Le Guide de la Jamahiriya veut créer des «Etats-Unis du Sahara» : quatre présidents de quatre pays sahéliens avaient participé en août 1997 au Sommet organisé sur ce thème à Tripoli : le Burkina-Faso, le Niger, le Tchad et le Mali. A la fin de ce Sommet, les cinq ont signé deux déclarations … soucieux de donner une nouvelle impulsion aux relations de coopération existant dans différents domaines pour réaliser des intérêts communs, les dirigeants avaient décidé d’agir afin de consolider les liens sociaux et économiques entre leurs pays et de renforcer les mécanismes de coopération établi en faveur de la stabilité politique et sécuritaire dans la région.
Dans les quatre sus cités, la Libye est le principal partenaire au développement. Ces pays ont en partage le Sahara et l’enclavement. Sans l’Algérie, l’intégration tant convoitée par Kaddafi est-elle possible ?
Qu’est-ce qui fait encore courir Mouammar Kaddafi ? La poursuite d’un rêve, toujours le même depuis 1981 : échapper à l’immensité du désert en tentant d’unir les destinées de la Jamahiriya à celle de pays voisins, voire beaucoup plus éloignés : Tchad, Tunisie, Egypte, Soudan, Mauritanie, Syrie…
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La liste est longue.
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Naturellement, la mystique unitaire n’exclut pas les considérations politiques, idéologiques, voire religieuses ; Les thèses du leader libyen sont généralement accueillies avec prudence et réserve par ses pairs. N’empêche, les idées sont lancées, elles font leur chemin. Les dirigeants africains qu’il a invités à Tripoli en ce mois d’Août appartiennent à une nouvelle génération. Entre lui et eux, le courant passe mieux qu’avec leurs aînés. En dépit de l’embargo international qui le frappe, à cause de son implication supposée dans l’attentat contre un Boeing de la Panam, en 1988, son pays entretient des relations diplomatiques avec trente-deux pays africains noirs sur quarante-six.
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Au nom de liens historiques anciens, fortifiés par l’islam, Kaddafi suggère à ses hôtes de bâtir une alliance autour du Sahara, dont la Libye serait, en quelque sorte, la porte d’entrée (et de sortie) ; Ne dispose-t-elle pas d’une façade de deux mille kilomètres sur la méditerranée ?
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Pourquoi ne pas laisser cette porte entrouverte à l’intention de pays enclavés comme le Tchad, le Mali, le Burkina et le Niger ? En dehors du pétrole, les Libyens n’ont pas grande chose à vendre. Ils ont de l’argent, qu’ils consacrent, pour une large part, à l’achat d’arme et d’avions sophistiqués. Le sable du désert les détériore inexorablement. Pourquoi ne consacreraient-ils pas leurs excédents financiers à la création de banques, à la construction de routes transafricaines, au forage de puits ou au renforcement de la sécurité le long des frontières Sahariennes ?
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Les promesses d’une éventuelle union sont alléchantes. Elles interviennent, en outre, à un moment favorable. Crise dans la région des Grands Lacs, prolongée par le renversement de Mobutu et par la guerre civile au Congo Brazzaville, les mutineries répétées en Centrafrique, sans compter les signes d’instabilité qui se manifestent ici ou là, tout cela souligne la nécessité, pour l’Afrique, d’emprunter une autre voie : celle de l’intégration. Dans le même temps, la diplomatie occidentale prend du recul par rapport au continent. Les Français s’éloignent sur la pointe des pieds, tandis que les Américains ne cherchent qu’à renforcer leurs positions dans quelques pays comme l’Afrique du Sud, l’Algérie ou l’Egypte, en faisant l’impasse sur le reste.
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L’offensive unificatrice de Kaddafi ne laisse pas insensible le Tchad, déçu par les résultats de la coopération sous-régionale. Ne l’oublions pas : c’est un pays charnière coincé entre deux pays arabes (Libye et Soudan)), trois francophones (Cameroun, Niger, Centrafrique) et un anglophone (Nigeria). Ses choix lui sont dictés par ces considérations géopolitiques. Disons qu’au Tchad, Kaddafi ne prêche pas…dans le Désert.
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D’autre Etats enclavés comme le Mali, le Niger ou le Burkina manifestent, eux aussi, une certaine impatience. Ils ont le sentiment que leurs voisins disposant d’un accès à l’océan Atlantique ne manifestent guerre d’empressement à faciliter l’accès de leurs ports aux produits arrivant de l’intérieur du continent. Ne devraient-ils pas s’efforcer d’éliminer, avec plusde diligence, les tracasseries administratives qui freinent la libre circulation de ces produits sur les routes transafricaines ? Les clauses du traité de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) leur en font pourtant l’obligation, sur la base d’un calendrier précis.
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Kaddafi semble avoir oublié l’existence de l’Union du Magréb arabe (UMA). C’est dans cet ensemble, qui a du mal à prendre son envol, que le projet aurait le plus de chances de se concrétiser…
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Justin Vieira
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Inter de Bamako du 28 juin 2007
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