Dans le cadre de la célébration de la Journée de l’unité africaine, le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI-2002) a organisé, hier, dans la salle de conférence du gouvernorat du District, une conférence-débat sur le thème : « ’enjeux, défis, et perspectives de l’unité africaine à la lumière de ceux du XXIème siècle, et de la sortie de crise dans notre pays ».
C’était l’occasion de recueillir les témoignages des autorités traditionnelles ; du Projet d’appui au renforcement des jeunes et des femmes (Génération PARJEUF) ; l’Association des jeunes pour une citoyenneté active et la démocratie (AJCAD) ; l’Association des pionniers du Mali (APM).
Dans son mot d’accueil, le président de CRI-2002, le Dr Abdoulaye SALL, a souligné que le 25 mai 2016 était une journée mémorable. Après avoir rappelé que depuis 2004 son association travaille sur le chantier de la citoyenneté et du civisme, il a fait savoir que cette journée est une occasion de réaliser des avancées sur ledit chantier.
Le Dr SALL a exprimé ses remerciements aux élus, en particulier ceux de la commune IV avec lesquels il travaille depuis 2000 ; les chefs traditionnels avec qui CRI-2002 travaille depuis 2010 et avec qui il a signé un accord de partenariat. Il a saisi l’occasion pour rappeler qu’au début de leur partenariat, aucun chef de quartier ne disposait d’une décision de nomination. Ce qui est désormais chose faite dans la capitale, à Sikasso, Koutiala et Mopti, grâce à une forte implication de CRI-2002.
L’ancien ministre des Relations avec les institutions n’a pas oublié, dans ses remerciements, la Caritas Mali ; l’Association des communicateurs traditionnels et modernes.
Siriman BATHILY, maire de la commune IV, a fait savoir que si sa commune était très en vue, c’est grâce à des femmes et des hommes qui aident dans l’ombre, dont le Dr SALL. Il a de ce fait rappelé leur collaboration, qui remonte à 2000 et au cours de laquelle ils ont fait un livre et élaboré un Plan de développement social, économique et culturel (PDSEC). Une collaboration si féconde qu’il ne pouvait venir qu’au pied levé à la conférence organisée par CRI-2002. Aussi, s’il compte toujours bénéficier du soutien de cette association et a fait savoir aux jeunes présents, qu’au regard de la riche expérience de Dr SALL, le suivre ne pourrait qu’être tout bénéfice pour eux.
Les bonnes graines semées
Le secrétaire général de l’AJCAD a fait savoir qu’au moment de rencontrer le Dr SALL, son association avait déjà une planification pour la visite à des institutions de la République. Toutefois, a-t-il reconnu, les jeunes de l’AJCAD ne savaient pas qu’il existait des institutions autres que celles constitutionnelles. Pour leur faire découvrir cette réalité, a-t-il indiqué, le Dr SALL les a invités à apprendre à regarder à partir du bas et non l’inverse. Ce qu’ils ont expérimenté à Ouéléssébougou ; contribuant à mettre ainsi un terme à de vives tensions entre les jeunes et la collectivité.
Pour le porte-parole du PARJEUF, Boubacar Mamady KEITA, le Dr SALL est une bibliothèque. Il retient les points suivants de la formation de 25 jours qu’il leur a dispensée.
D’abord, il a parlé de l’identité et de la vision. Le conférencier leur a expliqué qu’il était impossible d’aller véritablement de l’avant quand on ne sait pas qui on est. Et qu’il faut également avoir une vision claire de ce qu’on veut. Au PARJEUF, au sortir de cet atelier, la vision est un Mali émergent dans la paix et la stabilité.
Ensuite, ce que retient le porte-parole, est le discours du président de CRI-2002 sur le leader et le leadership. Il a compris que le leader n’était pas celui qui est préoccupé par le gain financier, qui donne des ordres. Il est celui qui ne dit pas allez-y ; mais allons-y, parce qu’il est lui-même au cœur de l’action.
Enfin, M. KEITA a rappelé l’approche territoriale qu’il faut privilégier, pour le développement ; chaque région ayant sa spécificité.
