Ce qui a, dit-elle, commencé comme un gang criminel localisé se propage désormais en Afrique de l’Ouest et centrale. D’où son appel à l’adoption d’«une réponse collective, décisive et efficace». Alors que le Secrétaire général de l’ONU a, pour sa part, vu en la secte ‘’un danger pour la paix et la sécurité nationale (au Nigeria), régionale et internationale’’.
La veille, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, qui s’est réuni en marge du sommet pour tenter d’apporter des solutions au terrorisme rampant, avait appelé à la mise en place d’une force continentale de 7 500 hommes pour contrer la montée en puissance de Boko Haram. L’organisation régionale a d’ores et déjà demandé à l’ONU de financer la force régionale anti-Boko Haram. «L’Union africaine va proposer au Conseil de sécurité des Nations unies une résolution dans ce sens et appelle la communauté internationale à contribuer financièrement à cet effort», a déclaré Smaïl Chergui, le commissaire en charge du dossier à l’issue du Conseil paix et sécurité de l’UA.
Il faut souligner que la rapidité de l’avancée de la secte islamiste dont l’insurrection, depuis 2009, a fait 13 000 morts, inquiète de nombreux voisins du Nigeria, notamment le Cameroun, le Niger et le Tchad. Ces pays, en plus du Bénin, avaient déjà convenu fin 2014 d’établir une force de 3 000 hommes. Celle-ci n’est toujours pas opérationnelle du fait de dissensions entre Abuja et ses voisins.
Selon certaines sources, cette prise de conscience des chefs d’Etat africains de dresser une force régionale contre le groupe armé nigérian n’aurait visiblement pas eu d’impact sur le chef de Boko Haram, Abubakr Shekau, réputé pour sa férocité. Dans une vidéo, publiée sur Youtube, ce dernier aurait menacé le président camerounais Paul Biya, le chef d’Etat tchadien Idriss Deby, ainsi que le dirigeant nigérien, Mahamadou Issoufou, se disant prêt à combattre leurs troupes respectives.
Les dirigeants africains se sont, par ailleurs, penchés sur des questions électorales, quand on sait que le continent organisera cette année une quinzaine de scrutins présidentiels et législatifs.
Sur ce plan, Ban Ki-Moon a appelé les chefs d’Etat africains à quitter leurs fonctions à l’issue de leur mandat. «Les changements de Constitution non démocratiques et les vides juridiques ne devraient pas être utilisés pour s’accrocher au pouvoir», a-t-il prodigué, tout en estimant que «les dirigeants modernes ne peuvent se permettre d’ignorer les vœux et aspirations de ceux qu’ils représentent».
Le sommet s’est également intéressé à des questions relatives au rétablissement économique des pays touchés par le virus Ebola, ainsi qu’au conflit qui oppose les Soudans Nord et Sud.
Rappelons que ce sommet qui a vu les rênes de l’Union confiées au Zimbabwéen Robert Mugabe, s’est déroulé sans Ibrahim Boubacar Keïta. Le président malien, arrivé jeudi à Gao, 48 heures après la mort de trois manifestants protestant contre la Minusma, a de ce fait renoncé à participer au sommet. Toutefois, le Mali était représenté par une forte délégation conduite par Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Bakary SOGODOGO