Aujourd’hui, il est incontestable de reconnaitre que l’Union Africaine (UA), autrefois appelée l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) a perdu tout son charme et toute sa force, tant sur le plan fierté au sein du peuple, que sur le plan de sa crédibilité au niveau des chefs d’États actuels depuis la mort de Mohamed Kadhafi et de Robert Mugabé. Pour cause, la majorité des chefs d’États actuels sont des bénis Oui-Oui occidentaux. Quel déshonneur et désarroi pour les peuples africains !
Qui aurait cru que l’UA, une organisation continentale aussi importante et symbolique dans la libération de l’Afrique du joug colonial, à laquelle ont adhéré les 55 États membres qui composent le continent africain, officiellement fondée en 2002 pour prendre le relais de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ayant existé de 1963 à 1999, allait finir par être au dernier rang des préoccupations des dirigeants africains ?
En effet, c’était en mai 1963, que 32 Chefs des États africains qui avaient accédé à l’indépendance et s’étaient rencontré à Addis Abeba, en Éthiopie dans le dessein de signer la Charte portant création de la première institution continentale africaine formée au lendemain des indépendances, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Elle était la manifestation de la vision panafricaine d’une Afrique unie, libre et en pleine possession de sa propre destinée et cela a été consacré solennellement dans la Charte de l’OUA dans laquelle les pères fondateurs avaient reconnu que la liberté, l’égalité, la justice et la dignité étaient les objectifs essentiels en vue de la réalisation des aspirations légitimes des peuples africains. La philosophie directrice était celle d’un panafricanisme centré sur le socialisme africain et faisant la promotion de l’unité africaine, les pratiques et caractéristiques communales des communautés africaines, et une campagne en vue de faire siens la culture et l’héritage commun de l’Afrique.
Les objectifs principaux de l’OUA étaient d’ôter le continent des vestiges restant de la colonisation et de l’apartheid ; de promouvoir l’unité et la solidarité entre les États africains ; de coordonner et d’intensifier la coopération pour le développement ; de sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale des États membres et de promouvoir la coopération internationale. La Charte de l’OUA a décliné le but de l’Organisation, à savoir : la promotion de l’unité et de la solidarité des États africains ; la coordination et l’intensification de la coopération et des efforts en vue d’offrir une meilleure vie aux peuples d’Afrique ; la défense de la souveraineté nationale, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale ; l’éradication de toutes les formes de colonialisme en Afrique ; et la promotion de la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte des Nations unies et de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Par le biais du Comité de coordination de l’OUA pour la libération de l’Afrique, le Continent a œuvré et parlé d’une seule voix déterminée et ferme afin de bâtir un consensus international en faveur du soutien pour la lutte de libération et la lutte contre l’apartheid. L’OUA offrait alors un cadre réel qui permettait à tous les États membres d’adopter dans le cadre de forums internationaux des positions coordonnées sur les préoccupations communes à l’ensemble du continent et de défendre effectivement les intérêts de l’Afrique.
C’est ainsi que le 09 septembre 1999, toujours dans le même but, les chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) ont signé la Déclaration de Syrte qui appelait de tous ses vœux la création d’une Union africaine, envisageant l’accélération du processus d’intégration continentale qui permettra à l’Afrique de jouer le rôle légitime qui est le sien dans l’économie mondiale, tout en faisant face à des problèmes sociaux, économiques et politiques variés qui devenaient complexes à mesure qu’étaient pris en compte certains aspects négatifs de la mondialisation.
Cette Union africaine (UA) sera alors créée, officiellement en juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud, suite à la décision prise en septembre 1999 par l’organisation pionnière, l’OUA de mettre en place une nouvelle organisation continentale à l’effet de consolider ses acquis. La décision de création d’une nouvelle organisation panafricaine était le fruit d’un consensus auquel étaient parvenus les dirigeants africains à l’effet de mobiliser le potentiel de l’Afrique, le besoin était ainsi créé de reporter l’attention loin des objectifs d’élimination du colonialisme et de l’apartheid, auxquels s’étaient concentrée l’OUA, pour la ramener vers une coopération et une intégration accrue des États africains et en faire le moteur de la croissance et du développement économique de l’Afrique. L’UA s’inscrit donc, dans la vision « d’une Afrique intégré, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale ».
L’Acte constitutif de l’Union africaine et le Protocole sur les amendements à l’Acte constitutif de l’Union africaine déclinent les objectifs de l’UA , qui consistent à : réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples d’Afrique ; défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses États membres ; accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent ; promouvoir et de défendre des positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses peuples; Encourager la coopération internationale ; promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent; promouvoir les principes et institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance; promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme; créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale et dans les négociations internationales ; promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l’intégration des économies africaines; promouvoir la coopération dans tous les domaines de l’activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples africains; coordonner et harmoniser les politiques entre les communautés économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l’Union ; accélérer le développement du continent par la promotion de la recherche dans tous les domaines, en particulier en science et en technologie ; œuvrer de concert avec les partenaires internationaux compétents en vue de l’éradication des maladies évitables et de la promotion de la santé sur le continent ; assurer la participation des femmes au processus de prise de décisions, notamment dans les domaines politique, économique et socio-culturel ; développer et promouvoir des politiques communes sur le commerce, la défense et les relations extérieures en vue d’assurer la défense du continent et le renforcement de ses positions de négociation ; inviter et encourager la participation effective des Africains de la diaspora, en tant que partie importante de notre continent, à la construction de l’Union africaine.
Aujourd’hui, avec le faux fuyant de certains chefs d’états avec des sabotages faisant que l’occident décide de la destinée de cette organisation libératrice, force est de reconnaitre que les organes de décision principaux pour la mise en œuvre de ses activités à savoir : La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, le Conseil exécutif, le Comité des représentants permanents (COREP), les Comités techniques spécialisés (CTS) , le Conseil de paix et de sécurité le et la Commission de l’Union africaine ; La structure de l’UA fait la promotion de la participation des citoyens africains et de la société civile à travers le Parlement panafricain et le Conseil économique, social & culturel (ECOSOCC) de l’Union africaine ; Les organes en charge des questions judiciaires et juridiques ainsi que des droits de l’homme : Les Communautés économiques régionales (CER) et le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, ne parviennent plus à faire pratiquement leurs rôles conformément aux idéaux des pères fondateurs et autres grands hommes comme Modibo Keita ; Kwamé Nkrumah ; Thomas Sankara; Kadhafi; Julius Nyeréré; Ahmed Sékou Touré, j’en passe.
A ce rythme, ayons le courage de le dire, il est fort probable que l’Union Africaine meurt de sa belle mort avant l’arrivée de son Agenda 2063, qui exige une plus grande collaboration et un appui en faveur des initiatives pilotées par des Africains afin de s’assurer que les aspirations des populations africaines se réalisent.
Dognoume Diarra