Les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays d’Afrique ont tenu la dix septième Session ordinaire du Sommet de l’Union Africaine, du 30 juin au 1er juillet. Ce sommet qui s’est tenu à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale, avait pour thème principale «l’accélération de l’autonomisation des jeunes pour un développement durable». Un thème sur lequel, Amadou Toumani Touré, président de la République du Mali, a fait un brillant exposé. Mais, au-delà du thème principal, la question de la situation en Libye a dominé la rencontre. La position de l’UA a été clairement exprimée.
Les convois officiels filaient à toute allure sur l’autoroute, direction Sipopo, une ville nouvellement bâtie entre forêt et océan, de toutes pièces à une trentaine de kilomètres de la capitale. Les plus curieux auront peut-être remarqué que la photo du Colonel Kadhafi est encore accrochée sur les lampadaires qui éclairent cette autoroute à six voies. Selon des sources diplomatiques, plus de 750 millions de dollars ont été investis dans la construction d’autoroutes, d’hôtels luxueux et complexes résidentiels. Les orateurs à la cérémonie d’ouverture étaient Jean Ping, président de la Commission de l’Union Africaine; Asha Rose Migiro, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies; Ahmed Ben Helf, Secrétaire général adjoint de la Ligue Arabe; Lula Da Silva, ancien président du Brésil et envoyé spécial de la présidente du Brésil et Teodoro Obiang Nguema, président de la République de la Guinée Equatoriale et président de l’Union Africaine.
Dans son allocution d’ouverture, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, s’est félicité du chemin parcouru par l’Union Africaine, même si beaucoup reste encore à faire. Il a aussi encouragé le NEPAD (qui a dix ans d’existence) à explorer davantage les voies afin de doter le continent de moyens solides pour le développement. Quant à Jean Ping, il a plutôt axé son allocution sur la crise libyenne. «C’est indiscutablement sur cette crise (libyenne) que vos délibérations sont attendues», a-t-il déclaré. Il a insisté en affirmant que l’Union Africaine doit «avoir à l’esprit les souffrances endurées par les populations libyennes du fait de la poursuite des affrontements armés et des opérations». Il a ensuite plaidé pour la feuille de route de l’UA, que les cinq présidents médiateurs (Afrique du Sud, Congo, Mali, Ouganda, Mauritanie) ont adopté mercredi en ce qui concerne les propositions pour une «solution politique».
Après la cérémonie d’ouverture officielle, les chefs d’Etat et de Gouvernement et d’autres éminentes personnalités ont entamé les discussions sur le thème du Sommet: «Accélérer l’autonomisation des jeunes pour un développement durable». Les orateurs sur le thème étaient : le Professeur Jean-Pierre Ezin, Commissaire pour les ressources humaines, la science et la technologie de l’UA; Meles Zenawi, Premier Ministre de la République Fédérale d’Ethiopie; Amadou Toumani Touré, président du Mali; Armando Emilio Guebuza, président du Mozambique; Professeur Babatunde Osotimehin, Directeur du Fonds des Nations Unies pour la Population; Dr Frannie Leauthier, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique et les représentants des jeunes des régions de l’Afrique centrale et de l’Afrique du Nord.
Dans son intervention, ATT a estimé que le plan d’action concernant la jeunesse traduit parfaitement la prise de conscience des dirigeants africains face à l’inquiétude des jeunes. «Nous devons conduire cette réflexion et adhérer à l’idée de la création du Corps des jeunes Volontaires Africains», a-t-il ajouté.
C’est après une longue série de concertations à huis clos qu’au deuxième jour du Sommet, la déclaration finale a été lue par le président équato-guinéen. Il est à noter que ce Sommet, dans sa résolution par rapport à la crise libyenne a décidé «que les Etats membres ne coopéreront pas à l’exécution du mandat d’arrêt contre le colonel Kadhafi et demande au Conseil de sécurité de mettre en œuvre les dispositions en vue d’annuler le processus de la CPI sur la Libye». Il a aussi déclarée que l’Afrique est plus que jamais engagée dans le développement durable de la jeunesse, une jeunesse qui représentent 64% de la population du continent et sur qui repose sur toutes les espoirs.
Clôturé aux environs de 19 heures, ce 17ème Sommet de l’Union Africaine a été suivi de la traditionnelle conférence de presse. Il est important de rappeler que ce Sommet a enregistré la présence de plusieurs invités de marque dont Lula da Sylva du Brésil, Jerry Rawlings du Ghana, Thabo Beki de l’Afrique du Sud, entre autres. Ces anciens Chefs d’Etat étaient venus témoigner, une fois de plus, leur disponibilité quant à la réussite de l’Afrique.
Dans les coulisses du Sommet
L’absence de Kadhafi avec son look et sa prestance hors du commun a marqué le Sommet. Maître Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal, était l’autre grand absent de ce Sommet pour des raisons de troubles dans le pays. Il a été représenté par son Premier Ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye. Alassane Dramane Ouattara a été reçu par son homologue Blaise Compaoré sur les lieux. Satisfait de sa rencontre avec le président burkinabé, Alassane Ouattara le qualifie d’«ami parmi les amis de la Côte d’Ivoire».
A la veille du Sommet, le président Obiang qui était, il y a quelques années, le mal-aimé de la région, a personnellement accueilli tous ses homologues africains. L’organisation dudit Sommet a été, si l’on peut se le permettre, irréprochable. Et force est de reconnaître que dans ce pays régulièrement critiqué par les ONG pour ses multiples atteintes aux droits de l’homme, les vieilles habitudes demeurent. Les ressortissants maliens dénoncent encore, à qui veut l’entendre, la répression et la xénophobie ambiante qui se traduit régulièrement par des vagues d’expulsion. D’après certaines sources, plusieurs dizaines d’étudiants et d’opposants ont été arrêtés à titre préventif avant le Sommet.
Rokia DIABATE
Envoyé spéciale à Malabo