« Quelle Union pour les générations d’aujourd’hui et demain ? ». Telle était le thème de la conférence-débat organisée jeudi dernier par le Mouvement Fédéraliste Panafricain du Mali (MFPA-Mali) dans le cadre de la commémoration de la Journée de l’Afrique. Elle était animée par les Docteurs Makan Diallo, président de la Jeunesse Union Africaine et Yaya Traoré, politologue.
Pour Mahamadou Wadidié, coordinateur adjoint du MPFA-Mali, le mouvement se donne comme objectif de rassembler les mouvements panafricains présents au Mali afin d’œuvrer dans la réalisation d’une Union Africaine de la base au sommet.
Le Dr Makan Diallo, dans son intervention, a fait un rappel de l’historique de l’Union Africaine à travers le panafricanisme. Un rappel dans lequel il a mis en avant l’initiative de l’avocat Henry Sylvester du Ghana (ex Trinité) depuis les années 1990 qui a œuvré pour l’épanouissement du peuple noir en passant par William Edward Burghardt Dubois, Marcus Garvey, Georges Pandor dont les actions ont inspiré les pères de l’indépendance en Afrique et continue d’inspirer les nouvelles générations.
Aux dires du Dr Diallo, les mouvements progressistes anticoloniaux incarnés par Modibo Keita, Kwamé N’Krumah, Sékou Touré, Gamal Abdel Nasser, Kenyatta,… avaient une vision pour leur peuple. Et c’est ce qui les a permis de créer en Afrique des comités composés d’ouvriers, de femmes, de jeunes et de paysans pour une démarche populaire et inclusive de leur politique de décolonisation. Des leaders qui n’attendaient pas les soutiens extérieurs pour agir. Et cela, jusqu’à l’indépendance de la majeure partie des pays africains et la création de l’Organisation de l’Unité Africaine(OUA). Une démarche qui, selon lui, doit inspirer la jeunesse actuelle trop attentiste.
Il a néanmoins regretté que le principe de Liberté-Egalité-Souveraineté des Etats membres qui avait pour but de converger les blocs de Monrovia et de Casablanca ait été l’élément majeur de la disparition de l’OUA et des nombreux Coups d’Etat et assassinats des pères de l’indépendance. Une insuffisance de ces deux blocs dont la création de l’Union Africaine en 2002 a voulu répondre. Une nouvelle institution constituée de bonnes chartes mais non appliquées.
Quand au Docteur Yaya Traoré, il a rappelé que depuis l’époque des résistants (Samory Touré, Chaka Zoulou, Tiéba, Behanzin, Banzani,…) jusqu’à aujourd’hui, tous ceux qui sont morts pour la défense, la liberté et la dignité de l’Afrique sont des martyrs du panafricanisme.
Il s’est également prononcé sur l’indépendance des pays africains qui laissent à désirer. « Nous sommes sous le régime du proto-souveraineté qui n’a réellement pris corps. Nous vivons dans une fiction d’indépendance qui fait que nous oublions souvent de lutter et de comprendre que l’indépendance, la liberté, la souveraineté s’inscrivent dans une longue durée », a-t-il précisé.
Il a expliqué aussi que la question sécuritaire est hautement stratégique pour l’Afrique dépossédée de moyens de défense militaire. « Nous n’avons pas de moyens de dissuasion et nous sommes en danger et il faut que les africains le savent. Or, nous avons des ressources nécessaires pour une armée d’élite africaine », a-t-il indiqué. Une manière d’éviter les interventions occidentales dans les crises sur le continent.
Yaya a en plus mis l’accent sur la contribution intellectuelle et même politique de Joseph Ki-Zerbo et Cheick Anta Diop qui fut un martyr intellectuel car il a été empêché d’enseigner dans son propre pays le Sénégal pour ses idéaux.
Si l’ossification des frontières tant craint par l’auteur de Nations nègres et cultures est devenue aujourd’hui une triste réalité, Dr Yaya propose la suppression des visas entre les pays africains dont la société doit s’engager sans attendre les politiques. Il a aussi proposé l’introduction des modules du panafricanisme dans le programme scolaire, la création d’un institut polytechnique,…
Sur la question capitale de la souveraineté monétaire au prisme de l’actualité sur le continent, il propose que le politologue et leader du mouvement, Kemi Seba, doit être soutenu et protégé.
Mamadou dit M’Baré FOFANA