Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA se réunissent aujourd’hui et demain en sommet à Addis-Abeba pour la 28ème fois. A l’issue de ce sommet, ils devront trancher sur le choix du futur président de l’Union Africaine (UA) en remplacement de la Sud-africaine Dlamani Zuma. Mais leur point d’achoppement sera sans nul doute la réadmission du Royaume du Maroc au sein de l’Organisation panafricaine. Cela est d’autant prévisible que les pays africains sont très divisés sur les modalités de retour du Royaume Chérifien. Lequel voudrait surtout le lier à l’exclusion de la RASD de l’UA. Ce qui est extrêmement difficile, lorsque l’on sait que l’Algérie et l’Afrique du Sud, deux poids lourds de l’institution, sont des fervents défenseurs de la souveraineté de la RASD au Sahara Occidental.
Le Maroc avait choisi de quitter en 1984, l’Organisation de l’Unité Africaine (désormais devenue UA) en raison de la reconnaissance de l’Indépendance de la RASD, proclamée en 1976 après le retrait de l’Espagne du territoire, par la majorité des pays africains et son admission de facto à l’organisation panafricaine. Ce qui avait provoqué en son temps une grave scission au sein de l’OUA entre les partisans du Maroc, au nombre de 19 et ceux qui étaient pour la RASD, une grande majorité de pays africains avec en tête l’Algérie. Ce pays et l’Afrique du Sud demeurent les deux poids lourds de l’UA qui soutiennent la RASD dont ils dénoncent l’annexion par le Maroc. Dans ces conditions, comment peut-on envisager la réadmission du Royaume Chérifien dans les instances de l’UA ?
A priori, le retour du Maroc ne devrait pas poser de problème au sein de l’UA, à partir du moment où une majorité de pays africains soutiennent désormais sa réadmission. Mais faudrait-il que cela survienne sans condition préalable, telle que l’exigence de l’exclusion de la RASD ? Dans l’affirmative, cela supposerait que le Maroc acceptait de facto la souveraineté de celle-ci sur le Sahara Occidental, anciennement colonisé par l’Espagne.
Si le pays de Mohamed V se résigne à accepter cette solution, tant mieux ! Mais si jamais, il continue de persister à conditionner son retour à l’exclusion de la RASD, il devra certainement attendre longtemps. Ce, d’autant plus que parmi les partisans de celle-ci, l’Algérie et l’Afrique du Sud pèsent et même très lourd pour le fonctionnement harmonieux des institutions de l’organisation panafricaine. Ils demeurent ses gros contributeurs financiers et possèdent une influence considérable dans leurs sous-régions. Sans compter que les textes constitutifs de l’UA ne prévoient pas les conditions d’exclusion d’un Etat membre.
C’est pourquoi, on peut bien espérer que le Royaume, pour un départ, ne poserait pas de conditions préalables. Les nombreuses offensives diplomatiques de son Roi sur le continent et son déplacement au siège de l’UA à Addis-Abeba en prélude au sommet, en disent long sur les intentions marocaines. Des intentions, notamment attestées par la ratification, ces derniers jours, par le Parlement marocain de l’Acte constitutif de l’UA, qui indiquent clairement que le royaume tient à sa réadmission. Surtout qu’étant conscient que son pays occupe le rang de deuxième investisseur sur le continent, le Roi Mohamed VI ne voudrait plus rester en marge des Institutions et des dossiers africains. Notamment économiques !
Gaoussou Madani Traoré