai 2001.
Fondée en 1963 par 32 Etats africains qui avaient accédé à l’indépendance, l’Organisation panafricaine avait pour objectif principal de parachever la décolonisation du continent et de renforcer l’unité africaine. Aujourd’hui 53 pays ont rallié l’union africaine et cela reflète essentiellement l’ensemble des efforts consentis par les pères fondateurs de l’organisation mère.
Le témoignage plein d’émotion de Kenneth Kaunda, ancien Président zambien et seul père de l’OUA encore vivant, interviewé par RFI ce 09 juillet 2002 édifiait les jeunes générations. « Je ne suis pas certain que l’OUA soit enterrée. L’OUA a vécu et nous a donné ce bébé. On espère qu’il grandira à l’image de l’OUA des années de lutte, car dans ce domaine l’OUA a beaucoup fait. »
Si la lutte pour l’indépendance de tous les Etats a abouti par la synergie à l’unisson des autres déjà libérés, le constat est que malgré cette stature d’indépendance le continent n’est pas encore autonome. Au-delà de la volonté d’intégration des pays, il faut celle pleine des hommes et des économies afin que tous ces pays qui vivotent pour la plupart soient en mesure de concrétiser le rêve indépendantiste. Celui financier.
La meilleure des indépendances aujourd’hui est celle qui procure une autonomie économique. Le continent regorge de potentialités inexploitées. Il s’avère que les initiatives ne manquent au niveau privé. L’un des plus grands défis auquel le continent africain est maintenant confronté est celui de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme religieux surtout dans la bande sahélo-saharienne.
Les africains doivent eux-mêmes prendre ce taureau par les cornes. Les différentes forces onusiennes qui pullulent sur le sol africain ne sont pas des alternatives réelles à ce problème qui ne trouverait réellement sa solution que par des initiatives globales et africaines surtout. « On ne peut pas se mirer dans une eau trouble » dit un adage africain. L’Afrique n’aura pas sa solution avec les forces onusiennes qui sont majoritairement financées par les grandes puissances européennes ou américaines.
Ces mêmes puissances qui produisent les armes sont soupçonnées de connivences avec les rebelles, terroristes, indépendantistes et autres bandits transfrontaliers. Alors l’Afrique restera à la merci de ses puissances si elle ne prend garde et ses dirigeants qui doivent prendre conscience que nul ne fera ce continent à leur place. Que dire lorsque des fonds destinés à l’investissement dans les pays sont détournés par des dirigeants véreux à des fins familiales ou dorment dans des banques européennes ou américaines ?
L’Afrique du Sud est le dernier pays libéré grâce aux efforts conjugués de l’OUA et du peuple sud-africain. Quant aux échecs, l’OUA n’a pas su gérer les conflits internes et régionaux qui ont pour la plus part des origines égocentriques. Avec ses dirigeants, l’union africaine doit pouvoir faire ce que l’OUA n’a pas su faire. Ces conflits internes se résument principalement à ceux politiques. L’alternance politique est en réalité un comportement qui échappe à beaucoup des dirigeants africains, soi-disant démocrates.
Même si parmi les dirigeants d’aujourd’hui, certains en l’occurrence le tchadien Idriss Deby Itno, l’ancien Président de la commission, le guinéen Alpha Condé, son successeur et non moins Président de la République du Rwanda Paul Kagamé, etc. sont déterminés et prêts à nous engager dans cette union, avec comme priorité le développement économique et ses retombées socioculturelles, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, l’intégration sociale devient difficile.
Relever le défi de l’intégration et de la libre circulation des personnes et de leurs biens à l’image de l’espace Schengen n’est pas pour demain. En témoignent les récents vacarmes suscités par la capture et l’esclavagisation des africains au sud du Sahara vivant ou transitant par la Libye pour l’Europe. Aussi faudra-t-il ajouter les chasse-à-l ’homme perpétrées par les algériens aux maliens, nigériens, nigérians, béninois, burkinabé, guinéens, etc.
Les cas de l’Angola et de la RDC laissent aussi perplexes les curiosités. Toute chose qui laisse voir le caractère immature du concept d’union et également de manque de synergie pour venir à bout du nationalisme ambiant et dégradant qui caractérise certains pays africains.Le Maroc qui avait quitté l’OUA en 1982 lors de la reconnaissance du Sahara occidental, a rejoint l’UA en février 2017.
Quinze ans après sa naissance, si l’UA a désormais rallié la totalité des pays africains, elle ne cesse de se reformer pour être plus autonome, moins bureaucratique et financièrement indépendante des bailleurs internationaux…Les Etats Unis d’Afrique, ce rêve des pères fondateurs de l’OUA n’est toujours pas concrétisé.
L’union africaine existe mais connait des failles dans sa cohésion réelle, sa solidarité et sa visibilité. Elle doit créer des activités dans différents domaines comme elle venait de le faire en créant l’ASEOWA (santé) pour l’Afrique de l’ouest, la MUSCA Afrique centrale et les étendre avec une grande promotion médiatique. Elle peut suivre l’exemple simple de sa sœur UE (Union Européenne).
Cela exige des moyens conséquents c’est-à-dire une contribution de chaque Etat. C’est avec beaucoup de sacrifices qu’ils peuvent y arriver. Une sanction disciplinaire doit être envisagée contre tous les pays qui ne seront pas sincères dans le paiement de leur quote-part. Nonobstant que l’UA respecte ses objectifs, celui de ses principes laisse à désirer.
En illustrent les assassinats ciblés, les emprisonnements et autres tortures politiques, alors qu’il est condamné sans réserve dans l’un des principes de l’Union. Les mises à mort politique par les pays voisins ou tout autre Etat sont également condamnés. Nous sommes en droit de demander quelles dispositions l’organisation panafricaine a prises pour défendre le cas du guide libyen ?
Il manque une réelle volonté politique aux chefs d’État africains pour traduire dans les faits ces objectifs. Les dirigeants africains ont du mal à s’exprimer d’une seule voix en faveur du continent pour freiner, au mieux s’opposer aux appétits hégémoniques des occidentaux en Afrique afin d’œuvrer au bien-être social des Africains.
Nonobstant des lueurs d’espoirs apparaissent avec l’arrivée du rwandais Kagamé qui ne mâche pas ses mots et qui semble un bon bâtisseur à l’image des efforts fournis dans son pays qui sort majestueusement d’une guerre fratricide qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts et énormément de dégâts matériels.
Certes d’énormes progrès ont été faits mais la machine UA a du pain sur la planche pour atteindre les objectifs de l’ancienne OUA ne serait-ce que l’indépendance économique et financière.
S M D