La 469e session du conseil de paix et sécurité de l’Union africaine s’est tenue vendredi dernier à Addis-Abeba en Ethiopie. Les pourparlers inter-maliens d’Alger étaient au centre des débats avec la présentation du rapport de la présidente de la commission sur le processus de paix en cours dans notre pays. Le Mali était valablement représenté à cette réunion par Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale.
C’est un rapport détaillé de huit pages que la commission de l’UA a présenté. Le document revient de long en large sur la crise malienne et les négociations d’Alger qui ont duré huit mois. Pour le haut représentant de l’U.A au Mali et au Sahel, le projet d’accord paraphé le 1er mars (par le gouvernement du Mali, la plate-forme la médiation ainsi que les partenaires), est un accord «équilibré» qui «offre une opportunité de paix pour trouver une solution négociée et consensuelle à la crise malienne». Cependant dans le «respect de la souveraineté, de l’unité, de l’intégrité territoriale et du caractère laïc de la République du Mali ». La commission de l’Union africaine a exhorté la coordination des mouvements armés à parapher le projet d’accord, condition indispensable pour s’inscrire dans une dynamique de paix et dans l’intérêt supérieur des populations du nord.
Le ministre malien des Affaires étrangères a salué la qualité du rapport présenté. Il a par la même occasion demandé à la commission de faire siennes les conclusions et recommandations de ce document. Toutefois, le chef de la diplomatie malienne n’a pas fait dans la dentelle. Abdoulaye Diop a demandé au conseil de prendre ses responsabilités et de demander à la coordination des mouvements armés de parapher dans le plus bref délai l’accord d’Alger. «Le jeu de bal masqué doit cesser et chacun doit désormais être mis devant ses responsabilités et en assumer les conséquences», a martelé le ministre Diop. Le ministre a rappelé qu’en s’engageant dans les négociations d’Alger, les mouvements de la coordination sont tenus par des règles qu’ils doivent impérativement respecter. Selon le chef de la délégation malienne aux pourparlers d’Alger, «le temps n’est pas avec nous et le statu quo actuel nous expose à la recrudescence de la violence dont personne ne peut prédire l’issue. Et le diplomate malien d’ajouter que «cette situation favorise les groupes terroristes et narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du nord du Mali et de toute la région du Sahel, voire au-delà». Pour Abdoulaye Diop, le refus de la CMA de parapher le document d’Alger est une défiance à l’égard de la communauté internationale. C’est pourquoi il a demandé au conseil d’exercer les pressions nécessaires afin d’amener les mouvements non-signataires à parapher le document rapidement, en vue de sa signature courant avril 2015.
Sans effet du côté des mouvements armés
Ce rapport et ces nombreux appels n’ont, semble-t-il, pas fait d’effet chez la CMA. Aussitôt après la clôture de la session, un membre de la Coordination a fait une publication en réponse au ministre malien. Dans cette publication, les mouvements rebelles accusent le ministre «d’entretenir la confusion comme ce fut toujours le cas, autour de la crise du nord du Mali». À l’en croire, Abdoulaye Diop a essayé de dissimuler les véritables causes de la crise du nord derrière l’insécurité qui règne dans cette partie du pays.
Le représentant de la Coordination a aussi ajouté que le blocage actuel ne vient pas de leur côté, mais plutôt de la volonté de la communauté internationale de leur forcer la main à signer un accord qui ne prend pas en compte toutes leurs aspirations. Selon lui, la Coordination, qui a demandé des amendements à ce document, n’a toujours pas reçu une réponse claire de la médiation qui lui a fait savoir que ces points seront pris en compte lors des étapes suivantes du processus.
À croire que la médiation au lieu de résoudre le problème posé, elle est en train d’en rajouter. Quand elle promet à la CMA de prendre en compte ses préoccupations dans les prochaines étapes du processus. Or, l’étape après la signature d’un accord est sa mise en œuvre ; ce qui est encore plus complexe.
SORO