Le président de l’Association des pionniers du Mali a rappelé l’implication personnelle du président de CRI-2002 qui a permis une représentation des pionniers du Mali, à raison de 5 par région, à la biennale de Sikasso, en 2010. Aussi, a-t-il martelé, « si tous les Maliens faisaient leurs les 9 articles de la loi des pionniers, le pays s’en irait beaucoup mieux ».
Dans sa communication, le Dr SALL a souligné que pour réaliser l’unité africaine au 21e siècle, avec les moyens du 20e siècle, une coopération intergénérationnelle s’avère indispensable.
Pour lui, il y a trois batailles à mener : la bataille du souvenir ; la bataille de l’avenir (cf chant national des pionniers) et la bataille du devenir.
Parlant de la bataille du souvenir, il a soutenu que c’est ce souvenir qui est écrit à l’article 117 de la Constitution de 1992 : « la République du Mali peut conclure avec tout État africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine » et que cette disposition existait avant la formation de l’Organisation de l’Unité Africaine, le 25 Mai 1963. Ce qui a fait dire au conférencier que l’unité est dans l’ADN du Mali indépendant.
Pour le Dr SALL, la bataille du souvenir, c’est aussi jeter un regard sur le chant des pionniers qui date de 1961.
La bataille du souvenir, c’est aussi ne pas oublier que l’OUA est née de l’affrontement entre le Groupe de Monrovia, conduit par Kwamé N’Krumah qui prônait un Gouvernement panafricain avec deux chambres ; et celui d’Éthiopie qui a opté pour une organisation des États et non des peuples. Et que c’est cette dernière qui l’a emporté. Et le Dr SALL de s’interroger : Où en sommes-nous aujourd’hui avec nos indépendances ?
Un bilan sombre
Le conférencier a rappelé les objectifs de l’OUA : Renforcer l’unité et la solidarité des États africains ; coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions d’existence aux peuples d’Afrique ; défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance ; éliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l’Afrique ; favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte des
Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
À la lumière de ces objectifs, le Dr SALL a fait un état des lieux très peu flatteur avec des morts qui font vivre les vivants ; une armée française qui avait été chassée et qui est appelée à la rescousse…
Il a aussi invité à ne pas confondre démocratie et droits de l’Homme. Et pour cause, à Athènes, il y avait plus d’esclaves que d’hommes libres et s’est particulièrement alarmé de la situation dans laquelle nous nous trouvons. En effet, si avant ce sont les États qui se faisaient la guerre ; aujourd’hui, ce sont des citoyens qui prennent les armes pour attaquer leur propre État.
La note de satisfaction est que notre Constitution est l’une des plus avancées du monde. Son Titre 1er disposant en son article 1er : « ’ la personne humaine est sacrée et inviolable »’.
Les Principes de l’OUA ont été également rappelés : égalité souveraine de tous les États membres ; non-ingérence dans les affaires intérieures des États ; respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État et de son droit inaliénable à une existence indépendante ; règlement pacifique des différends, par voie de négociation de médiation, de conciliation ou d’arbitrage… »’
Les recommandations
Pour terminer, le Dr SALL a fait les recommandations suivantes : ériger le chant national des pionniers en chant national des jeunes et des enfants du Mali ; appuyer les autorités traditionnelles pour leur permettre d’occuper leur place et jouer pleinement leur rôle ; proposer une synergie alternative pour servir la nouvelle vision de la décentralisation fondée sur la régionalisation et la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
L’honneur est revenu au Coordinateur des chefs de quartier de Bamako, Bamoussa TOURE, de boucler la boucle des témoignages. Il a salué une collaboration féconde, porteuse entre sa Coordination et CRI-2002. Ce qui a permis de : donner une décision de nomination aux chefs de quartier ; donner beaucoup de visibilité aux chefs de quartier sur la scène nationale ; assurer une formation continue et de façon pédagogique des chefs de quartier.
Parmi les questions posées par les participants, il y a celle relative à l’apprentissage du chant des pionniers, même par les enseignants, avant de pouvoir l’appliquer dans la vie quotidienne.
Alassane Cissé