Hier et avant-hier, environ une trentaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement, se sont rendus à Addis-Abeba « pour discuter de l’avenir » de l’Union Africaine (UA). Si les 17 et 18 novembre, l’ensemble des pays africains n’ont pas pu être représentés au plus haut niveau à ce sommet extraordinaire, néanmoins, les 55 Etats membres de l’organisation continentale avaient envoyé une importante délégation dans la capitale éthiopienne. Cette rencontre était présentée par beaucoup d’analystes comme une ultime occasion pour pouvoir réformer la plus grande institution africaine.
Au 30ème sommet de l’Union Africaine tenu en janvier 2018 à Addis-Abeba, le Chef d’Etat rwandais, Paul Kagamé, a pris la tête de l’organisation panafricaine, succédant au président Alpha Condé de la Guinée.
Il avait été chargé d’appliquer des réformes et notamment, celle de l’autofinancement de l’UA grâce à une taxe sur les importations. Ainsi, le président rwandais et son équipe, pour une meilleure efficacité, devraient donner du sens aux réformes voulues par la quasi-totalité des dirigeants africains. Cependant, au fur et à mesure que le projet avance, des résistances se sont manifestées.
Dès le départ, le projet d’autofinancement de l’UA présenté par Kagamé, inspiré de son compatriote et banquier, Donald Kabéruka et du développeur Carlos Lopes, n’est pas unanimement partagé par tous. L’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi et le Sud-africain Jacob Zuma avaient exprimé de sérieuses réserves à l’égard de la future taxe à 0,2 % sur les produits importés. Et comme pour ne rien arranger, ces deux chefs d’Etat et plusieurs autres ont été soumis aux pressions du président américain, Donald Trump, qui n’aime pas voir ses partenaires commerciaux créer de nouvelles taxes. En fin de compte, ils ne sont qu’une vingtaine de chefs d’Etat, dont l’Ivoirien Alassane Ouattara, à adopter la mesure dans leur pays.
Il est à noter que des points de friction demeurent, hélas. On remarque que les dirigeants ne sont pas parvenus à se mettre d’accord pour trancher en faveur d’une véritable réforme structurelle de l’UA. Du partage des rôles entre l’UA et les organisations sous-régionales, les dirigeants africains n’ont pu se mettre d’accord. Or, en Afrique de l’Ouest, la CEDEAO et l’UEMOA semblent beaucoup progresser sur le papier vers une véritable intégration économique et commerciale des Etats qui les composent. En revanche, ils sont désormais nombreux à comprendre la nécessité de la réduction des membres de la commission de l’UA et leur mode de sélection. De même que les Chefs d’Etat africains sont unanimes qu’il faut bien payer les cotisations sous peine d’être sanctionnés.
Gaoussou Madani Traoré